Sister, sister O' so fair - Why is their blood all over your hair? [PV Taranis]
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THE BLOODY TWIN ∭ Nom d'un petit Essus Suisse, elle va te saigner !
Narcisse K. Ó'Maiolrain
Sujet: Sister, sister O' so fair - Why is their blood all over your hair? [PV Taranis] Ven 8 Avr - 9:02
La pièce est plongée dans un silence glacial. C'est probablement le revêtement aseptisé des murs qui donne un tel effet d'optique. Qui crée et entretient une telle illusion de total décalage avec la réalité qui continue à se maintenir à l'extérieur. Ici règne le froid. Ici prospère la distance. Le rejet. C'est tellement imbu d'un mutisme inhérent à la scène principale qu'on pourrait entendre une mouche voler. Enfin, en théorie. Nous savons tous qu'ici-même il n'y a pas de place pour les nuisibles. Et encore, je pèse mes mots.
Mes talons claquent sur le bitume poli. Ça ricoche dans tous les sens. Dans mon dos naît un écho en crescendo. Il semble me suivre autant que me fuir. Il me pourchasse et me lèche les basques. Il m'effleure t déjà se retire. Il me jauge. Il me cherche. Il me nargue. Et il s'en amuse. Je le laisse faire. Je suis bonne joueuse. Au pire je l'attends au retour. J'ai beau être seule ici, cela n'empêche en rien à ma démarche d'être fidèle à mon image. Malgré ma blouse blanche immaculée. Malgré ma longue crinière enroulée dans un chignon sobre. Malgré une multitude de détails et encore plus de fanfreluches, je suis et aie toujours état une sidhe de noble lignée. Pourquoi m'en cacher? Même lors de mon exil dans les bassesses ce monde gangréné, jamais je n'ai renié mes racines. Jamais je ne me suis pliée aux lois d'une facilité aberrante. Etrangement, je semble presque dans mon élément ici. Mon visage naturellement si pâle me donne une allure stoïque. Indifférente. Malade aussi. Cela sied à la perfection au rôle que j'occupe. A ce nouveau monde dans lequel je vis et évolue en attendant patiemment la révolte. Cela vous étonne n'est-ce pas? Que la patience est bel et bien mon alliée dans l'histoire. Qu'elle est comme une amie invisible, mais ô combien fidèle. Comme une couverture de rechange qui se pose sur mes épaules à la tombée de la nuit. Vous et vos images sournoises. Croyez-vous vraiment que nous aurions survécu à toutes ces décennies de persécution gratuite sans un minimum de jugeote? Que nous aurions pu atteindre la gloire de nos ancêtres à travers la fatalité d'une génétique héréditaire? Le titre de noblesse a beau se transmettre par le sang, soyez assurés que son maintien se mérite plus qu'il ne s'éternise.
Mais assez de cela. Revenons-en à ma partie préférée qui incombe à ce poste de légiste qui en fait grimacer tant et qui en rebute tellement plus. Il faut dire que la morgue n'a jamais été un endroit de prédilection, que ce soit pour le peuple fey ou encore cette risibilité croissante qu'est l'être humain. J'avoue ne toujours pas comprendre les réticences énoncées. Mes clients n'ont aucune animosité à mon égard. Mon public est bon joueur. Et la famille des victimes se contentent généralement de hocher la tête face à l'explication médicale que je peux leur fournir. Je pourrais encore leur mentir de vive voix, un sourire aux lèvres que cela passerait pour du pain béni. Bon d'accord, j'ai toujours su que l'humanité était vouée à un échec cuisant, mais de là à se pouvoir dans une telle médiocrité. Comment diable peuvent-ils être responsables de notre chute?!
Qu'à cela ne tienne. De mes doigts sibyllins je caresse les différentes portes qui abritent les corps en cours d'étude. Aujourd'hui ils sont trois. Mon shift se termine dans une heure déjà. Cela me laissera à peine le temps de jouer avec un seul énergumène. En règle générale je ne travaille pas forcément selon un horaire fixe. Cela dépend de la fraicheur de la marchandise. De la demande. De l'offre aussi. Mais voyez-vous, ce soir j'ai un rencard. Et comme je déteste profondément et viscéralement les désaccords de ponctualité, je préfère m'atteler immédiatement à la tâche. Qui plus, cela me laissera une petite distraction supplémentaire pour demain matin.
Je finis par défaire la petite sécurité et ouvre le portail. D'une main experte j'attrape le bas du plateau glissant et fait sortir le macchabée de sa sombre cachette. Un drap de couleur blanc cassé recouvre la majeure partie de son corps. Seul dépasse l'extrémité du pied auquel est attaché la petite étiquette informative. Je n'y prête aucune attention. Je me moque bien de son nom, de son âge, de son origine et même - je dois bien l'avouer - de la raison exacte de sa mort. Oh, je finirai bien par le découvrir, mais cela n'a pas vraiment d'importance. Du moins pas pour moi. Plutôt pour la famille. Accessoirement pour la paperasse. Mais passons.
