THE UNSEELIE BLACK-SMITH ∭ Néné, l'Omnivore qui dévore tout, même ta main.
Blodwyn E. Tyronoe
Sujet: But we had survived off what we have done [Silvester] Lun 29 Fév - 22:43
but we had survived off what we have done
ft. Silvester & Blodwyn.
C’était une belle journée, objectivement parlant. Il faisait presque beau – une gageure, pour cette île au cœur du Royaume-Uni –, l’hiver s’évaporait peu à peu dans l’air, la neige laissant la place au renouveau de la nature, vert et humide, l’atmosphère était chargée de vie et d’électricité, et puis les territoires humains étaient toujours beaucoup plus animés que les autres, après tout. Blodwyn sortait du Bear’s Den, à une heure qui aurait paru inhabituelle à quelqu’un de censé, mais peu importait. Le soleil, froid et pâle, était au zénith, et la promenade grouillait de monde. Toutes les boutiques étaient ouvertes, et elle se demanda un instant ce qu’elle fichait là, avant que ça ne lui revienne soudainement : ah oui, c’est vrai, elle avait décidé de faire un détour pour rentrer à sa forge. Il faut dire que depuis quelques jours, elle ne s’y sentait plus aussi bien qu’avant. Ce qui était une horrible pensée, quand on savait à quel point sa forge était toute sa vie et en fait la seule et unique chose qu’elle possédait dans cette même vie. Alors elle essayait de ne pas trop y penser. Et de ne pas trop s’y retrouver seule trop longtemps. En espérant que ce malaise ne soit que passager. Quant à la cause de cette tempête émotionnelle… Mais non. Non. Elle était allé au pub pour s’enfiler des bières, avant discuté avec Keagan, ri avec Trixie, regretté de ne pas avoir vu Edmund, et en sortant, elle s’était dit qu’elle allait faire un petit tour. Parmi les Humains. Mais bien sûr. Elle regrettait déjà son idée. Ou pas ? Elle ne savait plus vraiment que penser des hommes, et encore, ceux-là étaient acquis à la cause fey, puisqu’ils avaient fait le sacrifice ultime de rester sur Ellan Vannin. Mais peut-être qu’à cause de cela, justement, ils la mettaient encore plus mal à l’aise.
Blodwyn aimait ses Humains durs à la tâche, créateurs, prêts à se salir les mains dans la boue ou le feu, la tête pleine d’inventions et d’innovations. Elle les aimait grande gueule, commerçants et bagarreurs. Ceux-là étaient mollassons, et la regardaient passer avec déférence, certains allant même jusqu’à s’incliner sur son passage. Alors que franchement, sans être saoule, puisque Danu avait privé les Feys de ce plaisir, elle n’en marchait pas moins à une allure d’escargot, une mèche flamboyante ébouriffée sur le côté du crâne et l’air méfiant. Pas la reine de la basse-cour, quoi. Mais ça ne les empêchait pas de lui faire ces regards inquiétants, adorateurs dans le mauvais sens du terme. Ceux de dehors n’étaient pas mieux, cela dit, ventousés à leur technologie, violents, idiots, des ombres gluantes de ce qu’ils furent par le passé, quand leur grandeur avait par ricochet fait grandir les Feys. Soit. Peu importait, la journée était presque belle, elle n’en demandait pas plus. Elle marchait donc sur la promenade, appréciant l’air marin qui caressait son front et ses joues et le goût du sel sur ses lèvres. La mer se dévoilait à son regard au gré du relief et des boutiques qui lui cachaient parfois le port. Son regard glissait sur les vitrines sans les voir, car rien de ce que les Humains vendaient n’aurait pu l’intéresser. Du tissu ? Des bijoux ? Du maquillage ? La seule chose qui avait son attention, c’était les lames, et à ce jeu-là, elle était la meilleure.
Alors qu’elle remontait tranquillement la rue, elle crut soudain capter, au milieu du lointain grondement du ressac et du bourdonnement des Humains tout autour d’elle, un son incongru. Quelques notes de musique, portée par le vent, qui à peine avaient-elles effleuré son oreille disparurent. Comme une illusion. Elle se figea, à l’affut, et entendit de nouveau quelques notes jouées à la guitare. Sans être une connaisseuse, sans même être très sensible à cela, Blodwyn appréciait la musique, en retrait, discrètement, avec l’impression de ne pas la comprendre, mais de simplement la trouver jolie. Parfois même intime. Elle n’aurait pas pu affirmer reconnaître le style ou le son de l’instrument, mais quelque chose la fit ciller, la fit bifurquer de sa trajectoire pour se rapprocher d’un petit café qui faisait face au front de mer. Quelques Humains étaient assis en terrasse, mais elle ne leur accorda aucune attention. Son regard tomba sur une silhouette assise sur les marches en bois, un peu à l’écart, penchée sur sa guitare d’où il tirait ces quelques notes en apparence sans queue ni tête et qui pourtant formaient une mélodie entêtante.
Entêtante, c’était le mot. C’était exactement ce qu’elle avait ressenti la dernière fois qu’elle avait croisé la route de Sylvester, ou plutôt la dernière fois qu’ils s’étaient séparés. Elle avait bien cru que c’était pour toujours, à l’époque, et avait passé des jours à ressasser cette ultime rencontre, sans savoir si elle devait regretter son acte de quasi-trahison ou accepter les faits et passer à autre chose. Cela lui avait pas mal pris la tête, alors oui, entêtant était un bon mot pour définir ce Fey. À qui d’ailleurs elle n’était pas censée parler. Ah, au diable ces histoires de Cour ! Blodwyn avait déjà peu d’amis, et il avait fallu qu’elle en perde la moitié à cause de ça. Où était la justice que les rois dont les rois se prévalaient, dans cette affaire ? Elle se planta devant le musicien et croisa les bras.
— On dirait que tu as survécu à la fin de la guerre, Silvester. Et voilà qu’on se croise à nouveau.
Hier, en plein champ de bataille, leurs mots presque couverts par les cris et le choc du métal contre le métal, aujourd’hui dans une rue animée gorgée d’Humains, en paix, en musique.
ELEMENTAIRE SEELIE∭ spirit of nature.
Q. Silvester Cavanaugh
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester] Mar 1 Mar - 15:36
but we had survived of what we have done
ft. Blodwyn & Silvester
En début de matinée, le jardinier avait déserté son précieux domaine pour se rendre à Douglas. La serpe à la ceinture, ayant troqué ses habits de travail pour une tenue plus ample et passe-partout et la guitare sur le dos, direction Douglas. Depuis son arrivée à Ellan Vannin, le jardinier avait pris l'habitude de s'échapper du Sithin Seelie pour rejoindre la ville peuplé par ces humains qui avaient saisi cette étrange opportunité d'être immortel en échange de devenir semi-esclave auprès des Feys. Sacrifier sa liberté pour être immortel, voilà une drôle d’idée. Même avec quatre millénaires dans ses bagages, Silvester trouvait que la vie éphémère des hommes avait de l’attrait, intéressante même, malgré leur tendance à la gâcher pour un rien, mais gâcher son éternité en étant au service des autres s'était carrément contre-productif. Que d’opportunité manquée de voir la vie, de pouvoir vieillir puis mourir, il y avait une certaine poésie et c était ce manque de temps qui avait inspiré les plus belles œuvres des hommes, en musique surtout. Les Feys n'avaient pas laissé aux hommes beaucoup de choix de toute manière, Silvester lui, préférait ne pas s'en mêler, si tout le monde s’y trouvait gagnant, il n'y avait pas de raisons de se prendre la tête. Croquer la vie à pleines dents, saisir les opportunités et profiter des bonnes choses, voilà une philosophie dans laquelle il se reconnaissait et il espérait pouvoir un peu égayer les cœurs des uns et des uns autres avec quelques accords au rythme de ses doigts. Il avait vêtu son glamour, car c'était plus amusant de se mêler à cette foule que d'attirer des regards curieux ou effrayés, sentiments qu’il ne souhaiter pas éveiller dans sa quête d’ondes positives. Les humains avaient d'étranges manies, il fallait donc s'adapter afin de manipuler leurs émotions au bon moment, comme on le souhaiter. Silvester arpentait donc les rues de la promenade qui longeait les quais avant de trouver un endroit un peu à l'écart de la foule, tout près d'un café face à la mer et il s'installait alors sur les marches en bois, une cigarette entre les lèvres avant de sortir sa guitare acoustique qu'il accorda rapidement. Il était prêt, son regard balaya le paysage et les passants avant de se baisser vers l’instrument duquel il laissa quelques notes s'échapper, d'abord doucement avant de prendre un rythme un peu plus rapide.
Quelques personnes qui passaient par là s’arrêtèrent curieux de voir l'artiste qui improviser un petit show, au grand bonheur des voisins installés au café qui se penchaient parfois sur leur chaise pour tenter de l'apercevoir. Le sourire jusqu'aux oreilles, l'élémentaire profita de l'attention de la foule pour essayer un morceau plus celtique, écrasant sa cigarette afin de pouvoir chanter la ballade irlandaise, certains jeunes présents reprenant avec lui le refrain. Finalement, le moment pris fin lorsque le guitariste termina son troisième morceau sous quelques applaudissements, qu’il remercia humblement. Puis, le petit groupe se dispersait laissant Silvester seul sur les marches où il se lança de nouveau dans un petit jazz manouche. Cette fois, il était dans son monde alors que s'échappait la mélodie entrainante, ses doigts courraient en rythme sur le manche perdant la notion du temps et de l'espace. Les yeux mi-clos s'ouvraient uniquement pour vérifier la position de ses doigts avant qu’il ne remarque une ombre se dessiner sur sa guitare. Le son s'évapora en finesse alors que le regard assombrit par le glamour se posa sur la reconnaissable silhouette de son amie d'antan. Un sourire sincère se dessinait sur les lèvres de l'élémentaire qui s'appuyait sur l'instrument, les yeux pétillants.
« C'était inévitable, non ? » Répondit-il d'un ton amusé. « L'île est peut-être assez grande pour nous accueillir, mais l'univers aime se jouer de nous, toute opportunité de nous faire vivre un moment embarrassant est donc bonne à saisir. » Cette idée l'amusait presque, alors que lorsqu'ils s'étaient croisés au milieu du champ de bataille les choses avaient été moins drôle, beaucoup moins drôle. « Toi aussi, tu as survécu, mais je n'en doutais pas une seule seconde, tu es l'une des meilleures guerrières que j'ai rencontrées. » Leur rencontre ne lui avait pas torturé l'esprit, en vérité après avoir croisé Credne sur ce no man's land, il avait tout fait pour ne pas croiser ceux qu'il avait côtoyé par le passé. Aujourd'hui, la guerre était encore trop proche et douloureuse pour dire que les deux cours s’étaient remises de cette guerre fratricide qui avait arraché à certain un bon nombre d'amis, de cousins, de parents... Il y avait eu ce moment ce jour-là où la question s'était posée, devaient-ils se battre jusqu'à ce que l'un fuie ou meurt, ou devaient-ils baisser les armes au nom de leur amitié passée. Silvester s'était maudit d'avoir pu, l'espace d'un instant, considéré devoir se battre contre Credne, autant qu'il s'était maudit pour mettre son amie dans cette situation. Son soulagement avait été grand lorsqu'à l'unisson, ils avaient choisi la seconde alternative. Il s'en était suivi un silence gênant, un échange cinglant et des menaces à peine inaudible tant la douleur de la situation les avaient frapper, mettant en doute leur certitude et détermination. L'élémentaire avait toujours été entrainée dans ces conflits, pour défendre une idée ou un ami, pourtant, il ne perdait pas son optique, celle où personne n'est tout noir ou blanc, quitte à prendre un risque, il pensait que cela valait bien d'être pris pou une amie.
« Je suis heureux de te voir en vie, même si je n'ai pas l'impression que tu aies l'air en grosse forme. Tu fais ta tête des mauvais jours. » Au moins, il mettait les deux pieds dans le plat, son regard n'avait pas quitter la forgeronne, son sourire lui non plu n'avait pas quitter ses lèvres. Trop détendu devant un Sidhe, trop détendu devant un Sidhe Unseelie, peut-être, pour Silvester Credne restée Credne et s'il devait s'en prendre une parce qu'il ne prenait pas la situation au sérieux, il s'en pendrait une. Pourvu qu'elle se lâche et se déverse sur lui, cela mettrait peut-être un terme à la tension perpétuelle qu'il y avait autour d'eux.
THE UNSEELIE BLACK-SMITH ∭ Néné, l'Omnivore qui dévore tout, même ta main.
Blodwyn E. Tyronoe
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester] Sam 5 Mar - 16:07
but we had survived off what we have done
ft. Silvester & Blodwyn.
Vivre un moment embarrassant, eh bien, est-ce que c’était vraiment la bonne expression ? À la seconde où elle avait bifurqué de son itinéraire pour aller vérifier de ses yeux que le musicien qu’elle entendait était bien celui qu’elle croyait, elle avait en quelque sorte regretté son geste. Car bien évidemment, c’était lui. Et maintenant qu’elle l’avait confirmé, que dire, que faire ? Elle n’avait pas du tout anticipé ce moment, en fait, depuis ce jour où ils s’étaient quittés au cœur même d’une guerre déjà à moitié oubliée, elle n’avait plus vraiment pensé à lui, persuadée qu’elle ne le reverrait jamais, dans le meilleur des cas, ou tout simplement qu’il n’avait pas survécu. Quand on est immortel, il vaut toujours mieux ne pas s’attacher au passé car ce dernier peut peser des milliers d’années et vous empêcher sacrément d’avancer, dans la vie. Mais elle avait agi sans réfléchir, et voilà qu’à présent elle était face à lui, et lui face à elle, et c’était comme prendre un coup tellement son sourire n’avait pas changé, son petit air malicieux était le même. Et regardez-le, assis tranquillement parmi les humains à gratter sa guitare comme si de rien n’était, comme s’il avait fait ça toute sa vie, comme s’il était pour cela, comme s’il n’y avait pas toute cette longue histoire fey pour peser de tout son poids entre eux. Et malgré tout ça, ses paroles amenèrent un sourire sur le visage de la forgeronne. Lui, apparemment, n’avait jamais douté qu’elle avait survécu. Elle le prit comme un compliment, bien sûr, mais il y avait plus que cela. Dans le fond, pourquoi était-elle surprise de le trouver là aujourd’hui ? Il était probablement plus habilité que n’importe qui d’autre à survivre au temps et aux guerres. Elle l’avait d’abord connu de loin alors qu’il venait sans cesse voir Niou pour son talent de forgeronne, puis elle appris, en parlant avec lui, qu’il était une âme libre et indépendante, et pour finir, qu’il était ce que tout le monde haïssait probablement, un espion. Un espion, un traître, cela revenait au même. Du moins c’était le cas dans la tête très simple de Blod, à l’époque où les choses étaient encore plus simples pour elle : elle se battait pour les siens. Et elle avait cru qu’il était des siens. Eh bien, ces choses-là arrivaient sans cesse, non ? Ainsi allait la vie et le caractère exceptionnel de cet incident tenait plus dans le fait qu’ils ne s’étaient pas entretués.
