Sujet: Ancestral Call [ft. Taranis] Dim 8 Mai - 18:20
The return of the prodigal son
Ancestral Call
ft. Taranis & Héraclès
Malgré la petitesse de l'île, Héraclès ne voyait pas sa mère tous les jours non plus. En réalité, ils s'étaient relativement peu vus depuis leur arrivée à Ellan Vannin... Surtout du point de vu du Kith. On prétendait qu'il aimait beaucoup trop sa mère... et c'était probablement vrai, mais il n'en tirait aucune honte. Si certains Feys finissaient par détester leurs parents, ce n'était pas le cas de Nuallan. Pas son cas pour au moins un des deux ; et le second était de toute façon mort depuis bien des siècles. S'il avait paradé un temps avec la dépouille de son père, ce n'était que pour montrer à tous qu'il était le nouveau roi des Lions. Contrairement à ce que les Grecs avaient fait de lui, il n'avait pas poussé le vice jusqu'à porter la peau paternelle sur épaules en guise de cape au cours de ses périples... Mais peut-être que de rares poètes avaient pu apercevoir une brève image de son apparence féérique sans Glamour, et que c'était la seule explication qu'ils avaient trouvée à son air quelque peu surnaturel. Quoi qu'il en fût, sa légende l'avait longtemps précédé où qu'il décidât de se rendre parmi les humains... et cela lui plaisait plutôt grandement.
Chez les Feys, tout le monde savait qu'il était le rejeton de Taranis. Zeus. Ancienne déesse. Toujours maitresse de nombreuses âmes... et de peut-être trop nombreux cœurs et corps au goût de son fils. Mais s'il avait pu mettre fin aux jours de son père, la chose était plus ardue aujourd'hui. Et tout le monde savait que ce paternel n'était pas un Sidhe. Pas un Sidhe, qui lui avait refusé une première fois un trône qui lui revenait, et, qui par ses gènes lui avait longtemps refusé sa place dans la cour Seelie. Héraclès leva les yeux vers les arbres magnifiques du domaine Eiluned où résidait sa mère. Radicalement opposé au domaine Dougal, il fallait aller chercher du côté de chez les humains ou les Unseelies et les Vampires pour trouver quelque chose qui serait encore plus diamétralement différent. Chaque domaine avait un attrait à ses yeux et celui-ci semblait l'apaiser. Il était aussi celui qui faisait barrière entre le Sithin et le territoire des Sluaghs... Des bestioles sur lesquelles le Lion aimait bien taper. Le domaine Dougal, où il habitait depuis son arrivée sur l'île lui correspondait bien dans ses airs de caserne. Quant au domaine Fiona, c'était probablement plus amusant pour lui et il aimait s'y rendre pour profiter des joyeusetés de cette maison noble. Mais Eiluned avait l'avantage d'être le lieu de résidence de sa mère. Même s'il risquait de croiser quelques regards mécontents de la part des Seelies pure souche, il les saluerait comme il se doit tout en restant fier. Il avait été bien élevé. Il approcha donc de la maison de sa mère, portée par un arbre aux formes complexes qui lui rappelaient presque la foudre qu'elle savait déchainer à la manière de personne d'autre. Un sourire s'esquissa sur son visage et il effaça la distance qui le séparait de l'entrée par de grandes enjambées.
La main levée, Nuallan hésita cependant un instant. Frapper ou entrer comme s'il était chez lui ? Taranis lui aurait sûrement dit qu'il était chez lui, mais il n'avait pas envie d'ouvrir la porte pour se retrouver nez à nez avec quelque chose qui aurait pu lui déplaire. Il savait que les hommes se multipliaient dans les draps de sa mère, et même s'ils avaient prévu de se voir... Non. Il avait tout droit de rentrer. Et s'il tombait mal, un éclair bien placé le ferait voler hors de la pièce pour glisser en un violent dérapage dans la pelouse. Le Kith posa donc la main sur la poignée de la porte et poussa pour ouvrir. « Mère ? » Etait-il en avance ? Cela était peu probable car ce n'était pas exactement ses habitudes... mais ça pouvait arriver. Il n'avait pas regardé l'heure... et peut-être que son impatience lui avait joué des tours. Héraclès entra cependant, déposant la grande bouteille d'hydromel qu'il avait apporté sur un petit meuble non loin de l'entrée. Laissant la porte se refermer derrière lui, il fit quelques pas dans la demeure et se dirigea vers la première porte à sa portée. Peut-être Taranis était-elle là, à se préparer. S'il n'avait pas l'intention consciente de la surprendre en petite tenue, il voulait s'assurer qu'elle soit bien là, si jamais il était en avance.