Je replie le drap protecteur sur la moitié inférieur du corps et commence à tournoyer autour du cadavre. Et après c'est mon teint qu'on définira comme trop décalé par rapport à la réalité. Soit. Du bout des doigts je viens effleurer l'épiderme. Je viens caresser la peau. Des gants? Pas encore voyons! Les phalanges de mon index et de mon majeur droits s'amusent à escalader la paroi thoracique. J'avoue, je me sens comme une enfant capricieuse à laquelle on vient d'offrir un met de premier choix. Il ne l'est pas bien sûr. Cet homme n'est jamais rien de plus qu'un kith lambda qui a été envoyé ici plus par procédure que par réel soucis de santé publique. Aucune requête officielle. Pas la moindre injonction à faire "au plus vite". Rien. A se demander si quelqu'un s'était seulement rendu compte de son trépas. Peu importe, cela m'arrange plutôt bien. Je finis par relâche ma dextérité amusée de son torse faiblement poilu. Je m'éloigne un peu et attrape un brancard fraichement huilé. Le grincement des roulettes à tendance à rapidement m'exaspérer. J'effectue le transfert du corps sans la moindre difficulté. Il faut dire que là aussi ma nature sidhe est à remercier. Je referme la petite porte d'un mouvement des hanches et ramène mon patient au milieu de la pièce. Moyennant un subtil jeu d'interrupteurs et autre, je fais descendre un câble métallique se terminant en crochet de boucher. Remarquerez, ce rôle aussi j'aurais pu l'endosser à la perfection. Sauf que ce n'est pas le porc qui m'intéresse comme bétail. Quoique ...
J'enroule une corde épaisse autour des chevilles de monsieur Doe (je n'ai toujours pas zieuté son nom sur l'étiquette) et m'assure que le nœud est bien solide. Croyez-en mon expérience, il vaut mieux. Une fois satisfaite du résultat, j'embroche la bête sur son crampon et j'actionne le mécanisme d'enroulement. Lentement l'homme se fait remonter tel un pendu inversé. Lorsque finalement sa tête quitte le chariot, j'arrête une nouvelle fois la machine. J'évacue le brancard que j'échange pour une bassine de taille moyenne. Je viens la placer sous le pantin amorphe. Je l'observe une dernière fois dans son intégralité. Puis, avec précision et professionnalisme, je viens porter plusieurs incisions méticuleuses au nouveau de la nuque et de la jugulaire. Le rouge ne tarde pas à trouver la sortie. Je m'éloigne d'un pas. Puis d'un autre. C'est un sourire aux lèvres que je regarde les lois de la gravité s'activer. Mon ficus va ronronner de plaisir ce soir en me voyant rentrer.
~.~
C'est fou comme le temps passe vite quand on s'amuse. Du coup, je suis à la bourre. Je déteste ça. Je pique un sprint vers le carrosse. En talons aiguilles ce n'est vraiment pas le top. Peu importe. Je m'engouffre dans l'habitacle et manque bien de ravaler ma fine pensée tandis que la porte se referme dans mon dos. Je me sens comme le lapin blanc dans ces contes à dormir debout. Une fois sur la route ce n’est plus qu’une histoire de temps avant que je dévale à toute vitesse la moitié de la ville en pleine nuit.
Depuis que je l’ai découverte, je dois bien dire que j’ai toujours été grande partisane de la vitesse (même si ma relation privilégiée à l’encontre de la nature m’impose de me déplacer majoritairement à pied). Mais là pour le coup si j'avais dû me rendre à patte en pleine banlieue, je n'aurais pas eu le temps de vider mon cobaye. On ne dirait pas comme ça, mais six litre cinq ça prend du temps à s'écouler. Je laisse le vent s'inviter dans la bête (soit on fait les choses bien, soit on ne les fait pas) et jouer avec mes cheveux. D'une main habile je viens détacher mon chignon. Ma crinière semble comme respirer à nouveau. Et moi aussi par la même occasion.
J'arrive au lieu de rendez-vous un petit quart d'heure plus tard. C'est là que je me rends compte que je porte toujours mon uniforme. Je joue des épaules et me débarrasse de ma blouse blanche que je jette négligemment à l’arrière. Je l'échange contre une simple veste sans grand intérêt. Perso j'aurais préféré une jolie cape mystérieuse avec un énorme capuchon qui entretient le mythe. Mais quand on veut jouer sur la carte de la discrétion, ce n'est pas vraiment idéal. Je me contente d'un léger haussement des épaules et me dirige en ligne droite vers la porte d’entrée. Aucun regard vers l’arrière. Le passé c’est le passé.