— C’est ma tête habituelle, tu te souviens ?
Elle ne se faisait aucune illusion sur la première impression qu’elle donnait aux gens, du moins quand elle était dans ses mauvais jours. Ah, oui, il avait raison, alors, elle avait ses mauvais jours, en fait. Après tout elle pouvait parfaitement se montrer très accueillante et chaleureuse, et dans le temps c’était bien avec un sourire et l’envie de reprendre leurs discussions sans fin qu’elle l’accueillait quand il venait s’enquérir à la forge de l’état d’avancement de ses armes. Elle porta les mains à son visage en se demandant bien qu’elle tronche elle affichait en ce moment même. La tête de quelqu’un qui s’était fait secouer par l’homme qu’elle aimait, probablement. Elle n’osait pas, même à elle-même, utiliser un autre verbe. Elle baissa les yeux sur Silvester en affichant un faux air outré puis haussa les épaules. Après, elle n’attachait pas vraiment d’importance à son apparence et encore moins à la tête qu’elle avait.
— Mais je crois que moi aussi je suis heureuse de te voir en vie, ou du moins pas vraiment étonnée. Tu es plein de ressources, après tout.
C’est là qu’on voyait à quel point les conflits n’avaient pas vraiment de sens : ils s’étaient retrouvés dans deux camp opposés et aujourd’hui ils étaient tous les deux ici, sur Ellan Vannin, à tranquillement se balader dans le territoire humain sans que la guerre entre leurs deux Cours aient eu le moindre effet sur leurs vies personnelles respectives. La folie des rois, le sacrifice des soldats… Elle soupira et s’assit à ses côtés, brisant en une seconde toutes les règles en vigueur dans leur petit monde : une Unseelie et un Seelie discutant comme si de rien n’était… Bon eh bien, il était évident que cela ne le dérangeait pas, lui, et elle n’y avait jamais vraiment fait attention non plus, sauf quand ça l’arrangeait évidemment. Elle s’était bien servie de cette excuse pour ne pas venir en aide à Liam à chaque fois qu’il le lui avait demandé, après tout. Alors qu’elle ne s’était pas privée de fréquenter Dagda. Tout ça n’était pas si compliqué, juste extrêmement personnel, subjectif et au cas par cas. Et c’était ironique, après tout, qu’ils aient tant et tant discuté de leur liberté de pensée pour avoir ensuite choisi deux Cours différentes, pour ensuite ignorer ces mêmes allégeances. Comme quoi, il y avait une certaine logique entre eux, finalement.
— Alors, tu me le dirais si tu continuais de mener la même activité que la dernière fois qu’on s’est vu, et que c’est pour cela que tu es venu sur l’île ?
Cela dit, s’il espionnait toujours, il s’y prenait mal, à attirer l’attention ici, à gratter son instrument d’un air absent. Mais elle savait bien, évidemment, qu’un autre roi avait été couronné ce jour-là, et que la Cour Seelie devait être aussi agitée que celle de Cian, désormais.
ELEMENTAIRE SEELIE∭ spirit of nature.
Q. Silvester Cavanaugh
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester] Sam 5 Mar - 23:40
but we had survived of what we have done
ft. Blodwyn & Silvester
Un léger éclat de rire s'échapper du Seelie qui fut presque surpris du calme de Credne, lui qui s'attendait à s'en prendre une parce qu'il était prêt à tourner en dérision une situation qui les avaient tout les deux bien déranger à l'époque. Surpris aussi parce qu'il pensait qu'elle serait encore en colère contre lui. Peut-être qu'elle l'était au fond, mais que quelque chose d'autre de plus important la préoccupait pour qu'elle perde son temps à lui exprimer ce qu'elle avait sur le cœur, d'un autre côté, les sentiments, l'un et l'autre n'étaient pas doués avec et s'il pouvait continuer à noyer ces derniers au fond de leur entrailles mieux ils se portaient. Il voudrait bien savoir, ce qu'elle avait pensé de lui ce jour-là, ou même ce qu'elle pensait aujourd'hui ou si elle préférait s'en tenir à ce qu'elle pensait de lui avant que les choses ne deviennent compliquées. Lui, il n'avait pas change d'avis sur elle et s'était bien pour cela qu'il avait toujours ce sourire pour l'accueillir.
« Merci. » Répondait Silvester en baissant la tête comme s'il faisait une révérence en prenant le compliment. Il avait que ce n'était pas un reproche, et Credne avait pu par le passé observer son ami faire preuve de plus d'adresse et d'intelligence que l'on pouvait lui prêter au premier coup d'œil. Tout résider dans l'attitude qu'il avait, son aura débordante d'énergie positive était souvent prise au premier degré de lecture, ce qui l'arrangeait, être souriant et positif pouvait être usant, mais tellement plus productif qu'il avait depuis longtemps misé sur celle-ci, alliée avec sa créativité pour se sortir de la plupart des situations. Parfois, ça ne suffisait pas, mais son côté versatile faisait le reste. Venant de son amie, c'était un compliment à ses yeux parce qu'elle s'en souvenait et elle lui rendait ce qui lui était du, ce n'était pas désagréable.
Credne vint s'installer à ses côtés, le sourire sur les lèvres du Seelie s'étirait un peu plus de nouveau, il posa sa guitare entre ses jambes, debout sur une des marches, ses mains s'accrochant au manche alors qu'il reposait sa joue contre le bois, la tête tournée vers son amie. C'était presque comme si rien ne s'était passé. Les cours divisées, les guerres, les règles... Beaucoup de Seelie et d'Unseelie ne pouvaient pas se voir, parce qu'il y avait maintenant plus de deux millénaires qu'ils s'étaient retrouvés scindé en deux, parce qu'il y avait eu cette guerre qui dura dix années. Le fossé avec le temps s'agrandissait alors qu'avec les temps qui courent, ils feraient mieux de se réunir. À savoir si leur Roi le savait ou même souhaitait, Silvester voulait y croire, ce qui était ridicule face à la réalité actuelle où deux frères ennemis venaient de monter sur le trône. Pour lui, ça ne changeait rien, les cours pouvaient exister, leurs rois pouvaient se détester, pour lui ça n'était pas une barrière et les désaccords ne l'avaient jamais empêché de chérir une amitié. Celle avec qu'il avait avec Credne par exemple, ils avaient leur logique propre dans leur choix de camps et cela ne les empêchait pas de s'asseoir côte à côte en terrain neutre et discuter. C'était presque comme si rien ne s'était passé, car le sujet qui les travaillait tous les deux revenait à la charge et il prit un instant avant de répondre au forgeron, non pas parce qu'il hésitait, mais parce qu'il allait devoir le dire, encore.
« Bien sûr, au moins, c'était direct, mais il n'y a plus de raison pour moi d'être un espion, la guerre est finie. » C'était aussi simple dans sa tête.
Par temps de guerre, il avait choisi d'endosser la casquette d'espion parce qu'il avait des aptitudes et qualités qui pouvaient être utiles, trouver un moyen d'écourter la guerre par exemple. Au départ, il s'agissait de faire un constat des lignes ennemies, puis avec le temps les choses s'étaient un peu plus compliquée et il avait même dû supprimer quelques Unseelie sur son chemin. Ce n'était pas quelque choses dont il était fier, mais le contexte avait été tel qu'il avait dû choisir entre-tué ou être tué, s'il ne voulait pas se trouver dans cette position, il n'avait qu'à rester à l'arrière avec son père ou déserter la cours. Il ne voulait plus rester en arrière et déserter la cours pour aller où ? Pour défendre quoi ? Au moins, chez les Seelie, il considérait avoir défendu une injustice, autant que les Unseelies. Alors, qui les avaient mis dans cet état que les uns et les autres étaient persuadés de défendre la juste cause. La question lui était revenue à l'esprit avec les couronnements, il craignait que ce soit plus gros que simplement une histoire de deux cours, mais ce genre de réflexion, il les gardait pour lui et dans l'idéal les mettait dans un tiroir de son cerveau pour les oublier.
« Je suis venu à Ellan Vannin pour prendre la suite de mon père. » Expliquait-il, détournant le regard de Credne pour regarder en face de lui, son sourire diminua légèrement. « Je m'occupe du Jardin de Lumière à présent, puisqu'il n'est plus là pour le faire. » Il y avait une fierté dans son ton, voilée d'une certaine tristesse. Dire que son père était mort restait difficile et en parler ce n'était pas non plus ce qu'il préférait, de toute façon, personne n'aime parler de leurs sentiments et de ceux qui partent.
Silvester se pencha pour poser sa guitare contre l'escalier en bois, libérant ses mains et enfiler des gants avant de ressortir son paquet de cigarettes et d'en glisser une entre ses lèvres.
« Et toi alors, contente d'être ici? Toujours au travail dans ta forge ? » Demandait-il allumant le bâtonnet. Après avoir laissé un nuage de fumée s'échapper, il tournait de nouveau la tête vers son amie, son sourire de nouveau présent, l'œil amusé. La question pouvait être rhétorique, Credne était une guerrière, mais d'abord, un forgeron et l'élémentaire avait du mal à imaginer qu'elle pouvait faire autre chose, elle en était capable, mais elle était tellement douée dans ce qu'elle faisait, pourquoi aller voir ailleurs.
THE UNSEELIE BLACK-SMITH ∭ Néné, l'Omnivore qui dévore tout, même ta main.
Blodwyn E. Tyronoe
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester] Dim 6 Mar - 17:40
but we had survived off what we have done
ft. Silvester & Blodwyn.
Il régnait sur eux une atmosphère apaisée comme Credne ne se souvenait pas avoir ressentie en la présence de Silvester. Leurs discussions avaient toujours été passionnées, enlevées, faites d’élans d’émotions et de passions, de franchise parfois presque malicieuse, moqueuse, ou de vérités souvent douloureuses. C’était, à l’époque, l’honnêteté pure et sans faille qui guidait la forgeronne, et qui donnait à sa relation avec Silvester cette teinte sans fard, sans ronds-de-jambes. Pas vraiment calme, également. Mais cette franchise entre eux avait connu un coup d’arrêt le jour où elle l’avait vu s’extirper d’un champ de bataille avec le visage d’un ennemi. Autant le dire, sa première réaction avait été la haine pure et simple, qui allait forcément de pair avec le sentiment de trahison que n’importe qui aurait ressenti à sa place. Elle s’était sentie stupide, naïve. Comment avait-elle pu croire que leurs choix différents de Cours n’avaient eu aucun effet sur leur relation, comment avait-elle pu s’aveugler à ce point, se convaincre que rien n’avait changé ? Et lui, comment avait-il pu entretenir cette illusion également ? S’était-il fichu d’elle pendant tout ce temps, ou bien lui aussi s’était-il laissé séduire par l’écran de fumée qui s’était dressé entre eux à partir du moment où ils avaient chacun prononcé une allégeance différente ? Elle s’était dit, à ce moment-là, qu’il aurait mieux valu qu’ils se disent adieu à la seconde où la haute-cour s’était déchirée en deux, pour ne pas vivre ce genre de mauvaise surprise ensuite. Mais justement, elle avait songé qu’elle seule s’était voilé la face, et que lui savait, il savait et l’avait trahie. Voilà les premiers sentiments qu’elle avait ressentis avant même qu’il n’ouvre la bouche, et avant même qu’il ne parle, elle avait également resserré sa prise sur la garde de son arme, alors que le désir brutal et irréfléchi de lui faire du mal avait jailli en elle. Par devoir, bien évidemment, parce que c’était ce qu’elle était censée faire. Mais aussi et surtout parce qu’elle était blessée personnellement.
Et aujourd’hui, ils étaient assis côte à côte, sous un pâle soleil, face au front de mer, entourés d’Humains qui tentaient de ne pas les dévorer des yeux. Lui accroché à sa guitare comme à son arme à la belle époque, et elle, les yeux dans le vague, à moitié plongée dans ses souvenirs, à la recherche des anciens réflexes. À la recherche de points de repère, aussi. Elle ne savait plus où elle en était avec lui, où leur relation s’était interrompue. Il était, dans les faits, toujours un ennemi, rien n’avait changé. Dans les actes, évidemment, rien n’était aussi simple. Finalement, c’est un peu désemparée qu’elle se tenait là, à ses côtés. Elle retrouvait au moins une certaine familiarité dans les sourires en coin de Silvester et tout ce qu’il cachait derrière. Il avait toujours l’air de cacher des choses, mais pas forcément des choses qui la concernaient. Il avait toujours les sous-entendus au bord des lèvres, également, cela n’avait visiblement pas changé, et sa réponse à la question frontale qu’elle lui avait posée lui arracha un rire bref. Ah bon, il n’y avait plus de guerre, donc il n’était plus un espion. C’était un joli sophisme, en effet. Cela voulait-il dire qu’au moindre petit conflit qui pointerait son nez dans leurs existences, il enfilerait de nouveau sa casquette d’espion ? Elle préférait presque ne pas savoir, mais justement, ne pas savoir, c’était s’exposer à d’anciennes erreurs, les reproduire à nouveau, en toute connaissance de cause, ce qui était bien le pire.