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Saíréann J. Mac Cárthaigh
Sujet: Re: Ancestral Call [ft. Taranis] Mar 17 Mai - 17:42
Young Lion
Pour les Romains, Maius, le mois de mai, était la période de la fécondité. Ce peuple antique de la péninsule italienne s’était inspiré de nos coutumes celtes et feys et placé ce moi printanier sous les mêmes hospices que nous. C’était un de ces jours où j’avais marché le long du Sithin Seelie, observant ses contours et son architecture féériques avec le même émerveillement que lors de son édification. Le soleil brillait toujours sur le Sithin, mais celui du mois de mai était déjà cruel et il frappait de ses traits aussi bien le verre du bâtiment que les feys qui le gardaient. Il était possible que ses murs, ressuscité depuis seulement quelques mois, observaient déjà les luxures du « peuple des collines ». Dagda avait-il déjà choisi ses maitresses ? Des gardes avaient-ils déjà abandonné leur poste pour aller forniquer derrière une tapisserie de fils doré ? Si c’était le cas, je ne manquerais pas de les punir. Je prenais mon rôle à cœur et organisais tous les jours la protection de notre immense tour blanche de lumière. Je me prêtais à cette tache tous les jours ne rentrant le plus souvent au Domaine Eiluned que la nuit venue.
Je laissais donc ma maison aux bons soins de mes servants humains et de ma dame de compagnie : Scriosadh, belle et frêle fey aux cheveux bruns. Ils lui obéissaient tous aux doigts et à l’œil. Aussi, ne m’était elle jamais les mains dans le cambouis. Amoureuse des beaux tissus, elle passait ses journées à me confectionner les plus beaux atours ; des robes couleur de lune ou couleur de temps. Elle s’évertuait toujours à me confectionner de nouvelle coiffure laissant bien souvent sa propre toison de la couleur des havanes, flotter librement sur ses épaules chétives. Scriosadh n’était pas noble, mais en tant que dame de compagnie elle avait toute sa place à mes côtés dans ce domaine. En rentrant tout était donc déjà prêt pour recevoir mon glorieux rejeton pour le diner. Les mets les plus raffinés embaumés la cuisine. Des coupes de fruits avaient été posées çà et là, afin de laisser les convives – ou plutôt le convive - grignoter quelques raisins ou quelques fraises si l’envie lui prenait.
La demeure était à mon image. De l’extérieur, elle était presque semblable aux autres. Perchés dans la cime des plus nobles arbres, les troncs semblaient avoir été sculptés par la main des feys afin de ressembler à des colonnes corinthiennes. Elles étaient à l’image de celle de l’Olympieion, le temple de Zeus olympien à Athènes. On pouvait encore observer la magnificence passée du temple édifié en mon honneur grâce à seulement treize petites colonnes ronger par les âges. À cette période, les hommes pouvaient faire des choses tellement belles… Je devais même avouer que si je devais faire un choix entre contempler les temples grecs et le Sithin Seelie tout le restant de ma vie, j’aurais choisi le bâtiment de marbre et de pierre. Les deux constructions n’étaient pas comparables, mais l’une célébrait ma majesté, ma célérité alors que le Sithin était érigé pour quelqu’un d’autre que moi.
Les arbres qui soutenaient ma demeure étaient aussi sveltes et élégants que les piliers antiques ; les proportions des chapiteaux, composées de réelles feuilles, non d’acanthes ni de laurier ou d’olivier, mais d’essences locales, étaient parfaitement galbées. Mon nouvel Olympe était certes plus petit, moins glorieux, moins éblouissant, mais j’étais bien contente de retrouver un foyer où je me sentais en sécurité après la guerre contre les humaines et les Unseelies. J’y étais surtout heureuse de pouvoir y convier ma progéniture sans risquer des regards indiscrets.
Je donnais mes derniers ordres et me retirais dans mes appartements. Il ne me restait plus qu’à m’apprêter. L’hôtesse se devait toujours de faire honneur à ses convives en leur offrant sa plus belle tenue. J’étais dans la salle de bain, trempant tranquillement dans le bain bouillant et parfumé que Scriosadh m’avait préparé à mon retour du Sithin. Je fermais les yeux et repassais me remémorer ma journée afin d’effectuer une liste de tâche dans ma tête pour le lendemain. Soudain, j’entendis un cri d’effroi féminin. Qui oser pénétrer dans ma demeure sans y être invité ? Avec le territoire de Sluagh non loin et le désastre du couronnement, je m’attendais à tout. Je sautais de la baignoire et saisissais au passage Spéir Deargach qui reposait sur une sorte d’autel en leur hommage. Le Gladio celte n’avait plus de pouvoir, mais son acier féérique pouvait encore trancher quelques membres. Tous les humains amassés dans un coin regardaient dans la direction de la chambre de Scriosadh. Voir leur maitresse arrivée entièrement nue les sortit de leur observation de la scène et le plongea dans la contemplation de ma nudité féérique. Tous malades à en mourir d’elfitude, on aurait dit qu’ils allaient défaillir d’une seconde à l’autre. Je ne leur portais aucune attention et m’avançais pour voir ce qui se passait. Je reconnus directement la haute silhouette de mon premier-né dans l’encadrement de la porte de la chambre de ma dame de compagnie. Elle devait se préparer avant de venir faire ma propre toilette et elle avait de l’être surpris par le Kith.
« Ne t’ai-je pas assez bien élevé !? Explique-toi, immédiatement ! » commençais-je à pester. Je levais le gladio celte et le pointais dans sa direction, l’air menaçant. Mon autre main vint se poser sur mes hanches dévêtues : la posture d’une mère qui gronde son fils, mais dans une tenue inhabituelle. De plus, l’enfant était aujourd’hui adulte, plus grand et plus volumineux que sa génitrice et qu’il avait trois mille ans et des poussières... «Ne sais-tu donc pas qu’on ne pénètre pas dans la chambre d’une demoiselle sans frapper et sans y avoir été invité ! » tempêtais-je. Je n’allais certainement pas laisser passer cette grossièreté de mon mouflet adoré. « Si tu as des vus sur Scriosadh, fais-lui la cour convenablement et ne la surprends pas dans le plus simple appareil ! »
Un humain qui voulait bien faire arriva avec un peignoir aussi blanc et soyeux qu’un nuage et tenta de m’envelopper histoire de cacher ma nudité, mais d’un revers de main je le repoussais avec agacement. Il chancela en arrière puis se cassa le dos en deux afin de faire une révérence d’excuse. La colère faisait briller mes yeux d’une lueur intense, je le savais, car je pouvais voir du coin de l’œil que les domestiques fixaient à présent plus le haut de mon visage que le reste de mon corps.
KITH SEELIE∭ born to be wild.
Nuallán D. Mac Cárthaigh
Sujet: Re: Ancestral Call [ft. Taranis] Dim 29 Mai - 18:38
The return of the prodigal son
Ancestral Call
ft. Taranis & Héraclès
La porte s'était ouverte en silence sur une petite pièce qui n'était certainement pas la chambre de sa mère. Non, Nuallan savait bien que le quartier privé qui abritait les couches de sa divine mère devait être bien plus grand, peut-être la pièce la plus grande de la maison. Quelqu'un s'avança cependant, arrivant par la gauche du Kith qui était alors dissimulé par la porte au nouvel arrivant. Celui-ci, ou celle-ci, était une frêle Fey à la taille fine et aux courbes gracieuses qui ne manquèrent pas d'attirer le regard du Lion. Sa mère savait s'entourer de personnes séduisantes aussi bien que talentueuses. La servante n'était pas noble, évidemment, et Héraclès n'aurait sûrement eu aucun scrupule à la porter jusqu'à la petite commode de l'autre côté de la pièce pour faire toutes sortes de choses qu'il aimait faire aux femmes... si seulement il n'avait pas été dans la maison de Taranis. Jamais, ô grand jamais, elle ne le laisserait s'en sortir si jamais il faisait une telle chose.
La Fey ne l'avait pas encore vu, la tête penchée sur le côté, elle tressait ses longs cheveux bruns aux reflets presque dorés en les agrémentant d'un ruban aux couleurs chatoyantes. Enfin, elle avisa la porte ouverte et la carrure du Kith qui l'observait, les yeux brillants comme il était de coutume chez lui, ses émotions toujours à fleur de peau. Elle poussa un cri de surprise mêlée d'effroi tout en sursautant, ses mèches voletant un instant et ses seins libérés de tout vêtement rebondissant légèrement en suivant le mouvement. Ô qu'il aurait pu lui faire des choses à celle-ci. D'un geste rapide, bien que les Fey ne fussent pas réputés pour leur pudeur, la suivante récupéra le tissu de sa tunique qui pendait sur ses hanches et le fit remonter pour couvrir sa poitrine avant de le nouer derrière sa nuque. Le vert émeraude évanescent de l'étoffe était légèrement transparent, et n'empêchait en rien l'esprit du Lion de vagabonder vers les joies qu'il aurait prises avec la brune s'ils avaient été à un autre endroit. Un léger sourire, mutin, se dessina au coin des lèvres du héros grec, et il allait s'avancer quand il entendit des pas précipités dans son dos. Sa mère était donc bien à son domicile. Héraclès reconnaitrait ses enjambées même s'il était âgé du double des millénaires qu'il avait déjà.