— Ah, j’imagine qu’on a tous eu de bonnes raisons de venir ici. Je suis désolée pour ton père… Je ne doute pas que tu sauras te montrer digne de la charge qui t’incombe désormais.
Une charge qui, autant le dire, la laissait de marbre, non pas pour ce qu’elle représentait, bien évidemment, mais de façon très terre-à-terre : Credne avait un rapport à la nature totalement superficiel. Pourtant elle tentait de s’améliorer, avec Yelena, mais la nature restait pour elle une chose étrange, dans laquelle elle pouvait sentir Danu, certes, et son influence sur leurs vies à tous, mais garder une fleur en vie ou reconnaître une plante d’une autre, alors là, elle n’en aurait pas été capable, même sous la contrainte. La seule chose où elle excellait, c’était reconnaître les différents types d’arbre, connaissant les propriétés de chaque bois pour les gardes de ses armes. Elle haussa les épaules.
— Bien sûr. Et Niou aussi, mais j’imagine que tu es déjà au courant.
En parlant de trahison… Mais non, non, ce n’était pas le bon mot. Credne n’en avait jamais voulu, ou du moins pas trop, pas trop longtemps, à Gobniou d’avoir choisi la Cour Seelie, parce que ce n’était justement que cela, un choix, qui induisait une liberté d’action et de pensée que Credne chérissait plus qu’un trésor. Et de toute évidence, c’était également à cette conclusion qu’elle était parvenue ce jour-là face à Silvester, après ces quelques secondes de colère qui l’avaient animée. Son arme s’était abaissée aussi vite qu’elle l’avait brandie, ses épaules s’étaient avachies devant l’inéluctable logique qui sous-tendait leur face à face. Tous, ils avaient eu le choix, tous, ils avaient choisi pour des raisons différentes, mais en leur âme et conscience et tous, ensuite, avaient agi du mieux qu’ils avaient pu pour rester fidèle, plus qu’à leur Cour, à leur propre décision. Pour ne pas la vider de sens.
— Tu es venu à temps pour le couronnement de Dagda ? J’ai entendu dire que cela avait été aussi animé que chez nous.
Quelle hypocrisie l’animait aujourd’hui ? Credne avait l’impression d’avoir dit adieu à Dagda lors de leur dernière rencontre avant son couronnement. Mais cela ne l’empêchait pas aujourd’hui de parler à Silvester. Mais un roi était plus qu’un homme, et Silvester n’était pas roi.
ELEMENTAIRE SEELIE∭ spirit of nature.
Q. Silvester Cavanaugh
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester] Lun 7 Mar - 9:41
but we had survived of what we have done
ft. Blodwyn & Silvester
Silvester hochait la tête, alors que Credne lui assurait qu'il serait certainement digne du paternel. Le Fey ne s'était pas préparé au départ de son père, grandir dans un environnement où l'on vous martelez que vous êtiez immortels, la mort n'avait pas particulièrement de résonnance, c'était abstrait, quelque chose qui touchait les hommes et finalement qu'ils ne connaîtraient jamais, donc ils ne pouvaient pas connaitre la perte non plus. Il y avait un attrait pour cette qualité d'immortel dans le coeur des hommes, mais l'élémentaire se demandait si ces derniers par leur nature de mortel n’avaient pas un avantage, un peu plus de choix et de possibilités. Ils devaient tout faire très vite, pas de place pour la procrastination et chérir les moments, saisir les occasions comme décider de garder leur rancœur jusqu'à la leurs morts ou tenter d'être un peu meilleur. Silvester ne les enviait pas non plus, il devait néanmoins leur rendre leur force de caractère et ce rapport étrange qu'ils avaient avec la mort et il avait appris beaucoup d'eux à ce sujet. L'élémentaire n'avait pas été prêt pour la mort de son père, encore moins d'en être témoin et ne pouvoir rien faire au risque de mettre en danger d'autres personnes, au risque que son père souffre à sa place. S'il y avait bien une chose que le Seelie n'aimait pas s'était de voir les gens qu'il aimait souffrir et s'il en était le vecteur, il avait tendance à se détester pour cela. Parfois à trop vouloir bien faire, les choses avaient l'effet contraire, parfois s'était même par maladresse. Animé dans ses passions et idéaux, il pouvait faire le pas de trop ou manquer d'anticiper le résultat d'une décision prise sur un coup de tête. Ce genre de sentiments, il les gardait pour lui, au fond d'une boîte, avec le temps, il finirait par s'habituer à sa présence et cessera de se poser mille questions ou de refaire l'histoire avec des si. Son deuil, il l'avait fait ainsi, même si la présence de son père était encore avec lui, elle ne gênait personne et certainement pas lui.
Avec Credne à ses côtés, il sentait qu'il y avait ce froid, ce silence et peut-être quelques questions qui se perdent parce que c'est toujours mieux de penser que l'autre mentirait plutôt que de risquer de se prendre une vérité trop abrupte sur la tronche, celle qu'on ne voulait pas entendre, que l'on ne voulait pas savoir. Peut-être que ce n'était qu'une impression, après tout sa voisine l'avait connu il y a bien longtemps et en vérité, il n'avait pas changé, il pourrait même se vanter de s'être assagi en comparaison à une certaine période de sa vie, alors si elle avait une question qui lui brûlait la gorge, elle pouvait toujours la lâcher, quitte à lancer un pavé dans la figure de l'élémentaire. Credne, il l'aimait vraiment, cette franchise, il l'avait toujours appréciée, admirée et l'avait même fait rigoler, leur duo avait toujours fonctionné ainsi. Il en avait tellement entendu qu'il était devenu assez dur de la tête pour tout supporter, enfin, presque, car une fois encore, il y avait ces histoires de sentiments et il n'aimait pas en parler. C'était peut-être de là que venait le malaise qu'il tentait en vain d'ignorer, qu'ils avaient eu des sentiments morts fort lors de leurs retrouvailles sur le champ de bataille, des sentiments qu'ils n'aiment guère et ils étaient en partit responsable. Silvester voulait croire qu'ils pouvaient passer au-dessus de ces derniers, même s'ils étaient en travers de leur gorge.
« Je suis arrivée avec la première vague de population, c'est Niou que j'ai vu en premier. » Répondit-il, le nuage de fumée s'envolant dans les airs, son rictus amusé toujours présent. Niou et lui avait gardé vivant le souvenir de leurs deux amies, l'une partie chez les Unseelies, l'autre ne supportant pas le déchirement s'était enfuie. Devait-il dire à Credne de partir retrouver ses amies, tenter de renouer les liens et continuer à ignorer ces règles que leur cours respective leur imposait. Ils avaient été proches, mais elle avait certainement était la plus proche de Niou, plus que n'importe qui, alors si elle pouvait faire l'effort avec lui, pourquoi Credne ne le ferait pas avec elle. Deux forgerons, deux têtes de mules, Sylvester préférait ne pas s'en mêler, c'était bien assez compliqué pour lui, alors défendre quelqu'un d'autre ne serait pas des plus aisé et ça ne serait guère à son avantage, Niou et Credne pourraient lui passer un savon pour avoir tenter quelque chose. Après tout, elles savaient se débrouiller toutes seules.
Il leva un sourcil lorsqu'elle mentionna le couronnement, un léger rire nerveux naissant au fond de sa gorge alors qu'il tirait de nouveau sur sa cigarette. Lentement, le glamour se dissipait pour laisser place à son apparence féerique, révélant alors quelques strips couvrant une blessure sur la tempe qui n'avait pas fini de cicatriser. Comme tout le monde, il avait foncé dans le tas et il avait été salement amoché, si Danu n'était pas intervenue, ils auraient peut-être tous pu y passer, mais comme il le disait souvent, on ne faisait pas l'histoire avec des si. Cette bataille était lourde en perte et conséquence, mais ils n'avaient pas perdu la guerre. La guerre contre les deux cours était terminée, maintenant une autre semblait se profiler à l'horizon contre les ténèbres et c'est celle-ci dont ils devaient se soucier.
« Nous avons deux rois en convalescence, l'humeur générale des Feys balance entre crainte, colère et inquiétude. Ils ont annoncé la mort des Seelies et des Unseelies, se joignant donc aux Vampires et aux humains dans la liste des menaces. C'est le bordel animé, oui. » C'était sommaire comme résumé, mais tout y était et déclarait dans une voix étrangement calme alors qu'un nouveau nuage de fumée s'échappait de ses lèvres, l'œil brillant. « Je pense qu'ils nous enterrent tous bien vite, confiait-il sans siller à Credne, nous foulons la terre depuis des millénaires, nos parents et ancêtres avant nous, personnellement, je ne compte pas laisser les ténèbres dicter ma conduite et croire que l'on ne peut rien contre eux. Si s'était vrai, ils n'essayeraient pas de nous intimider comme ils l'ont fait ce soir-là. » Silvester n'allait pas mentir, pendant l'espace d'un instant la peur l'avait saisit au ventre, une sensation qu'il déteste, parce que pendant un moment, il avait eu un sentiment d'impuissance, un sentiment bien trop familier contre lequel il s'était retrouvé incapable de réagir, comme coupé dans son élan. Pourtant, il n'avait pas voulu céder, pour ne pas leur donner cette satisfaction et surtout parce qu'il savait qu'il y avait des personnes qui avaient besoin de croire que s'était possible. De plus, ils avaient agi au moment où ils avaient tous baissé leur garde, où plus des trois-quarts des personnes présentent étaient sans armes. C'est de cette manière que l'on plante la graine de la terreur, il fallait faire front. « Tu connais l'adage, le roseau plie, mais ne rompt pas. Ils peuvent venir autant qu'ils veulent, je sais que nous serons toujours capables de nous relever. » L'assurance dans ses paroles pouvait être étourdissante, s'était même proche de la folie, pourtant la chaleur et la conviction dans sa voix donner de la matière à ses propos. Il n'avait pas quitté son amie du regard et c'était sur ces mots que son sourire se dessinait de nouveau.
« Je ne dis pas que ça sera facile, je te dis qu'on va s'en sortir Credne. »
THE UNSEELIE BLACK-SMITH ∭ Néné, l'Omnivore qui dévore tout, même ta main.
Blodwyn E. Tyronoe
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester] Sam 12 Mar - 18:33
but we had survived off what we have done
ft. Silvester & Blodwyn.
Aussi infantile que ce soit, Credne ressentit un pincement au cœur et une bouffée de jalousie l’envahir quand Silvester lui avoua avoir revu Niou en premier. C’était stupide, elle était bien trop vieille pour laisser la place à ce genre de sentiment. Et pourtant, elle n’avait pas croisé Niou depuis des siècles, probablement. Une amitié pas vraiment abandonnée, mais laissée en jachère par la séparation de la Haute-Cour, quand elle avait choisi la Lumière et Credne les Ténèbres. Leurs adieux ne s’étaient pas fait en douceur, loin de là, compte tenu de leurs caractères respectifs. Il y avait eu de la casse, et pas seulement au figuré. Et la pauvre Luchta en avait bien bavé aussi. Mais au final elles ne s’étaient jamais vraiment promis de ne plus se revoir, jamais promis de ne plus être amies. Comme si cette histoire de deux Cours différentes n’était que temporaire, comme si elles se contentaient, parce que c’était plus simple, d’attendre que la situation s’améliore d’elle-même. Et en attendant, respectant les règles, elles ne se parlaient plus, et c’étaient pas armes interposées, en quelques sortes, qu’elles communiquaient, qu’elles se rappelaient leur présence l’une à l’autre. Combien de fois Credne avait croisé sur le champ de bataille un guerrier muni d’une des lames si reconnaissables de la forgeronne Seelie ? C’était elle, après tout, qui avait formé cette dernière, et elle aurait reconnu son style entre tous, familier et inédit à la fois, le résultat de ce que leurs deux personnalités, en se mélangeant, avaient créé. Et parfois, c’était l’arme de Niou qui brisait une des siennes, et parfois, c’était l’inverse. Credne persistait à penser qu’elle restait un peu meilleure que son ancienne élève, mais peut-être était-ce seulement une vue de l’esprit, le désir de ne pas se faire dépasser par celle qui fut son apprentie. Et aussi son manque total de modestie. Non pas que l’Unseelie était orgueilleuse, certainement pas, mais elle exprimait toujours les choses telles qu’elles étaient, même si elle devait passer pour une mal-élevée.