La voix de Zeus, presque tonnante dans la maison se fit rapidement entendre et Nuallan se retourna pour découvrir sa mère entièrement nue, ses longs cheveux de Sidhe humides comme le reste de son corps, son gladio tendu à bout de bras vers le haut de son torse. Son poing libre vint se poser sur sa hanche à la courbure parfaite et le Lion dut se retenir de sourire davantage. Evidemment, il ne se sentait même pas coupable de ce dont elle l'accusait, mais s'il avait eu l'idée de se défendre, il aurait sûrement dit qu'il ne savait pas qu'il s'agissait de la chambre de sa dame de compagnie. « Bonjour mère, je suis heureux de te voir » fit-il simplement, toujours souriant, ignorant les diatribes de ses gronderies. Il se tourna à demi vers l'autre Fey qui n'avait toujours pas bougé, sûrement encore un peu sous le choc. Il était habitué à recevoir ce genre de réaction de la part de la gent féminine et lui envoya un clin d'oeil à la suite du dernier commentaire de la maitresse de maison. Lui faire la cour, peut-être pas, mais si la brune n'était pas contre quelques heures de bon temps, il se glisserait volontiers entre ses cuisses. Avantage de n'être pas complètement Sidhe lui-même, il pouvait se permettre quelques écarts de conduite, même si une amante noble était évidemment un meilleur parti. Il se tourna finalement de nouveau vers sa mère et glissa ses doigts le long du gladio pour l'écarter légèrement alors qu'il pointait toujours vers son torse. « Que ne donnerais-je pas pour te voir affronter des Sluaghs à ta porte dans cette tenue, dit-il finalement avec un sourire qui aurait presque pu receler une pointe d'excuse. Je ne me pensais pas en avance, mais ce n'est pas tous les jours que l'on peut se venter de manger en aussi bonne compagnie. Je vais attendre dans le salon. » Il contourna donc sa mère, lui déposant un baiser rapide sur la tempe avant de pousser un humain béat et de jeter un dernier coup d'oeil à Scriosadh qui se reprenait doucement. Ce moment promettait grandement. Il aimait les rebondissements.
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Mon magnifique rejeton me salua sans faire pénitence. Il était bien le fils de sa mère. Le mien. Il arborait cette fierté caractéristique de notre lignée qui brillait dans ses yeux. Ho ! Il n’était pas Sidhe, mais la vanité dont il faisait preuve à cet instant, démontrait bien que dans chaque molécule, chaque particule de son corps avait été imprégnée du sang le plus noble.
J’étais partagée par deux sentiments bien distincts. D’abord, la colère. Celle-là ne me quittait que rarement. Il n’y avait pas eu une journée de mon existence sans que le courroux ne m’ait enlacée pour faire de moi son bras armé. J’étais une personne irascible, même durant ma tendre enfance. D’où venait cette ire primaire ? J’avais bien ma petite idée. Nuallan était aussi colérique que moi. Les chiens faisaient rarement des chats et cela allait également pour moi. Le second sentiment qui me traversait face à sa fanfaronnade était la fierté. Je l’aurais certainement renié s’il s’était mis à genoux pour implorer mon pardon. Même enfant, alors qu’il n’était qu’un petit bout de fey, un lionceau et qu’il n’avait pas encore toute cette beauté sauvage et masculine, il s’était enveloppé d’une cape de supériorité et de suffisance. N’était-il pas le fils de Zeus ? Les humains pouvaient bien raconter tout ce qu’ils voulaient. Lui savait qu’il était le premier né d’une femme qui avait gouverné la Méditerranée depuis le toit de la Grèce pendant des siècles. Et après ça, il savait que sa mère avait même réussi à gagne l’Empire romain. Ceux-là avaient propagé son culte dans son ancienne Gaule chéri. Taranis devint Jupiter. Jupiter n’était autre que Taranis. La boucle avait été bouclée. Il était aussi le fils d’un roi Kith. Il se savait prince. Grandir de cette manière pour ensuite s’entendre dire qu’on n’était pas assez noble avait certainement dû engendrer des sentiments que je ne pouvais imaginer. C’était un sentiment qui ne m’était pas familier et que je ne connaitrais jamais. J’étais Sidhe, née de deux nobles Sidhes et ma condition ne changera en aucun temps. Bien sûr, nombre d’entre nous avaient eu des moments de décadence, mais nous savions rester égaux à nous même. Alors, même s’il n’était pas le plus pur de mes rejetons, il avait été celui qui respecter le mieux notre sang.