— Ah, c’est bien…
Oui, tout à fait, “ah, c’est bien”, elle ne savait pas quoi dire d’autre. Quoiqu’il en soit, Silvester, lui, avait eu le plaisir de revoir Niou, et en vérité, il devait la voir tous les jours, avait la possibilité de la côtoyer tous les jours, quand elle, sa sœur d’arme au sens propre du terme, ne pouvait plus qu’imaginer ce qu’elle était devenu et se repasser, encore et encore, le film de ses souvenirs avec elle, qui s’usaient un peu plus à chaque fois. Mais c’était ainsi, depuis le tout début. Et au final, rien n’aurait du l’empêcher d’aller trouver Niou, tensions entre les Cours ou pas, la preuve, elle avait bien fréquenté Dagda pendant un temps. Non, rien ne l’en empêchait si ce n’était elle-même, probablement. Il n’empêche qu’elle était jalouse, jalouse de savoir que Silvester, qui avait été extérieur à leur trio, à Luchta, Niou et elle, pouvait désormais fréquenter librement la forgeronne Seelie, comme Luchta d’ailleurs, et qu’elle restait la victime de son choix, de leur choix à toutes les deux. Niou aurait-elle seulement envie de la revoir ? Credne n’en savait rien, et avait peur de le savoir, même. Et pas question de demander à Silvester de jouer les messagers, plutôt mourir. Bon, elle était peut-être bel et bien orgueilleuse, en fait…
Elle pouvait voir du coin de l’œil l’apparence de Silvester se modifier sensiblement. Elle-même ne prenait plus la peine d’arborer son glamour depuis qu’elle était arrivée sur l’île, pas même lorsqu’elle se rendait dans le territoire humain. Elle finit par le regarder franchement, obtenant ainsi une réponse à sa question avant même qu’il ne l’exprime avec des mots. Des mots bien mornes, au demeurant, mais auxquels Credne pouvait très certainement se rattacher. Oui, ce couronnement, annoncé comme le début de grandes choses, comme un renouveau tel que les Feys n’en avaient plus vécu depuis longtemps, avant été plutôt décevant, déclenchant plus de peur et de questions qu’autre chose. Néanmoins, les Sithins avaient retrouvé un peu de vie, de même que le Nemeton, paraissait-il. Vampires, Humains, agresseurs mystiques, sans parler des menaces internes qui pesaient forcément sur leurs nouveaux dirigeants parce que c’était ainsi que les Cours fonctionnaient, au gré des complots et des trahisons… Rien n’avait changé, en vérité, et rien ne changerait jamais car les Feys avaient l’autodestruction dans le sang, visiblement. Et puis finalement, à rebours de ses propres pensées, Silvester remonta un peu le moral des troupes, ce qui la fit rire doucement. Le monde n’était pas tout à fait fini tant que certaines choses restaient les mêmes, avec constance.
— Alors l’idée d’une nouvelle guerre ne te fait pas peur. Parce que j’imagine mal les choses se régler autrement que par la force. Pour ce que ça vaut, à moi non plus ça ne me fait pas peur. Si ça arrive, cependant, tu sais ce que ça signifiera. Pour nous deux.
Bon, eh bien tout dépendait de quelle guerre on parlait. Mais connaissant les Feys, ils étaient capables de se lancer dans plusieurs conflits en même temps. La logique aurait voulu qu’ils évitent à tout prix une guerre contre les Humains, qui n’en finiraient pas, et qui ne se règlerait certainement pas, cette fois, en jetant leur dernière main de pouvoir à la poubelle. La logique aurait aussi voulu que Seelies et Unseelies s’allient contre les Fomoires – rien de mieux qu’un ennemi commun pour les unifier, non ? Mais rien de tout cela n’était logique. Et au final, il était plus que probable que Silvester et elle se retrouveraient de nouveau face à face. Et alors, ils seraient confrontés à la même décision que par le passé, avec tout ce que cela impliquait en termes de conscience et de responsabilité.
— Eh bien, de nous deux, ça a toujours été moi l’oiseau de mauvais augure. Ton optimiste t’honore. Mais peut-être justement que nos nouveaux rois vont faire en sorte de ne pas répondre à toutes ces provocations. Après tout, s’il devait y avoir une guerre, elle serait déjà commencée, depuis le temps…
Tuer des Feys, après tout, était une sacrée provocation, et le fait qu’aucune des deux Cours n’ait réagi prouvait que cette fois, elles n’allaient pas tomber si facilement dans le piège de la guerre… Et les Vampires et les Sluaghs ne se massaient pas encore à leurs portes, aux dernières nouvelles. Tout cela, c’était probablement du vent, des querelles d’ego, de vieilles rancœurs.
ELEMENTAIRE SEELIE∭ spirit of nature.
Q. Silvester Cavanaugh
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester] Mer 16 Mar - 14:04
but we had survived of what we have done
ft. Blodwyn & Silvester
La réaction de Blodwyn concernant Niou et Silvester passait à la trappe, il n'avait pas envie de se mêler de leur histoire. C'était compliqué et un peu bête, mais une fois encore, s'il faisait le contraire, il s'en prendrait deux, une par chacune, même si au final, ça pourrait les réunir toutes les deux. La fierté des guerrières Feys était telle qu'il valait mieux se poser en observateur dans ses cas-là, surtout que l'élémentaire n'était en rien subtil lorsqu’il s'agissait de personnes qu'il appréciait, la subtilité était un art qu'il n'usait qu'à bon escient et il espérait l’utiliser au bon moment, autrement, il avait plutôt des manières d'éléphant dans un magasin de porcelaine plus qu'autre chose. Il ne put s'empêcher tout de même d'esquisser un sourire en coin moqueur, ponctuer par un roulement de ses yeux. La fierté et la légère pique de jalousie de Credne ne lui faisaient pas grand-chose, il était immunisé à ce genre de réaction, même si le temps passé ensemble remonté à plusieurs millénaires. Rien des plus évasifs, mais qui en disait long sur les sentiments qui animaient son amie, même s'ils étaient brefs, maladroits ou sous-entendus.
Le glamour venait recouvrir de nouveau la blessure de Silvester qui n'avait pas quitté le regard de son amie qui avait enfin daigné le regarder en face et qui l'avait écouter, en tout cas les mots n'étaient pas tomber dans l'oreille d'une sourde, même si ses conclusions étaient loin de la vérité des sentiments de l'élémentaire. Il était tenté de l'arrêter, elle et son avis, parce que contrairement à ce qu'elle affirmait, l'idée d'une nouvelle guerre les opposants lui retournait les tripes et il n'avait aucune envie de jouer un rôle actif dans une nouvelle guerre fratricide, il avait déjà donné et il avait perdu au change, même si finalement, ils avaient tous perdus quelque chose dans ce conflit. Il aimait croire que leur roi, aussi frères et ennemis qu'ils soient, ne tombent pas dans ce piège. Leur adversaire n'attendait qu'un nouveau faux pas de leur part pour agir, faire en sorte que les Feys s'entretuent avant de finir le boulot. Le fait qu'elle puisse penser que ça ne lui faisait ni chaud, ni froid piquait un peu son orgueil, lui qui pensait qu'elle l'avait un tant soit peu cerné. Il aimait croire que leur roi, aussi frère et ennemi qu'ils soient, ne tombent pas dans ce piège. D'un autre côté, il n'avait jamais eut le profile type de l'espion, même s'il avait toutes les qualités pour. Personnes ne l’avait imaginé dans ce rôle ou pensait qu'il aurait été aussi habile dans l'exécution pure de sa mission et encore aujourd'hui, s'était une expérience sur laquelle il ne voulait pas s'étendre.
Un soupir s'échappait de ses lèvres, gardant un sourire malgré les pensées qui étaient venues obscurcir son horizon, Credne marquait un point, oiseau de mauvais augure ou non, s'il devait y avoir une guerre, elle aurait dû éclater. Personnes n'avaient d'intérêt à attendre que les têtes couronnées soient en place, au contraire, s'était dans le chaos et la confusion que leurs ennemis auraient dû frapper, après la guerre fratricide, avant le couronnement ou pendant. Justement, maintenant qu'ils avaient tous manqués le coche, de justesse, il était peut-être temps pour les Feys de revoir leur organisation, de mettre un point sur leur position. Comme Silvester espérait que cet ennemi, encore inconnu pour le moment, puisse unir le Songe une bonne fois pour toute. Il aimait se raccrocher à ce genre de choses, quitte à sembler se voiler la face.
« Je pense que nos deux rois sont capables de prendre les bonnes décisions, ils veulent la même chose que la plupart d'entre nous, que nous puissions avancer, cesser de survivre, mais vivre. » Il lui adressait un léger sourire. C'était tout ce qu'ils souhaitaient après tout, pouvoir vivre un peu, sans devoir porter les armes et perdre les leur au milieu d'un champ de bataille. La guerre était un gâchis, une réalité brutale et violente, les Feys, comme les humains semblaient avoir un goût pour celle-ci malgré eux. Il y avait des combats logiques à mener, Silvester n'était pas du genre à simplement observer de loin, il avait toujours était dans le feu de l'action, même si ce n'était que l'arrière auprès des blessés. La guerre contre les humains, il s'agissait de survie de leur espèce et le droit de vivre, partager cette terre qui leur appartenait. Pour ce qui était de la guerre qui avait opposé les deux cours, ils avaient chacun défendu ce qu'ils croyaient être justes, la violence n'était que le résultat d'une escalade et succession d'échanges où l'ignorance et l'impulsivité avaient fait le pas sur la raison, engendrant la violence.
Il tirait de nouveau sur sa cigarette, tournant la tête pour regarder de nouveau en face de lui, sentant une fois de plus son cœur se soulever, lui donnant légèrement une sensation de nausée. Il voulait que Credne soit consciente qu'il avait pris certaines décisions après leur retrouvailles impromptue sur ce champ de bataille et que finalement, la perte de son père n'avait fait qu'à solidifié dans une décision qui lui était propre, dans une décision sur laquelle il ne comptait pas revenir malgré de nombreux appels du pied qu'on avait pu lui faire. « Je veux que tu saches que, si un nouveau conflit venait à nous opposer, si je peux m'éviter de vivre ce qu'on a vécu tous les deux ce jour-là une seconde fois, je me contenterai de rester en arrière au sein des équipes médicales. C'est... » Il y eut un moment d'hésitation, les mots restaient coincés au travers de sa gorge et il lui fallut un peu plus de courage et quelques secondes de plus pour se reprendre, avec un rire nerveux. « C'est là où mon père et moi, on aurait dû rester. » En tout cas, si Silvester était resté avec son père, il aurait pu le soutenir dans ses échappés sur le no man's land afin de tenter de récupérer les blessés, peu importe les camps. Il aurait pu poser des limites et anticiper sur les risques que prenait son paternel en s'aventurant trop près des lignes Unseelies. Bien entendu, il n'aurait peut-être pas pu empêcher son père de vouloir aider un maximum de Feys, mais il aurait pu lui éviter un coup fatal. Enfin, ce n’était pas la seule chose qu’il voulait admettre à son amie. « Je me doute que tu m'en veuilles encore de t'avoir mis dans cette situation, c’était la dernière chose que j’avais imaginé arriver... » Il se tournait de nouveau vers la forgeronne avec un léger sourire. « Et Credne, je suis désolé. »
THE UNSEELIE BLACK-SMITH ∭ Néné, l'Omnivore qui dévore tout, même ta main.
Blodwyn E. Tyronoe
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester] Dim 20 Mar - 19:31
but we had survived off what we have done
ft. Silvester & Blodwyn.
Luchta et Silvester n’avaient rien à voir l’un avec l’autre si ce n’était d’avoir été témoins de la séparation dans la douleur de Credne et Niou, et en la matière, ils avaient tous deux adopté une position radicalement différente. D’un point de vue objectif, la réaction de Silvester était bien évidemment la meilleure : il avait choisi de ne pas choisir, et de ne surtout pas s’en mêler. Et puis il avait choisi la Cour de la Lumière, aussi, ce qui changeait quelque peu la donne par rapport à Luchta, qui n’avait pas pu choisi un camp. Et celle-ci faisait tout de même partie du trio inséparable qu’avaient formé Niou, Credne et elle, et il avait été évident pour elle à l’époque de se poser en arbitre et de tenter d’arranger les choses. Et très honnêtement, Credne n’aurait pas accepté de la part de Silvester qu’il se mêle de cette histoire comme il l’avait accepté de la part de Luchta. Mais cela ne l’empêchait pas d’envier le Seelie pour sa position privilégiée, c’était la vie, c’était comme ça.
En attendant, l’idée d’un conflit généralisé plutôt que personnel était bien évidemment plus agaçante, quand elle y pensait. Même si elle y pensait de loin, comme toujours. Elle ne fréquentait pas vraiment la Cour, n’était pas au faut des derniers potins, des dernières rumeurs. Si un jour un conflit devait se déclencher, officiellement, autre que ces découvertes macabres de Feys massacrés à droite et à gauche, elle l’apprendrait probablement au dernier moment. Mais n’en serait pas étonnée pour autant. Elle ferait son paquetage, emporterait ses meilleures armes ainsi que ses outils, paierait quelques Humains pour lui servir de suivants et rejoindrait les troupes que Cian lèverait, pour aller se battre le jour et réparer armes et armures la nuit. Rien ne l’étonnerait dans une situation pareille, ni ne lui ferait vraiment plaisir, ni ne l’horrifierait. Les guerres, pour elle, étaient inhérentes à l’existence, des Feys comme des Fomoires comme des Humains. De même que le soleil se couchait et se levait, que les saisons passaient, que le blé poussait, était cueilli puis semé à nouveau, la guerre arrivait par cycle et était toute aussi naturelle. Aurait-elle été plus jeune que peut-être cette perspective l’aurait horrifiée. Et l’idée de se retrouver dans un camp différent d’êtres que pour l’heure elle considérait comme des amies ne la ravissait pas, évidemment. C’était toujours la même souffrance, et toujours, surtout, le même sentiment d’impuissance, qui était le pire, pour elle. Ce même sentiment qu’elle avait ressenti face à Silvester cette seconde terrible où elle l’avait reconnu sur le champ de bataille et où elle avait compris qu’il était un ennemi selon les règles en vigueur. Elle lui en avait voulu de ne pas être un allié, parce que cela voulait dire qu’il leur fallait se battre, et comme elle ne comptait pas mourir, qu’il lui fallait le tuer, alors oui, elle l’avait détesté de le forcer à devoir le tuer alors qu’elle l’aimait tant. Cette seconde était passée et contre toute attente, ou peut-être parce qu’ils étaient ce qu’ils étaient, ils avaient réussi à se sortir de cette situation sans trop de mal.
Elle le sentait immobile à ses côtés, presque statufié, la bouche scellée par les mots qu’il n’avait pas l’air de vouloir prononcer. Ce n’était pas elle qui allait le forcer à parler. Finalement, un soupir franchit la barrière de ses lèvres. Elle ne pouvait pas argumenter contre son point de vue. Paradoxalement, elle ne connaissait pas vraiment Cian, mais avait eu le temps de juger de la personnalité de Dagda, et pouvait facilement se raccrocher au train des pensées de Silvester. Oui, le temps était fini des Cours qui se faisaient la guerre. Elles seraient deux à jamais, ne fusionneraient pas et Seelies et Unseelies se méfieraient toujours les uns des autres mais une guerre ? Credne ne jugerait de rien, elle était sûre que ça arriverait à nouveau, mais peut-être pas sous le règne de ces deux-là. Même s’il était évident que des forces étaient à l’œuvre pour pousser les deux Sithins à se taper dessus. Et il s’agissait probablement de la partie émergée de l’iceberg. Jamais elle ne se permettrait de croire que le temps des guerres entre les Cours était terminé. Cependant, les paroles de Silvester étaient incongrues, au regard de leur passé commun, et elle le regarda avec une surprise non feinte. Des pensées de toutes sortes l’envahirent et elle prit quelques minutes pour intégrer ce qu’il venait de lui dire. Bien sûr, il y avait le soulagement de savoir que plus jamais ils ne se tomberaient dessus les armes à la main. Il y avait l’admiration pour la décision de Silvester, aussi, qu’elle-même n’était pas certaine de pouvoir prendre. Elle aurait pu, après tout, décider de rester en arrière avec une forge temporaire pour s’occuper uniquement de la maintenance des armes, des boucliers et des armures. Mais à l’heure actuelle, elle se savait incapable de se contenter de ça. Non pas qu’elle aimait tuer l’ennemi, mais elle ne pouvait nier aimer le combat, aimer mettre le métal de ses armes à l’œuvre. Des tas d’autres sentiments entraient en jeu pour elle, qui l’auraient empêchée de faire ce que Silvester disait qu’il ferait.
Et par-dessus tout cela, elle sentit également autre chose dans ses propos, une tension, presque une souffrance sous-tendue. Elle eut presque envie de prendre sa main entre la sienne, faute de trouver les mots qui auraient délié sa parole, pour qu’il lui explique exactement ce qu’il taisait encore. Mais ce n’était pas le genre de geste qui était naturel chez elle, ou qui se faisait à la légère, et autant le dire, elle ne savait jamais quand c’était le bon moment ou pas de faire ce genre de chose, et de peur de mal faire, se contenta de l’écouter. Elle finit par froncer les sourcils, faute de comprendre pourquoi il s’excusait soudainement.
— Désolé pour quoi ? Le ciel ne s’excuse pas de faire tomber la pluie ni le soleil de réchauffer la terre. Nous étions ce que nous étions. Je t’en ai voulu mais de la même façon que tu pouvais m’en vouloir.
Et puis ils étaient vivants aujourd’hui parce qu’à l’époque ils avaient su prendre la même décision, ensemble, une décision qui allait à l’encontre de leurs allégeances respectives, et des choix personnels qu’ils avaient fait le jour où la Haute Cour s’était divisée. Peut-être que le péché originel était là, même, et encore, qui pouvait leur reprocher d’avoir fait ce qu’ils avaient fait ? Personne. Des amitiés avaient été brisées, des familles divisées, des amours contrariées. Mais à chaque fois, en toute connaissance de cause. Et avec l’acceptation tacite qu’un jour, oui, on pouvait se retrouver confronté à un ancien ami sur un champ de bataille, et devoir le combattre, et peut-être même le tuer.
— C’est la surprise, et la peur que j’ai eue de devoir avoir à te tuer, qui m’a fait si mal réagir à l’époque. La prise de conscience que même si on s’épargnait, on allait devoir se dire adieu. Mais si tu t’excuses, pour moi, ça revient à dire que tu t’excuses d’être ce que tu es, et moi, je ne m’excuserai pas de ça.
Cela faisait-il de lui quelqu’un de plus mature qu’elle ? Elle n’en savait rien, et tant pis si c’était le cas. Et puis, il fallait les voir aujourd’hui : malgré les chaos de la vie, ils étaient là, à discuter tranquillement sur une promenade d’Irlande, au bord de la plage, et parmi les humains, qui plus est. Ils en avaient fait du chemin, non ?
— Et ta décision t’honore, et c’est pour moi un soulagement de savoir que plus jamais on ne se fera face les armes à la main.
Elle hésita quelques secondes, puis ajouta :
— Tu sais, jamais je n’aurais cru te voir sur un champ de bataille, même à l’époque. Je pensais vraiment que ce n’était pas ton genre et j’ai cru m’être trompée sur toi, tellement trompée.
Elle le voyait alors libre et audacieux, du genre à esquiver ce genre de plan, esquiver ce genre de responsabilités. Et elle avait senti tout à l’heure dans sa voix des tonalités bien différentes qu’elle avait l’habitude d’entendre dans la bouche d’un guerrier. Peut-être que la trahison avait été là plus qu’ailleurs. Comme si toutes leurs discussions, tous leurs échanges, tous ces points communs qu’ils avaient partagés étaient en fait des mensonges qu’il lui avait servis. Mais elle n’avait pas cherché ensuite à savoir « pourquoi » il avait finalement fait ça, parce qu’ils ne s’étaient jamais revus, tout simplement.
ELEMENTAIRE SEELIE∭ spirit of nature.
Q. Silvester Cavanaugh
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester] Lun 21 Mar - 11:16
but we had survived of what we have done
ft. Blodwyn & Silvester
Credne était surprise de ses excuses, pourtant le Seelie y tenait, plus qu'il ne pouvait l'expliquer. Il préférait s'étendre sur leur situation, histoire peut-être de recoller quelques morceaux de leur relation, plutôt que de s'étendre sur un sujet plus douloureux ou les couronnements. Elle était plus importante, leur amitié était plus importante. Même si cela faisait bien longtemps qu’ils ne s’étaient pas retrouvés côte à côte pour discuter, même s’ils s’étaient, tous les deux, confrontés sur un champ de bataille, même si leur allégeance respective leur interdisait ce genre de fraternisation. Silvester n’avait jamais eu de barrière dans ses amitiés et ça n’avait pas changé quand les cours s’étaient divisées, peut-être pour certain, mais pas de son point de vue.
« Je m'excuse parce que je pense sincèrement que j'aurai pu éviter cette situation si j'avais pris le temps de réfléchir. » Il aurait pu refuser l'offre de rejoindre les espions, il aurait pu refuser d'être en arrière pour aider les médecins, il aurait pu quitter la cours quand la guerre à éclaté.
Après tout, s'il avait rejoint la cours de Lumière s'était d'abord pour défendre des traditions auxquelles il tenait, défendre une philosophie spécifique et défendre un espoir. Le moment où la guerre des Feys avait éclaté, tout cela avait été brisé. Alors, certes, il s'était posé en défenseur, les Unseelies accusant les Seelies d'avoir organisé le meurtre de leur reine et c'était pour se défendre de cette accusation que Silvester n'avait pas tourné le dos à la cours. Il était certain que les Seelies n'avaient rien à voir avec le meurtre de Lizbeth et si cela avait été le cas, c'était contre le responsable qu'ils auraient dû faire la guerre et non contre les leurs. Mais personne n'écoutait à l'époque, le meurtre de Lizbeth avait tout simplement était trop, le chainon qu'il manquait pour faire exploser les tensions entre les deux cours. Au point qu'ils avaient réduit un état entier en un véritable cratère.
Cependant, être neutre non plus ce n'était pas dans son caractère et sans vouloir, offenser ou vexer son amie, il se reconnaissait un peu mieux dans les idéaux Seelies que Unseelies, même si en pratique, les deux cours tendaient cet idéal à un extrême qui le dépassait. Silvester pensait aussi que s'était en défendant certaine conviction de l'intérieur que l'on pouvait aussi faire bouger les choses, même s'il n'avait rien d'un politicien ou d'un homme influent, il aimait croire qu'il permettait à ces proches de prendre en compte son avis, surtout qu'il n'était pas le genre de personne à faire des ronds de jambe ou se dégonfler lorsqu'il s'agissait de partager une opinion.
« C'est cette déception-là que j'ai vue dans tes yeux ce jour-là. » Admettait Silvester avec un léger rire nerveux, récupérant une nouvelle cigarette pour la garder entre ses doigts alors qu'il regardait à nouveau Credne. « Tu aurais pu me donner tous les coups possibles, ce jour-là, la douleur n'aurait jamais était comparable à celle que j'ai ressentit face au regard que tu m'as lancé. » Il n'en avait pas dormi cette nuit-là, ni la suivante, rarement, s'était-il torturé autant l'esprit et après sa confrontation avec son amie, il avait décidé de changer sa façon de faire, sans pour autant revenir sur sa décision. « Certains pensent au contraire que je me suis révélé et que je suis fais pour cela, mais entre être capable de faire quelque chose et assumer les responsabilités qui s'en suivent, c'est le grand écart. Tu me connais assez pour savoir comment je suis une fois lancé, je n'ai aucun recul. Il a fallu te croiser toi sur un champ de bataille, pour réaliser l'impact de ma décision et que si je ne voulais pas que ça se reproduise pendant cette guerre que j'agisse autrement. » Et il avait fallu la mort de son père pour le dégoûter définitivement de prendre part à un conflit qui viendrait confronter les deux cours, de prendre part à n'importe quel type d'espionnage. « Je voulais tant que les choses cessent... Mon père allait dans les lignes ennemies pour aider les blessés, c'était trop pour moi et à l'époque, je ne me rendais pas compte de l'impact que l'on avait à l'arrière, on ne nous disait pas grand chose sur le front non plus, on nous ramenait des blessés graves qui repartaient au combat quelques jours plus tard, des morts ou des mourants. J'avais besoin de savoir si de l'autre côté le sentiment était le même, voir s'il y avait ne serait-ce qu'une faille à exploiter pour que tout s'arrête. Donc quand on m'a demandé en renfort, j'ai accepté, puis les choses se sont accélérées et revenir en arrière n'est pas non plus dans mon caractère. » Loyal et passionné jusqu'au bout des ongles, Silvester une fois qu'il avait dit quelque chose, était incapable de revenir sur ses paroles, il ne parlait pas à la légère lorsqu'il s'agissait de ses actions. « Je suis simplement heureux que cela n'a pas duré très longtemps pour moi. » Il avait été recruté vers la fin de la guerre, dans l'urgence et dans une situation assez désespérée où les deux camps s'essoufflaient par la longueur et la violence du conflit, on lui proposait de faire quelque chose de plus, on l'avait convaincu que cela offrait un chemin vers une résolution et il y avait une bouffée d'espoir, dans son esprit, il espionnait pour cesser le conflit, en aucun cas pour frapper les Unseelies dans le dos. Mais cela, il pourrait le tourner comme il le voulait s'était le genre d'histoire ou d'excuse qui ne prenait pas, même avec la meilleure volonté du monde et a raison, vu ce qu'il avait dû faire, c'était très loin des intentions nobles du départ.
« J'espère pouvoir être aussi efficace si un ennemi commun venait à nous pousser à devoir allier les forces de nos deux cours. » Il fallait l'admettre, rester sur le banc de touche, à l'abri dans son jardin n'avait rien des plus grisants, c'était d'ailleurs pour cela que son père avait rejoint le corps médical dès qu'un conflit pointait le bout de son nez. Silvester n'avait pas les mêmes connaissances que son père en médecine, mais il faisait un bon infirmier et pharmacien. Ce n'était pas un mauvais combattant non plus, même s'il n'avait rien d'un guerrier ou d'un soldat.
Il glissait la cigarette entre ses lèvres, un soupir souleva sa poitrine avant qu'il donne un petit coup contre l'épaule de son amie, un sourire amusé illuminant de nouveau son visage.
« Je te rappelle que je suis incapable de t'en vouloir et de toute façon je n'en t'ai jamais voulu par le passé non plus. Tu restes fidèle à toi-même et tu as bien raison de ne pas t'excuser pour ce que tu es. » Une piqûre de rappel pour la forgeronne, Silvester n'avait pas été surpris de la décision de son amie de rejoindre la cours Unseelie, c'était un choix, certes qui les avaient séparé pendant deux millénaires avant de se recroiser sur le champ de bataille, mais l'élémentaire n'avait pas oublié le millénaire précédent passé à ses côtés et elle avait toujours eu une place particulière dans son cœur, comme pouvait l'être Niou ou Luchta. Il n'avait pas anticipé la possibilité de croiser Credne sur le champ de bataille et il s'en était voulu, parce qu'il la connaissait, il savait qu'elle était autant une forgeronne qu'une guerrière et s'il avait pris des précautions, ils n'auraient pas eu à faire face au sentiment de déchirement et d'impuissance auquel ils avaient fait face.
Ce malaise, il ne voulait plus le vivre, il n'aimait pas décevoir que ce soit son père ou ses amis, comme il n'aimait pas les inquiéter, c'était des sentiments qu'il n'aimait pas ressentir, alors dans l'optique de ne pas faire aux autres ce qu'il ne voulait pas que lui, il faisait son mieux de ne pas faire ressentir ce genre de sentiment aux autres. C'était peut-être pour cela qu'il tenait tant à s'excuser et à remettre les choses au clair, qu'elle n'est plus de questions à se poser à son sujet. Qu'elle sache qu'elle ne s'était justement pas trompée sur lui et que la seule chose dont il était responsable était certainement un écart, une erreur de parcours, qu'il assumait pleinement même s'il aurait préféré l'éviter.
THE UNSEELIE BLACK-SMITH ∭ Néné, l'Omnivore qui dévore tout, même ta main.
Blodwyn E. Tyronoe
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester] Lun 28 Mar - 23:20
but we had survived off what we have done
ft. Silvester & Blodwyn.