Trêve de rêvasserie de crânerie intérieure, j’avais un enfant à gronder.
Le Kith s’avança vers moi. Je le défiais de mes prunelles tricolores. Tu veux jouer mon fils ? Rapproche-toi donc encore un peu. Ce qu’il fit. L’insolent glissa ses doigts le long de ma lame et l’écarta de sa poitrine, loin de son cœur que j’aurai pu transpercer en m’avançant brusquement. Spéir Deargach ne savait plus tonner comme à l’époque, mais il savait toujours réduire la chaire en charpie. Son outrecuidance lui brulait la langue, il fallait qu’il la libère d’une manière ou d’une autre. Sa remarque me tira un sourire mi amusé, mi-courroucé. Je crus voir s’accrocher quelques onces d’excuses à son sourire de félidé, mais ce n’était qu’une illusion. Je connaissais ce sourire mieux que personne. C’était le mien. Après tout, parents et enfants ne se ressemblaient pas seulement par le physique. On pouvait parfois retrouver des liens de famille à travers un caractère, une attitude, des mimiques faciales. Il se justifia enfin, du moins en partit, et flatta mon ego au passage. Il déposa un baiser tendre sur ma tempe. Il était un des rares à pouvoir exécuter ce genre de geste sans se dresser sur la pointe des pieds. Au contraire, il lui fallait se pencher pour arriver à ses fins.
Je lui barrais la route de mon gladio. Je l’avais décidé, il ne s’en sortirait pas si facilement. Je m’étais affiché nue devant toutes ma maisonnée. Pour qui me prendrait-on si je ne châtiais pas l’intrus qui osait pénétrer ma demeure ? Qu’elle serait ma réputation ? « Ho, mon bel enfant ! J’ai toujours salué ton intrépidité face à ta colérique de mère. Certains enfançons qui ont déjà dégusté les amères punitions d’un parent ne les recherchent plus pendant longtemps. Ta sœur a goûté au courroux une fois et on ne l’y a plus jamais reprise. Même ton frère a su faire amende honorable. Toi, mon cher Nuallan, tu es bien le seul qui marche la tête haute, plein de triomphalisme même quand tu es informé que ta sentence se trouve au bout du couloir. » Ma main s’abattit sur sa joue. Aussi rapide que l’électricité qui parcourt un circuit. La gifle tonna, telle la foudre qui fend les lourds nuages gris de l’orage. Les humains autour de nous portèrent leurs mains à leur bouche. Ils n’avaient jamais une torgnole de cette ampleur. Ils étaient abasourdis, choqués et en même temps admiratifs. Qu’elles seraient leurs réactions s’ils voyaient Nuallan utilisait sa force brute ? Je savais que trop que celui qui venait de se faire tuméfier le visage pouvait briser des os sans le moindre effort. Mon fils : si beau, si puissant, si violent… Mais dans tous les cas, il restait l’enfant et moi la mère.
Je posais ensuite mon index sous son menton et le fixais dans les yeux interrogeant avec mon regard ses pensées le plus profondes. Quel type de réflexion était-il en train de mener ?
«Maintenant que les choses sont réglées…» Je me dressais sur la pointe des pieds pour atteindre sa joue rougie par la gifle. Le sang qui y avait afflué la rendit brûlante. J’y déposais un doux baisé, geste que ferait une mère pour guérir sa progéniture par magie. «Je suis aussi heureuse de te voir. Je sais ce que je vais bien pouvoir t’offrir pour ton anniversaire maintenant. Au bout de trois mille années et des poussières, une mère ne sait plus très bien comment faire plaisir à son enfant. Il semble cependant qu’une simple montre pourrait t’être utile et t’empêcherait de te retrouver dans des situations à risque. » Dis-je avec un sourire effronté aux lèvres. Mes yeux pétillaient toujours de mon éclat de ma folle colère. « Je te laisse t’installer au salon. Sers-toi un verre. Grignote, mais ne te goinfre pas. Je finis de me préparer et je te rejoins. Je vais prendre du temps. » Je tournais le talon et me redirigeais vers mes appartements. Le personnel humain me regardait toujours les yeux larmoyants d’elfitude. Je lançais dans les airs : « Le stress est le fardeau des retardataires, l’expectation celui des individus trop ponctuels ».
Pourquoi s'excuser ? Il ne lui semblait pas avoir fait quelque chose de mal. La pudeur n'était pas courante chez les Feys... et quand bien même, il n'allait pas ramper devant une femelle au sang moins pur. Quant à ramper devant sa mère... non plus. Certainement pas pour une telle chose. Même lorsqu'il avait combattu son frère, il ne s'était pas mis à genoux pour implorer le pardon de sa mère. Cela lui avait valu cher, mais il n'avait pas pour autant perdu sa fierté. Par ailleurs, il était bien certain que Zeus n'aurait pas voulu d'une mauviette comme fils, quitte à devoir le foudroyer plus qu'à son compte. Il n'était peut-être pas Sidhe, mais il avait toujours agi comme s'il en avait été un. Son éducation n'était plus à refaire. Et on en attendait certainement pas moins de lui. Le Kith savait que même si sa mère était en colère contre lui, elle ne pouvait pas s'empêcher de l'aimer et d'être fière de lui. Evidemment, ils se comprenaient, ils étaient si semblables tous les deux. Et il l'aimait autant qu'il était fier d'elle. Sauf quand elle multipliait les conquêtes dans son lit. Mais là encore, ils étaient identiques. Le Lion savait qu'elle n'était pas dupe et que lui-même ne s'en sortirait pas aussi facilement, mais c'était tout le goût de ce petit jeu entre eux qui durait depuis si longtemps. Mais il adorait les jeux. Et ce n'était sûrement pas seulement lié à son côté félin. Et comme il s'y attendait, le métal de son gladio claqua sur son torse pour le retenir. Il retint un sourire en se tournant à nouveau vers sa mère merveilleusement nue au milieu du couloir. Après une nouvelle tirade, c'est la claque qui partit aussi vite que la foudre, résonnant longtemps dans la maison, apeurant les humains toujours rassemblés autour d'eux mais dont Héraclès se fichait bien. Sa peau se teinta de rouge et il remua la mâchoire. Ses yeux étincelèrent un instant, mais il savait mieux que se battre contre sa mère. Surtout chez elle. Si n'importe qu'elle autre femme avait eu le toupet de le frapper de la sorte, il ne se serait pas gêné pour répliquer, mais cette fois-ci, il se contenta de serrer les dents alors qu'elle glissait un doigt sous son menton.
Il la laissa l'embrasser puis répondit à son discours. « Je risquerais de la casser, si tu m'offrais une montre, mère. Les bagarreurs ne sont pas rares sur l'île, et je ne peux pas les laisser passer sans une correction. » Nuallan retrouva finalement son sourire. « Et tu imagines bien que si à cause d'eux j'en venais à avoir une montre offerte par toi cassée, il ne resterait plus grand-chose d'eux. » Le Kith allait se remettre en route vers le salon, mais ajouta encore : « Tu sais bien, mère, que les situations à risques et moi, c'est une union de longue date ! »
Mais, docile pour le moment, il alla s'installer sur un canapé moelleux et confortable qui ornait l'intérieur de la maisonnée maternelle. D'un geste vers un humain, il lui ordonna de lui servir un verre et de quoi grignoter pour patienter. Jamais il ne comprendrait tout ce temps que prenaient les femmes pour se préparer. Qui plus est sa mère, à l'instant, alors qu'elle avait simplement un repas à prendre avec lui. Elle s'y serait présentée nue, que ça ne l'aurait pas dérangé. Héraclès retira ses chaussures et s'affala donc sur le canapé, les jambes étendues en attendant que l'humain se dépêche un peu. Eh, il ne manquerait plus que Scriosadh se pointe. Ca le ferait presque rire, parce qu'elle serait probablement toute gênée de devoir lui parler. Mais bon, oh, il n'avait rien vu !
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Spoiler:
Désoléééée du temps et de la médiocrité... j'ai trop chaaauud
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Ho ! Mon magnifique enfant. Une pointe de fierté remua mes entrailles lorsqu’un éclair déchira ses iris dorés. J’y voyais mon propre reflet et rien ne pouvait plus me ravir. Qu’avait-elle dit déjà ? Oui. Je me souvenais maintenant. J’aimais mes rejetons parce qu’ils étaient une extension de moi-même. Il en valait de même pour Essus, puisqu’elle était ma sœur jumelle et que ce lien nous unissait à chaque moment de notre existence. Je classais les gens dans mon entourage en deux entités. Les êtres parfaits et les êtres imparfaits. Avais-je toujours été de la sorte ? Non. Tout ça a pris forme quand j’étais sur l’Olympe. Peu importe ce qu’elle disait finalement … J’aimais mon fils, car bien sûr il était le mien, mais aussi parce qu’il se détournait peu du droit chemin. En tout cas, lorsqu’il ne s’agissait pas des demoiselles… Après tout, les chiens ne faisaient pas des chats. J’avais moi-même un sale penchant pour l’autre sexe, et ça se finissait rarement bien.