Ah, les mauvaises décisions, les choix regrettables, les chemins empruntés à tort et le temps, cruel, qui ne coulait que dans un sens et qui ne permettait à personne de défaire ce qui avait été fait… Credne pouvait comprendre ça, pouvait comprendre cette frustration et très honnêtement, en apprenant que le choc mutuel qu’ils avaient vécu aurait pu être évité s’il avait pris une autre voie, elle se permit quelques millisecondes de révolte. Quoi, comment, ils auraient pu, ils auraient dû, si seulement, si… Mais tout ça, elle le savait, ce n’était que du vent au regard de la réalité. Cela s’était passé exactement comme cela s’était passé et des « si » en pagaille ne changeraient rien. Et qui plus est, comment en vouloir à quelqu’un pour une décision prise à l’époque ? Qu’elle soit bonne ou mauvaise ne comptait pas. Ils en avaient tous fait, des choix de ce genre, et parmi ces choix, il y en avait plusieurs qu’ils regrettaient tous, elle y compris. C’était trop facile d’y penser avec le recul et de s’accuser de tous les maux, trop facile d’y songer une fois la guerre finie, une fois la félicité retrouvée, loin des armes, du sang, de la violence et de l’urgence, assis face à la mer les cheveux dans le vent. Elle-même avait pris les armes pour certaines raisons, il y en avait même qui avaient pris les armes sans raison aucune, du moins aucune raison valable. La simple obéissance n’en était pas une, à ses yeux. Même la soif de violence lui paraissait plus acceptable. Elle porta une main à son visage, replaça une mèche flamboyante derrière son oreille, pensive.
— Tu te fais du mal en pensant de cette façon. Il fallait bien que certains d’entre nous fassent le choix de prendre les armes, et ça ne nous rend pas plus coupables que ceux qui ont refusé. À défaut de réfléchir, tu as suivi ton cœur, ou ton instinct, ou quoi que ce soit en toi qui te portait à l’époque, et d’un point de vue objectif, c’est honorable, venant de toi.
Venant de lui, oui. Il y avait des causes qui n’en méritaient pas le nom et des êtres qui n’en méritaient pas l’aura. Mais pour les autres, pour les gens comme eux, les décisions avaient été plus ou moins faciles à prendre et avaient eu leur lot de conséquences. Il leur fallait vivre avec ça, à présent, c’est tout. Le péché originel, comme dirait les Humains, étaient probablement le choix qu’ils avaient fait entre les deux Cours. Il était inévitable que certains aillent vers la Lumière et d’autres vers les Ténèbres et tout aussi inévitable qu’ils finissent tous par s’opposer lors d’un conflit. Credne ne pourrait jamais reprocher à Silvester d’avoir choisi les Seelies, parce qu’elle-même avait choisi les Unseelies, tout simplement. Le véritable choc avait été personnel, en vérité, comme une gifle de la part de la réalité. Cela tenait aussi de la naïveté chez elle, ou plutôt de son côté obtus, de son refus à se confronter aux difficultés tant qu’elles ne se sont pas dressées sur son chemin. Pas une seconde elle n’avait imaginé que Silvester puisse aller vers les Seelies, et pourtant, il n’y avait rien d’illogique à cela. Mais elle n’avait tout simplement pas voulu y penser parce que ça l’arrangeait bien et le voir soudain se dresser face à elle sur le champ de bataille l’avait choquée comme une enfant qui comprend soudain qu’elle mourra un jour. Avec le recul, encore une fois, elle se sentait coupable d’avoir jugé Silvester, à ce moment-là, d’avoir été déçue par lui, comme il le lui disait en cette seconde. Ce n’était pas lui qui l’avait déçue. C’était un tout. C’était la réalité. La triste et cruelle réalité. Un coin de maturité s’enfonçant dans son cœur et la forçant à grandir.
— Tu ne m’as pas déçue… souffla-t-elle, sans trouver les mots pour exprimer le reste de ses pensées.
Il le faisait pour elle, de toute façon. Elle était toujours impressionnée par les gens – tout le monde sauf elle, en fait – qui parvenaient à être assez clair dans leur esprit pour exprimer leurs pensées avec une telle fluidité. Elle comprenait parfaitement ce qu’il voulait dire, elle en avait rencontré, des Feys puissants et nés pour combattre et qui pourtant ne supportaient pas toute cette violence. Elle s’était elle-même bien assez souvent regardée dans un miroir après une bataille, ôtant le sang ennemi de son visage, cherchant dans son propre regard une trace de honte ou de culpabilité. Cela ne lui était jamais arrivé jusqu’à présent, et en cela, de toute évidence, Silvester et elle étaient différents. Le récit qu’il lui faisait de cette guerre qu’ils avaient vécue tous les deux lui semblait à mille lieux de la façon dont elle-même l’avait traversée, mais après tout c’était normal, ils étaient tous différents.
— J’imagine que ça n’a pas vraiment plu à ton père. Je suis désolée, pour lui. J’espère que vous avez eu le temps de vous retrouver.
Quelle avait été sa guerre ? Elle avait répondu présente au premier jour, et pourquoi ? Par obligation, un peu, à peine, puisqu’il le fallait bien. Par goût pour le combat, quand elle se retrouvait face à un adversaire de valeur. Parce qu’en croisant le fer avec l’ennemi, elle pouvait mettre son métal à l’épreuve, trouver ses failles et en faire un meilleur pour ceux qui venaient la trouver en quête d’un arme ou d’une armure qui se devait de les protéger lors d’un conflit. Et en plus de cela, pour aucune raison, simplement parce qu’elle n’avait aucun repère, rien pour l’empêcher d’y aller, personne pour la guider et un terrible besoin de faire quelque chose d’elle-même, n’importe quoi, même aller se faire tuer à la guerre. Que sa vie ait un sens, un autre sens que celui que d’autres, tous les autres, avaient essayé de lui donner. Il y avait dans ce fatras autant d’idioties que de réels questionnements. Et elle n’avait certainement pas mis un terme aux premières ni trouvé de réponses aux seconds, faute d’y avoir réellement réfléchi. Silvester, lui, semblait avoir passé du temps à y songer. C’était peut-être là la clé de la paix de l’esprit, mais à quel prix ? Elle pouvait entendre cette culpabilité qui le rongeait et ne le laisserait probablement jamais tranquille. Était-elle prête à en arriver là ? Il y avait peu de chance. Un autre conflit la mettrait à l’épreuve, de ce point de vue-là, plus sûrement que si elle se tordait les méninges des heures à ce sujet. Et pile quand elle se disait cela, Silvester lui rappelait qu’elle n’avait pas à changer. Du moins pas pour lui. Elle tourna le visage vers lui et lui sourit, d’un vrai sourire illuminé.
— Tu n’as jamais été difficile avec moi. Ton esprit est plus ouvert que l’horizon là-bas devant nous. Tu dis ça comme si aucune de mes erreurs passées ou à venir ne pourra jamais te décevoir. Tu es bien plus intransigeant avec toi-même qu’avec les autres.
Eh bien, elle supposait que c’était le signe d’une bonne santé mentale. Il fallait savoir être dur avec soi-même, plus qu’avec les autres, du moins l’imaginait-elle. Sinon, vous étiez une sorte de psychopathe, non ? Mais Silvester était juste Silvester, et soudain elle retrouvait en lui ces choses qu’elle appréciait avant, avant les deux Cours, avant la guerre, avant le champ de bataille. Cette façon qu’il avait de la mettre à l’aise avec ce qu’elle était, comme si ses défauts, dont elle avait conscience et qu’elle disait assumer parfaitement faute d’avoir la force ou l’envie de changer, ne comptaient pas pour lui. Sa brutalité, son humeur changeante, son manque d’empathie parfois ou tout simplement le fait qu’elle ne rentrait pas dans la case qu’elle aurait dû occuper, « Sidhe », à cause de toutes ces choses… Il n’avait jamais eu l’air choqué par tout cela.
— Il en va de même pour toi. Peu importe le passé tant que tu fais la paix avec toi-même. Si tu as besoin de mon pardon pour cela, je te l’accorde, voilà, même si pour moi il n’y a rien à pardonner. Je préfère encore cela que te voir changer ou changer d’avis sur ce que nous étions, et te voir hésiter sur ce que nous sommes aujourd’hui.
Mais qu’étaient-ils, justement ? Avant, oui, avant, ils pouvaient rire et se défier et se taquiner et se parler à cœur ouvert, lui sans la craindre, la créature sauvage élevée au loin dans la pierre et le feu par des sous-créatures feys, et elle sans craindre justement qu’il la fuie ou la craigne ou soit tout simplement dégoûté par ce qu’elle était. Aujourd’hui, et plus encore maintenant que chaque Cour avait retrouvé un roi, solidifiant à nouveau cette scission entre Seelies et Unseelies, les choses avaient changé. Peut-être pas eux, mais tout ce qui les entourait, oui, et ils ne pouvaient pas faire semblant de ne pas le voir, même si Credne, elle, en aurait bien rêvé.
ELEMENTAIRE SEELIE∭ spirit of nature.
Q. Silvester Cavanaugh
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester] Ven 1 Avr - 1:08
but we had survived of what we have done
ft. Blodwyn & Silvester
Suivre son cœur et son instinct, c'était la définition même ce qu'animait Silvester et Credne ne pouvait pas mieux décrire son état d'esprit, que ce soit avant les cours, après les cours, pendant les guerres ou après. Il n'avait jamais été un cérébrale, même s'il pouvait être une tête pour ce qui était des sciences en botanique et chimie, le reste de ses connaissances était basé sur ses expériences et son ressentit. Au moins, cela lui donnait une certaine flexibilité et une possibilité de rebondir, c'était en cela finalement qu'il était créatif. De plus, il n'avait jamais été doué pour analyser quoi que ce soit, les sentiments humains, les situations. Il agissait face aux faits et donc à ce fameux sentiment que les choses ne collaient pas ou au contraire que c'était la meilleure chose à faire.
C'était peut-être pour cela que tout le monde avait été surpris qu'il choisisse un camp plutôt que de rester neutre, mais il avait choisi ce camp parce que son cœur le rattachait autant aux idéaux que les Seelies prétendre ou aime croire défendre, comme à son père qui restait fidèle à Dagda où que ce dernier aille, sa foi envers ce dernier semblait bien des plus inébranlable. Silvester ancré sa foi dans autre chose que le nouveau roi Seelie, même si ce dernier restait un ami proche, un oncle d'adoption, prompt autant aux erreurs qu'à la folie et un roi qui était plus capable que certains pensaient. L'élémentaire ancré sa foi en la communauté, la déesse Danu, c'était mieux de mettre tout le monde dans le même panier et ensuite décider cas par cas si ces personnes sont dignes de cette certitude et il pouvait même revenir sur ses décisions avec le temps, beaucoup de temps pour certains cas isolés.
Toujours est-il qu'il aurait préféré reconsidérer sa décision, réfléchir à deux fois, car s'était tout de même sur les premières lignes qu'il allait s'aventurer, non plus en tant que médecin et il devait avoir l'esprit embrumé par sa volonté de trouver une solution au massacre pour qu'il ne considère pas l'éventualité de croiser des personnes qu'il continue à appeler amis.
La Sidhe n'avait pas tort, il y était allé avec le cœur, une bonne volonté, même si en pratique, les choses étaient devenues rapidement compliquée et l'élémentaire avait révélé une nature qu'il ne soupçonnait pas dormir en lui. À l'avenir, il fera de son mieux pour la considérer et puiser cette énergie pour l'user à d'autre fin. Credne lui répondait qu'il ne l'avait pas déçu, il avait levé un sourcil, d'un simple regard, il avait laissé tout le doute transpirer suite à cette affirmation. Il ne pensait pas qu'elle mentait, plutôt qu'elle préférait ne pas y penser, comme elle aurait préféré ne pas avoir le rappel cuisant de la réalité qu'ils avaient tous les deux choisi des camps opposés et leurs retrouvailles s'étaient faites sur le champ de bataille. Pendant plus de deux millénaires, ils ne s'étaient pas croisés et peut-être qu'ils auraient dû forcer un peu le destin pour éviter le choc violent. Enfin, Silvester était heureux de retrouver Credne ici et maintenant, plutôt d'attendre encore deux millénaires, même pour un immortel le temps pouvait sembler long, secoué par de nombreux changements et évènements.
Il avait manqué d'éclater de rire lorsque sa voisine fit remarquer que son père n'avait pas dû être heureux. Silvester défendait la vie avec une certaine volonté et enthousiasme, c'est son père qui ne jurait que par elle, jamais il n'aurait tué un des siens, peu importe leur cours ou la menace qui pesait sur sa vie. Il n'avait pas abandonné son jardin pour voir des centaines de Feys mourir sur des lits d'hôpital, il avait rejoint les médecins royaux pour sauver le plus de vie possible, allant jusqu'à sauver des Unseelies si ces derniers tombaient entre ses mains. Il avait détesté la guerre contre les Fomoires, celle contre les humains et la guerre fratricide.
« Mon père détestait la guerre, même s'il avait bien conscience que s'était dans notre nature. » Depuis son plus jeune âge, le père de Silvester avait tenu à ce que ce dernier soit formé au combat, pour prévenir d'éventuel conflit et l'élémentaire avait beau ne pas être un guerrier, il savait se battre, formé parmi les meilleurs par la meilleure. Pour ce qui était de se retrouver, il préférait ne pas trop s'étendre sur le sujet, il se rappelait pas mal de leur dispute, même si elle se finissait toujours par une accolade, car ni l'un, ni l'autre n'aimait se quitter sur un froid. Il se souvenait aussi de leur dernière soirée ensemble, la dernière nuit à la belle étoile, la dernière cigarette et bien entendu, il se souvenait de leur dernier mot, leur dernière poignée de main. Le choc physique et psychologique qui avait suivi le dernier souffle de son père l'avait pris un peu au dépourvu, il avait été incapable de continuer, entre colère et déni, il avait dû être envoyé loin des lignes et quelques jours plus tard la guerre se terminait.
Silvester s'était perdu dans ses pensées avant de rajouter qu'il comptait bien être au moins aussi efficace si un conflit venait à les unir et se battre pour une cause commune. Son rôle dépendrait de la nature du conflit, des ennemis, peut-être aussi de son humeur et ce fameux instinct. Il préférait ne pas trop y réfléchir, pour lui s'était évident qu'il n'y avait pas de quoi être pressé. Surtout lorsqu’il passait un instant avec Credne, il préférait ne pas trop s'avancer, même s'il profitait de sa présence pour donner un peu de son grain de sel sur tout ce qui les réunissait ou déchirait.