La réflexion sur son côté bagarreur me tira de nouveau un sourire. Oui. Vraiment. C’était mon portrait craché. Je caressais encore un peu sa joue. « Cesse de dire des sornettes ! Va, mon enfant. » proférais-je, en me détournant alors de lui, mais en m’éloignant d’un pas léger. Je lançais dans les airs d’une voix forte en agitant la main vers le ciel presque de façon dramatique : « Scriosadh, ma chère, vient donc me préparer quand tu as terminé de t’habiller et évites le salon si tu ne veux pas croiser le lion. »
Je me retrempais dans mon bain… Il n’était plus chaud. Je soupirais. Les enfants… Même après trois millénaires, il arrivait encore à vous priver des petits plaisirs de la vie quotidienne. Scriosadh pénétra alors dans la pièce sur la pointe des pieds. Elle avait fait vite. Vêtue d’une de ses créations les plus sobres, elle s’avança vers la baignoire et s’agenouilla pour être à mon niveau. « Excusez-moi, maîtresse. Je… » Je posais mon index sur ses pâles et fines lèvres. Il m’arrivait de penser que ce simple geste aurait pu casser la Sinistre en deux. « Chut. Tu n’y es pour rien. » Les yeux de la délicate fey papillonnèrent. J’enlevais mon doigt pour l’autoriser à parler. « Je n’aurais pas dû crier… » Articula-t-elle doucement. « Cela vous a sorti de votre bain. Il doit être froid maintenant. » Je me relevais et laissais l’eau couler sur ma peau. « C’est vrai. Il est froid, mais si tu dis que c’est encore de ta faute Scriosadh, je te punirais en conséquence. » La Sinistre baissa la tête, confuse, elle alla rapidement attraper un peignoir aussi doux qu'’un nuage pour me couvrir. Elle noua le cordon autour de mes reins et aller reculer quand je posais ma main sur son épaule. « Allons, mon enfant. Tu sais bien que je ne t’en veux pas. » Mes lèvres dessinèrent un sourire. J’avais élevé cette fey, et même si elle n’était pas ma propre fille, je tenais à elle. Elle était une créature complaisante et créative. Bien sûr, elle n’était pas pure pour un sou. Elle était Sinistre jusqu’au bout des ongles, mais ses nombreux talents faisaient que je ne pouvais me passer d’elle. Elle avait même su se rendre indispensable pour d’autres noble Sidhes de la cour Seelie. « Allez. Va fouiller dans tous ces vêtements qui tu m’as créé. Tu as carte blanche ce soir. Fait comme si j’étais ta poupée. » Soupirais-je en me dirigeant vers mon lit.
Je ne savais pas combien de temps la Sinistre avait passé à me parer, m’orner, me coiffer, me parfumer. Quelque chose me disait cependant que la Dame de compagnie avait raccourci les préparatifs pour que mon lionceau ne se fasse pas trop les griffes sur mes meubles en attendant. À première vue, la robe était d’une blancheur immaculée, mais sous les reflets des bougies et de la lune on y voyait des estampes filigranées avec des fils de soie argentés. Elle était inspirée des chitons ioniens, avec un tissu aussi léger qu’une plume. Le rabat du drapé sur la poitrine était savamment étudié et la Sinistre avait découpé le tissu de sorte que mon dos était nu jusqu’au creux de mes reins. Les deux attaches des épaules étaient en argent et représentaient des feuilles de vigne. La ceinture de cordelettes qui entourait ma taille était fine et apporter la seule touche de couleur de la tenue : un bleu cobalt lumineux. Scriosadh ondula les fils de lins de ma chevelure et les retint dans un chignon tiré vers l’arrière et séparé par des tresses et des rubans. Une vraie coiffure datant d’au moins 1000 av. J.-C. Il y avait cependant un petit côté moderne. J’étais impressionnée par cette coiffure et ces vêtements. Scriosadh était jeune et n’avait pas connu cette période. Comment avait-elle presque pu faire revivre ces vieux vêtements ? Elle me passa des bijoux en argent aux poignets, des joyaux de l’antiquité que je n’avais revue depuis des siècles. Je ne me souvenais même plus les avoir un jour possédés.