Il allumait sa nouvelle cigarette, un soupir soulevant sa poitrine avant de rencontrer le visage de son amie qui semblait s'être illuminé après sa dernière remarque sur elle et son caractère. Credne semblait toujours se poser des questions, elle qui n'entrait pas dans les cases et qui cachait un questionnement sur la légitimité de sa position derrière un comportement un peu cru. Silvester n'avait jamais eu un problème contre ce genre de comportement, au contraire, certains Sidhe devraient en prendre de la graine. Il ne fallait pas non plus rêver, demander à un Sidhe de se comporter comme son amie s'était déjà moyennement vue chez la noblesse Unseelie, alors la noblesse Seelie. Même si les nobles savaient tomber dans une certaine décadence qui pourrait faire passer la forgeronne pour un modèle de sophistication, lors de la dernière fête des Fiona par exemple, il en avait vu des choses. À cette pensée, il eut un léger rire, appuyant de nouveau sa tête contre la paume de sa main, regardant Credne avec un sourire amusé.
« Tes erreurs passées, je m'en fiche un peu, quant à celles du futur, on verra bien. Tu as toujours su montrer une force de caractère et suivi ta propre logique dans tes décisions, je doute que tu puisses réellement faire un pas de travers et quand bien même tu n'es pas plus à l’abri que n’importe qui d’une erreur, si ça arrive, et bien, on verra à ce moment-là. » Il tirait sur sa cigarette avant de rajouter, une veloute de fumée s'échappant. « Si je ne suis pas un peu exigeant avec moi-même, je perds le peu de crédibilité que je possède. » Affirmait-il sur un ton amusé. Il n'était qu'à moitié sérieux, Silvester prenait certaines choses sur lui, car défendre son idéal nécessité un certain type de comportement et il n'était pas parfait, loin de là, mais il visait une certaine forme d'excellence. Sa crédibilité, quelques personnes lui accordaient, parfois avec prudence, car quelqu'un d'aussi généreux et optimiste avait une excentricité des plus déroutantes. Après, l'élémentaire n'avait jamais cherché à donner tort ou raison à l'image que les gens se faisaient de lui, jouer l'idiot l'arrangeait, personne ne venait gratter le vernis. À l'image du glamour des Feys cachant leur impureté, il cachait son bon sens et perspicacité sous une dose de bonne humeur et d'optimisme qui lui était propre, s'était aussi pour protéger ses sentiments et ses blessures, d'une manière assez inconsciente d'ailleurs.
Détendu et à l'aise en la présence de Credne, l'élémentaire hochait la tête lorsqu'elle lui fit savoir qu'elle le pardonnait, même si elle restait sur sa position qu'il n'avait rien fait de mal. La forgeronne était plus têtu qu'une mule et ils étaient deux à ce petit jeu, une fois n'est pas coutume, il souriait, ses yeux d'ailleurs pétillait de malice et d'amusement. Sans hésiter, il prit la main de son amie, la serrant doucement dans la sienne. « Tu restes mon amie Credne, tu l'as toujours été, même quand les cours nous ont séparés, et même lorsque le destin nous a réunis sur ce champ de bataille et tu le resteras, peu importe si nos cours viennent à s'affronter de nouveau. Je n'ai jamais eu de barrière dans mon comportement et le choix de mes fréquentations, ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer. » Il n'en avait rien à faire des cours, de leur roi, des règles, quitte à ce que les nobles se lient en grappe pour l'exiler des territoires Seelies, jusqu'à présent, il était passé entre les gouttes, que ce soit parce qu'on le prenait pour un simplet et un imbécile heureux ou par ses fréquentations, il ne comptait pas changer sa position à ce sujet, il avait connu le monde avant les cours et sa philosophie n'avait pas changé avec leur création. « Après, si tu préfères qu'on limite nos rencontres et qu'on se contente des hasards heureux, ça me va très bien, je ne veux pas t'apporter des ennuis, les amis, c'est pour se serrer les coudes dans les moments difficiles, pas pour accumuler les emmerdes. » C'était crument dit et Silvester était sincère. Il savait que deux Feys des camps opposés qui se fréquentent connaissant le camp de l'autre pouvait apporter son lot de problème, même si pour lui ça ne regardait personne, surtout en ce moment et sur cette île.
THE UNSEELIE BLACK-SMITH ∭ Néné, l'Omnivore qui dévore tout, même ta main.
Blodwyn E. Tyronoe
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester] Sam 2 Avr - 22:58
but we had survived off what we have done
ft. Silvester & Blodwyn.
Qu’est-ce qui faisait un choix, qu’est-ce qui à l’époque les avait motivés pour choisir un camp ou un autre, ou même pas de camp du tout ? Pour Credne, tout avait toujours été clair. Elle ne s’était pas reconnue dans les idéaux Seelies et avait suivi le parfum de la liberté là où elle l’avait senti, c'est-à-dire avec les Unseelies. Il y avait cela, et il y avait le reste : le choix de Crom Cruach, bien évidemment, même si elle préférait penser avoir fait le sien de façon indépendante. Après tout, elle n’avait pas suivi Niou. Ou bien était-ce Niou qui ne l’avait pas suivie, elle ? Le choix de suivre Balor, et sa famille et ses affiliés, parce qu’elle se reconnaissait en lui et en sa façon de gérer sa Maison. La certitude également qu’elle n’aurait jamais sa place à la Cour Seelie qui déjà clamait des valeurs qui, elle le savait, la mettrait de côté, l’isolerait, ferait d’elle, la sauvageonne, l’objet du mépris général. Elle était si jeune encore à l’époque, si peu au fait des choses de la Haute-Cour, de la politique, des raisons qui avaient provoqué sa scission. Elle savait juste, à l’époque, que cette division ne pouvait pas être bon signe pour eux, les Feys, mais qu’elle était inévitable, et que le choix également était inévitable. Ne pas choisir, c’était choisir, certes, mais à ses yeux, c’était choisir par défaut. Cela pouvait paraître paradoxal mais Credne avait vu dans sa décision de prêter allégeance à la Cour Unseelie une forme de liberté. Aujourd’hui, après des siècles, elle n’avait pas changé d’idée, était même confortée dans son choix. Elle en avait bavé à la Cour Unseelie, mais ça lui donnait une idée de ce qu’elle aurait vécu chez les Seelies, ou si elle avait été livrée à elle-même, sans allégeance aucune. Et voilà à quoi cela tenait, le choix d’une vie entière, d’une éternité tout entière. Alors qui était-elle pour juger de la décision d’un autre, quel qu’il soit ? Nul ne pouvait être accusé d’avoir fait fausse route, de s’être trompé, sauf si l’accusation venait de soi-même. L’important au final c’était d’être en accord avec ses valeurs, son cœur et son reflet dans le miroir.
Ce choix avait été le père de tous les autres. On pouvait dire qu’une fois le conflit ouvert entre les deux cours déclaré, il n’y avait plus vraiment de décision à prendre : ils étaient, par appartenance à leurs cours respectives, d’ores et déjà placés sur l’échiquier, chacun de leur côté, chacun dans leur camp. Mais bien sûr, ils auraient pu choisir ne pas guerroyer. Credne l’avait fait, sans hésiter, sans le regretter. Silvester aussi, mais il semblait aujourd’hui avoir quelques regrets. La forgeronne ne pouvait que compatir. Il lui était arrivé de douter, bien sûr. Il n’y avait que les gens obtus et insensibles qui ne se remettaient pas en question. Mais elle avait toujours su trouver des réponses à ses questionnements et à faire la paix avec elle-même. Elle ne pouvait imaginer ce que cela faisait d’être dans l’état d’esprit actuel de Silvester, car ce qui était fait était fait et ne pouvait être défait et il n’y avait pas pire frustration que cette conscience aiguë et absolue que le temps ne filait que dans un sens. Et de la même façon, les gens perdus l’étaient pour toujours. Cette fois, elle ne pouvait vraiment qu’imaginer quelle souffrance cela était pour Silvester. Elle le savait proche de son père, se souvenait le respect et l’admiration dans sa voix quand il en parlait. Et elle pouvait se douter de la réaction de ce dernier quand son fils avait dû lui annoncer qu’il partait guerroyer, comme détruire coup d’épée après coup d’épée ce que son père tentait de réparer. C’étaient là des choses qui resteraient entre le père et le fils et nul ne pourrait jamais s’immiscer entre eux sur ce sujet, du moins entre le fantôme du père et le fils tel qu’il était aujourd’hui.
Credne, elle, n’avait personne à rendre fière, personne à décevoir, c’était là l’avantage non-négligeable de sa situation. Les seuls à même de la juger étaient ses amis, et les gens dont elle avait décidé qu’ils formaient sa vraie famille. Les paroles de Silvester étaient donc rassurantes. Il avait beau être un Seelie, il ne réagissait pas, mais alors pas du tout comme eux à son contact. II y en avait qui lui avaient dit, alors qu’elle était encore jeune, et que même les Seelies et les Unseelies n’existaient pas, qu’elle portait sur elle l’odeur nauséabonde des Gobelins, qu’elle avait leur langage rauque et aride plein la bouche et leur sauvagerie dans les yeux. Tout ça était probablement vrai mais faisait partie d’elle et elle n’aurait pas imaginé être autrement. Heureusement, cela ne dérangeait pas certains autres, comme Silvester. Ses paroles, cependant, étaient l’écho parfait de ce qu’elle-même avait dit à Cenn le jour où il était revenu à elle après deux mille longues années d’absence. Que tout irait bien, et qu’ils verraient, le moment venu, les problèmes survenus, comment réagir. Elle savait aujourd’hui à quel point elle avait été vaniteuse de croire qu’elle saurait se confronter au chaos une fois celui-ci surgi et il lui était désormais plus difficile de croire en ces mots. Elle porta fugitivement la main à son cou, vierge de toute trace depuis plusieurs jours déjà, comme si l’emprise de la chose à laquelle elle avait été confrontée, cette brûlure sombre et atroce, se faisait encore sentir. Une douleur fantôme. Le contact de la main de Silvester sur la sienne la ramena à la réalité et elle le regarda, se concentrant sur ses yeux, sur sa voix.
— Tes mots sont un baume pour mon âme. Et en même temps, je ne sais pas si je suis capable de voir les choses à ta manière. Je t’admire pour ta position… Et j’aimerais pouvoir dire que je suis aussi à l’aise que toi sur le sujet, mais je n’en suis pas certaine. Et pourtant, j’apprécie ce moment passé avec toi et je ne ressens aucune culpabilité.
Alors que c’était mal, non ? Ce qu’ils étaient en train de faire. Un Seelie et une Unseelie tranquillement assis côte à côte à discuter… C’était trahir leurs serments. C’était exactement cela qu’elle avait tenté de briser avec Dagda avant le couronnement. Mais enfin, Dagda allait être roi… Silvester ne l’était pas, lui, il était le pendant Seelie de Credne elle-même, ils étaient égaux. Et il rendait les choses si faciles… Elle porta sa main libre à son visage en laissant échapper un rire bref.
— Ah, je suis tellement bête, Silvester ! Il faut croire que j’ai faibli avec le temps. Je ne me serais jamais posée de questions sur nous deux, avant. C’est toi qui as raison, et non, je ne veux pas que nous limitions nos rencontres. Ce serait évidemment la décision la plus raisonnable mais nous ne le sommes pas, hein ?
Eux, écouter leur raison ? Non, ce n’était pas ainsi qu’ils étaient. Et les quelques doutes que Credne avait pu avoir étaient doucement balayés par les paroles de Silvester. Le revoir lui avait rappeler quelques douleurs du passé, mais aussi ce qu’elle était, qui elle était, ce en quoi elle croyait, et ce qu’ils étaient l’un pour l’autre. Comment avait-elle pu perdre autant confiance en elle, pour se sentir faiblir face à cette situation qui était, indubitablement, mauvaise au regard de leurs lois ? Oui, elle trahissait son roi, un peu. Et elle en souffrait, surtout par rapport à Morrigan. Mais elle s’était jurée, en prenant la main de Cenn ce jour-là où il avait détruit les grottes des Gobelins qui la gardaient prisonnière, que plus jamais un Maître ne lui dirait que faire ou que penser. Il faut croire que ces derniers jours avaient été trop épuisants, pour qu’elle perde ainsi de vue qui elle était vraiment. Elle serra la main de Silvester entre les siennes.
— Je crois que nous sommes en train de construire encore autre chose, nous deux, plus seulement ce que nous étions avant la guerre, et plus vraiment des ennemis non plus, et ce serait idiot de me couper de cela. J’ai trop tendance à oublier à quel point mes amis comptent pour moi, et tu en fais partie.
Voilà au moins une chose qui était dite, même si elle avait perdu l’habitude de dire ces choses-là à voix haute.
ELEMENTAIRE SEELIE∭ spirit of nature.
Q. Silvester Cavanaugh
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester] Ven 8 Avr - 12:32
but we had survived of what we have done
ft. Blodwyn & Silvester
Lorsque les cours se sont divisées, Silvester était loin, très loin, en Grèce et avec une tête tellement grosse qu'il n'aurait pas pu passer certaines portes. Enveloppés dans l'oisiveté et les richesses de l'Olympe, il était très loin de s'imaginer le Songe être coupé en deux, même s'il entretenait de vagues correspondances avec son père qui lui avait touché deux mots sur le sujet. À son retour, la réalité fut claquante, le Songe, des familles entières et des amis brisés, tous ayant choisi une cours ou prendre le parti de rester neutre. Naturellement, connaissant son caractère, l'élémentaire avait considéré, l'espace d'un instant, qu'il était plus évident d'être neutre, mais son père avait choisi la cours Seelie, Niou avait choisi la cours Seelie et Aengus, Diarmuid, Dagda, Anava, Taranis étaient, par défaut, allié au Sithin Seelie par leur nature de Sidhe, leur maison noble et affinité aux idéaux. À l'époque, il n'était pas prêt à tourner le dos à tout cela, pas plus qu'il n'était prêt à tourner le dos à des personnes comme Credne.
Diviser pour mieux régner, s'il n'avait jamais fait part de son avis sur la question, l'élémentaire n'en pensait pas moins, il avait détesté devoir faire un choix, mais l'idée de ne pas en faire restait absurde dans son esprit. Il avait pesé le pour et le contre, pour finalement suivre le sillon de son père. Quitte à en baver au sein d'une cours qui se voulait immaculée, alors qu'elle était plutôt une blancheur souillée de préjugés et d'intrigues qui envenimait les couloirs du Sithin. Pendant toutes ces années, il restait persuadé que c'était de l'intérieur que le changement pourrait opérer, espérant que le temps finirait par réunir de nouveau les cours, mais c'est tout le contraire qui se passa, les tensions grossissant et les désaccords laissèrent lentement la haine prendre le dessus. Toutes ces années, il avait tenté tant bien que mal à nourrir ses amitiés, autant qu'il décidait de s'échapper à nombreuses reprises du Sithin pour parcourir l'Europe. Il n'y avait rien à faire, les Feys et leur grandeur déclinaient et malgré la révélation, malgré la guerre contre les humains, rien ne semblait se mettre en chemin du conflit éminent. Du jardin des Lumière ou des territoires humains, Silvester continuait à nourrir l'espoir qu'un jour les cours devront de nouveau s'allier malgré leurs différences.
Sa détermination à cultiver ses amitiés était tout aussi infaillible, peu importe le nombre de conflits qui se dressait entre les deux cours, il avait cette vision, un peu naïve ou plutôt idéaliste que l'amitié était plus forte que tout. C'était pour cela que pour lui les cours importaient peu, il avait porté allégeance à une cours pour ses idéaux et non au nom d'un conflit contre la cours adverse. Il prêtait un serment de défendre l'honneur, la beauté et s'acquitter de ses dettes, pour lui, l'honneur était propre à ses combats, la beauté existait dans toute âmes et s'il faisait une promesse, il la tenait tout autant qu'il n'oubliera pas une main tendue. Son combat était celui de défendre les Feys, leurs terres et ses amis, tout horizon confondu, il était prêt à donner une chance aux personnes de rattraper leurs erreurs et il répondra toujours présent si une bonne âme avait besoin de lui. Ses fréquentations, cela ne regardait personne, il préférait prendre tout les risques pour une amitié, parce que s'était ainsi qu'il avait été élevé.
« Non ! » Éclatait-il de rire. Ils n'avaient jamais été raisonnables dans le fond, Silvester avait toujours été cet étrange électron libre qui voyait au-dessus des rangs tout comme il voyait au-dessus des cours aujourd'hui. Ce n'était pas forcément bien vu, mais il ne pouvait pas être aimait de tout le monde et il y a bien longtemps qu'il aurait changé d'attitude si ça le dérangeait. Justement, ça ne le dérangeait pas d'être perçu ainsi, comme un Fey qui s'oubliait en présence d'un Sidhe et donc se faisait remonter les bretelles. Généralement, la situation le faisait rire et dans ses fréquentations, on l'avait souvent apprécié pour ce genre d'écart de comportement, par chance ou parce que les traditions Feys étaient démodées déjà en leur temps. Peut-être aussi se permettait-il autant d'écart parce qu'il connaissait les règles sur le bout de ses doigts, ou qu'il n'avait pas de limites. Au fond, cela lui importait peu, il traitait tout le monde de manière égale, en fonction du contexte et de leurs actions, il pouvait alors porter son propre jugement et décider de ses manières, non l'inverse.
L'élémentaire avait bien sentit son amie avoir un moment d'hésitation, un moment qu'il n'avait pas voulu relever, mais plutôt lui dire ce qu'il avait sur le cœur et la rassurer sur ce qu'ils étaient pour lui. Il ne pouvait pas savoir ce que pouvait bien penser son amie à ce moment précis, mais il la soupçonnait de se prendre un peu trop la tête et trop analyser la situation plutôt que de suivre son instinct et son cœur. Il l'avait pourtant connu à une époque où elle s'était libérée de ses complexes, elle emmerdait le monde et n'en faisait qu'à sa tête. Peut-être que s'était vrai, le temps et les blessures l'avaient faire faiblir, de temps en temps, mais il ne pouvait pas croire un seconde qu'elle n'était pas restée fidèle à ce qu'elle était. Silvester avait plutôt gardé sa nature de grand spontané, celle que l'on trouvait déplacée et manquant autant de tact que de tenue, mais au moins, s'était celle qui venait du cœur et parfois, une action valait mille mots. Il sentait alors la main de Credne se poser sur la sienne qui tenait l'autre, son sourire s'étirant un peu plus, attentif à ce que son amie allait lui dire et elle lui confia qu'elle sentait que quelque chose entre eux était en train de prendre forme, quelque de nouveau, peut-être d'un peu différent, le résultat de presque deux millénaires à ne pas se voir, d'une guerre qui avait laissé des cicatrices et des évènements qui venaient de secouer leurs îles.
« Tu pourras toujours compter sur moi. » Lui assurait-il sans hésitation. Ce n'était pas une promesse à proprement parler, mais s'était tout comme, surtout venant de Silvester, les mots avaient leur poids et il ne pouvait pas se permettre de lâcher ce genre de paroles à la légère. Il posait sa main libre sur l'épaule de la jeune femme afin de la réconforter un peu et d'appuyer un peu plus la sincérité de ses mots. « Et je ne veux pas que tu l'oublies, peu importe la raison qui te poussera à me demander ton aide, je répondrais présent. » S'il y avait des risques, il les prendrait, il pouvait faire confiance à son amie que si elle venait le voir dans un moment critique s'était pour une bonne raison. Il laissa sa déclaration se graver dans l'esprit de son ami, son regard pétillant ne la quittant pas des yeux, prêts à tout, certainement, surtout pour Blodwyn.
« Tu sais, reprit-il en retirant sa main pour écraser la cigarette, j'avais un peu la trouille que tu m'en mettes une pour t'avoir fait un coup pareil, d'ailleurs, si tu te comportais avec moi comme avant, tu ne te serais pas gêné. » Confiait-il avec un léger éclat de rire, son regard n'avait pas changé, malicieux avec ce sourire amusé qui illuminait son visage alors qu'il donnait un petit coup d'épaule. « Mais au moins j'ai déjà réussi à t'arracher un rire et un sourire, c'est un bon début, tu fais plus ta tête des mauvais jours. » Rajoutait-il avant de regarder l'horizon azur qui s'étendait devant eux. « Je ne te l'ai pas dit, mais je m'occupe du Jardin de Lumière et ça me plaît. » Ce n'était pas une grande révélation, mais il était fier de prendre la suite de son paternel, autant qu'il espérait être aussi digne que lui dans cette fonction, même si pour le moment, il se trouvait loin de ce cher jardin tout en échangeant avec ce que certain pourrait considérer comme l'ennemie.
Credne n'avait jamais été cela pour lui, pas même sur le champ de bataille, il le lui répétera autant de fois qu’elle le souhaitait, que ce soit pour la rassurer ou se rassurer lui-même. Tout ce qui comptait pour lui, c’est qu’elle ne culpabilise pas d’être son amie et qu'elle soit fière de lui, peu importe ce qu'il faisait ou ce qu'il était.
THE UNSEELIE BLACK-SMITH ∭ Néné, l'Omnivore qui dévore tout, même ta main.
Blodwyn E. Tyronoe
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester] Dim 10 Avr - 15:47
but we had survived off what we have done
ft. Silvester & Blodwyn.
C’était à se demander qui avait dicté ces règles et pourquoi. Qui, à l’origine, s’était réveillé un matin pour ordonner au peuple Fey tout entier de se diviser en deux Cours et de choisir une allégeance. De dire adieu à des amis, à des frères, à des mères, parce que bien sûr qu’il y avait eu des adieux. Dans cette histoire, absolument personne n’en était sorti indemne. Et il fallait aussi avoir de sacrés utopies concernant la nature des Feys et même la nature des êtres vivants et doués d’intelligence en général, pour croire que tout se passerait facilement et que les adieux seraient définitifs. Oui, cela faisait plus de deux mille ans qu’ils vivaient tous sous le coup de cette règle absolue, de cette opposition sacralisée par l’existence des deux monarques et des deux Sithins : Lumière contre Ténèbres, Seelies contre Unseelies. Et dans le monde idéal que les décideurs d’alors avaient imaginé, il n’y aurait aucun contact entre les deux peuples si ce n’était celui de leurs lames les unes contre les autres. Que tout naturellement, les amis d’antan se mettraient à se haïr, les familles d’alors à se déchirer, au nom de la règle, d’une loi nouvelle et arbitraire, qui, pour peu qu’elle venait de Danu elle-même, n’en restait pas moins difficile à accepter. Alors, bien sûr que les choses ne s’étaient pas passées comme ça. Malgré les haines, mais des haines nées justement du choix qu’ils avaient tous fait, malgré les allégeances sincères des uns et des autres à leur Cour et à leur roi et malgré, au final, un réel sentiment d’appartenance à son peuple, Unseelie ou Seelie, qui avaient débouché sur des conflits, des accrochages, une véritable guerre… Malgré tout cela, bien sûr que les contacts étaient fréquents, bien sûr que les amitiés existaient, et probablement les amours également, même si c’était là une sacrée malédiction à se faire subir à soi-même.
Alors oui, Silvester et elle brisaient une règle en se parlant ainsi et se projetant même dans un avenir commun, mais c’était en même temps dans leur nature à tous les deux : aller à contre-courant, déjà, mais aussi, et tout simplement, ne pas laisser une règle s’insinuer entre leurs sentiments. Leur nature était dans ce choix-là, le choix qu’ils faisaient de se fréquenter, et pas dans le choix qu’ils avaient fait deux mille ans plus tôt. Et on ne pouvait pas lutter contre sa nature, ou plutôt si, on pouvait, mais au prix trop élevé de bonheurs simples tel que retrouver un ami. Ce serait se faire du mal que de lutter contre cet élan. Et de toute évidence, Silvester était sur la même longueur d’ondes qu’elle. Eh bien, cela ne leur était pas arrivé depuis ce jour sur le champ de bataille, n’est-ce pas ? Où les envies du cœur n’avaient eu en aucun cas voix au chapitre, où seule la raison devait compter alors, et les réflexes. En l’occurrence, les paroles de son ami étaient réfléchies autant que spontanées, elle le sentait, nées d’une pulsion de l’instant mais prononcées pour durer également. Elle hocha doucement la tête, prenant note de sa promesse. Il y a quelque temps, elle n’y aurait probablement pas plus que cela prêté attention, mais désormais, elle prenait conscience un peu tous les jours que l’armure qu’elle portait sur elle depuis toute petite, depuis qu’elle était l’esclave des Gobelins, et en laquelle elle faisait une confiance aveugle à cause de la force de l’habitude, était en vérité pleine de fissures, en train de se désagréger. C’était un comble pour une forgeronne ! Elle rejeta une mèche de cheveux flamboyant par-dessus son épaule.
— C’est à cette époque que j’ai failli faire sauter ta tête de tes épaules. Si tu savais à quel point tu es passé près… Et à la limite, ça aurait eu du sens à ce moment-là, même si je ne m’en serais probablement pas remise. Mais aujourd’hui, non, je n’ai pas du tout envie de te secouer.
Il faut croire que malgré tout, elle avait grandi. Un peu. Elle avait fait des efforts pour se civiliser. Et peut-être aussi qu’en ce moment, elle était effectivement dans des mauvais jours. Cela dit, cette seule réflexion de Silvester lui donna envie de se rebeller, ce qui prouvait que le feu couvait encore sous la cendre. Couvait, c’était le mot. Elle se contenta d’un rire bref, encore un, oui, puisqu’il avait raison quant à sa capacité de la sortir de son marasme. Elle dut faire un effort pour se souvenir de ce qu’était le Jardin de Lumière, cependant. Bien évidemment, elle n’y avait jamais mis les pieds, et l’aurait-elle pu que peut-être, elle n’aurait pas eu la réaction attendue. La nature n’était pas son fort, elle avait du mal à sentir un lien entre elles, n’y connaissait rien en végétaux et fleurs, si ce n’est le bois. Pourtant ce n’était pas faute de suivre Yelena dans ses excursions ou d’écouter Isleen lui décrire quelle plante avait quel effet sur qui. Mais Credne savait qu’il en serait toujours ainsi, qu’elle serait toujours une créature de feu, de pierre et de métal. Cependant, elle en savait assez pour savoir que c’était un poste très élevé qu’occupait Silvester.
— Ce doit être quelque chose, ce Jardin. Je préfère tant de savoir là-bas que t’imaginer une arme à la main… J’espère que tu sauras lui rendre son éclat d’antan, j’ai entendu dire qu’il était superbe, mais qu’il souffrait de…
Elle ne termina sa phrase que par un geste vague en direction des Sithins, qui étaient restés éteints si longtemps, avec toutes les conséquences que cela avait eu. Quant à ce jardin, eh bien, les choses étant ce qu’elles étaient, Credne ne le verrait jamais de ses yeux, bien évidemment.
— Nous aussi nous avons un jardin, le Jardin des Ténèbres. Il fait partie des rares choses que j’apprécie dans le Sithin. Il faut le voir la nuit, évidemment. Je suis sûre qu’il te plairait, même s’il y a beaucoup de pierres et de grottes.
C’était bien pour ça qu’il plaisait à Credne, en tout cas. La nuit, la pénombre, les lucioles argentées et les pierres qui s’élevaient un peu partout comme des sépultures naturelles se détachant dans la nuit et appelant au calme et au silence.
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: But we had survived off what we have done [Silvester]
But we had survived off what we have done [Silvester]