La Sinistre s’éloigna de moi et contempla son labeur des pieds à la tête. Un sourire délicat se dessina sur ses fines lèvres. Elle était fière d’elle. Elle passa alors au-devant et m’ouvrit la porte pour que je puisse aller rejoindre mon impétueux rejeton. En passant j’attrapais sa petite main glaciale : « Tu peux prendre ta soirée Scriosadh. J’ai de la compagnie ce soir, je n’ai pas besoin de toi. » Cela sonnait comme un ordre, mais c’était vraiment une manière de la remercier pour tous ces magnifiques vêtements qu’elle me confectionnait depuis des décennies. « Tu peux cependant nous rejoindre quand bon te semblera mon enfant. Va. Je suis sûre que tu as un quelconque ouvrage qui t’attend dans tes appartements. Mais avant, dis-moi. Où as-tu retrouvé tous ces bijoux antiques ? » « Dans une de vos pièces à trésors. Pourquoi donc ? » Demanda-t-elle, angoissée, comme si elle avait peur d’avoir fait une bêtise. « Te rappelles-tu avoir vu une boite en céramique avec une scène mythologique sur le couvercle ? Il s’agit d’une scène ou Cronos recrachant les enfants qui a dévoré. » La Sinistre hocha la tête. « Avant de te retirer, ramène-la-moi. » Je la laissais sur le pas de la porte et rejoignais Nuallan dans le salon.
Le lion était confortablement installé dans un canapé, un verre à la main. Je vins m’asseoir près de lui et posais une main maternelle sur son genou. « J’ai pensé à quelques choses lorsque Scriosadh me tressait les cheveux… Nuallan, n’oublie pas que chez les Seelies, courtiser est un art, ne t’en déplaise. Tu as travaillé plus dur que les autres pour te faire accepter. Tu n’es pas un Sidhe. Tu dois continuer de faire des efforts et rester vigilant. Ne gâche pas tout avec tes mauvaises habitudes phallocratiques. » Je marquais une pause et cherchais son regard doré afin de percevoir si mes paroles étaient assimilées, puis reprenait ma tirade. « Cherche querelle à tous les gredins du coin si tu le désires, mais reste toujours courtois avec les demoiselles. Et si tu as besoin d’éructer sur une pucelle, fais-le dans ton esprit, ou écris-le dans un journal à l’abri des regards indiscret. Je te l’ai chanté sur tous les tons depuis des siècles… » Soupirais-je. Mes paroles étaient posées. La colère était partie depuis un moment maintenant et c’était la mère "presque" responsable qui tentait de donner un conseil à son fils.
C’est à ce moment-là que Scriosadh pénétra dans la pièce avec la boite en céramique que je lui avais demandé d’aller chercher. Elle la posa sur la table : « Voici Madame. » « Merci Scriosadh. Comme je te l’ai dit, tu peux te retirer, mais si tu veux te joindre à nous tu es la bienvenue mon enfant. » Elle m’adressa un sourire, fit une petite révérence en baissant la tête et se retira. J’avais bien vu qu’elle avait évité de croiser le regard de Nuallan pendant tout le temps où elle avait été en notre présence. Je ne fis rien remarquer et me penchait vers la table basse pour saisir délicatement la boite. Elle devait être fragile. Combien d’années avait-elle ? Je m’étonnais qu’elle soit encore en un seul morceau et qu’elle ne s’effrite pas dans mes mains. Peut-être était-elle toujours intacte parce que c’était une fey qui l’avait fabriqué… Mes yeux s’attardèrent sur la scène mythologique. Cronos, père de Zeus et des premiers olympiens recrachant ses progénitures après que Zeus l’ait vécu avec une supercherie. Cronos … J’ouvrais la boite dans laquelle était entassée une dizaine de montres à gousset de toutes les époques, de la plus ancienne datant du XVIe siècle à la plus récente – enfin pas totalement – datant quand même du XIXe siècle. Elles étaient toutes somptueuses : ors, argents, platines, métal féérique, serti de diamants, de topaze, d’émeraude. Mes doigts caressèrent les montres pendant quelques secondes et je tendis la boite à Nuallan en disant : « Elles étaient à ton grand-père. Je lui ai prise un de ces trop nombreux jours où il m’a mis hors de moi. Je ne pense même pas qu’il ait jamais remarqué qu’elle avait disparu, il en a des centaines et des centaines. Il adore ce genre de petites choses. Choisis-en une. Je crois que celles qui sont en métal féérique risquent moins de se casser si tu en viens aux mains avec un boutefeu. »