Je pénètre le bar à l'ambiance tamisée. Je n'ai aucun mal à repérer la silhouette de mon rencard. Rien qu'en approchant de son emplacement assis, je sens mes lèvres se muer en sourire amusé. Je suis certaine que tu m'as senti entrer. Vilaine fille que tu fais. Mais je suis bien pire. Je me glisse dans son dos et me penche un peu afin de lui décoller un baiser chaste à même sa tempe droite.
>> Bonsoir petite sœur.
Le contact a toujours été électrifiant entre nous. On va mettre ça sur le compte de son ancienne gloire olympienne. Je prends place sur le tabouret installé à sa droite.
>> On reste au bar où tu préfères qu'on se trouve une table plus retirée?
Je sais bien que nous ne sommes pas sensées nous côtoyer aussi ouvertement, mais franchement. Tu crois vraiment que quelqu'un est prêt à perdre son temps à nous filer en douce?
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Saíréann J. Mac Cárthaigh
Sujet: Re: Sister, sister O' so fair - Why is their blood all over your hair? [PV Taranis] Dim 1 Mai - 16:42
I love the way you lie
J’avais plus de souvenirs que si j’avais cinq mille ans. Et pourtant, je n’avais que quatre mille petites années. Ma mémoire était encombrée de mille et un souvenirs. Lorsque je marchais, un simple parfum m’évoquait des années et des années de romance, d’amour, d’orgie. Une sobre fragrance me rappelait des dizaines de douleur. Ma tête était obstruée de tiroirs d’ébènes aux poignées d’ivoires. Ils étaient remplis de vers et de billets doux saturés de promesses de fraternité, de déclarations de haine et de guerre ridicules et théâtrales. Le fumet des festins était la réminiscence de ma gloire d’antan ; ces offrandes faites aux dieux pleines de basilic, de thym, de romarin et d’herbe en tout genre et aux senteurs enivrantes. Oui. Aujourd’hui, j’étais nostalgique et la mélancolie avait pris possession de mon âme
Il avait été impossible de flâner. Je devais organiser la nouvelle protection de notre Sithin. Vivant. Lumineux. Glorieux. Tel était-il redevenu depuis que Dagda avait repris son trône. Non. Pas le sien. Pas totalement. Des rumeurs couraient. Là. Par ici. Dans les bas-fonds de Douglas. Aux abords du Nemeton. Le vent le murmurait aussi. À croire que la Déesse-Mère voulait que ça se sache. Le Haut-Roi David qui avait déserté était réapparu pour tuer le frère du roi. Car oui, Nuada ne serait jamais mon souverain et il faudrait me mettre une lame en fer sous la gorge pour que je daigne seulement dire qu’il avait l’étoffe d’un monarque. Ma fierté dépassait la frontière de la mort ou de la vie, ma peur de l’oublie. J’étais une Seelie. J’étais liée à la Lumière. Par Zeus ! Par moi-même ! Par Danu ! De par mon existence, mon essence, ma main de pouvoir, j’étais faite pour illuminer le ciel de ma magnificence. Chaque particule de mon corps, chaque substance de ma conscience étaient nées pour éclairer les plaines au moment où les nuages voilés la face du soleil. Nous les feys, nous ne sommes pas faits pour vivre dans la noirceur. Sont ténèbres, les enfants d’Unad, ceux qui fuient l’astre du jour. Mais nous ? Nous les saintes progénitures de Danu : n’entachons-nous pas sa mémoire en nous proclamant « Cour de Ténébre » ? Enfin, nous... Vous voyez bien de qui je parle. Les Unseelies se trompent. Oui. Nous ne sommes pas blancs comme la neige. Nous ne sommes pas noirs comme le charbon. Nous sommes feys : modeler dans la passion à partir de l’argile de la terre, saupoudrer de limon charrié par les plus fortes rivières, battu par le creux des vagues de la mer, lustrer par le sable, éroder par la violence du vent. Nous sommes la nature elle-même.
En tout cas, c’était ma vision des choses. Après, pour être honnête, je pensais que le roi des Unseelies avait également les qualités d’un monarque. Elles étaient cependant autres que celle du nôtre. Qui n’avait jamais entendu parler des exploits du petit frère de l’ombre ? Qui n’avait jamais eu ouï dire des victoires de la reine aux cheveux flamboyants ? Ils n’avaient pu partager une femme en étant pourtant deux satanés feys… Alors, partager un royaume ? Nous étions séparés d’eux par une frontière physique et morale. Nous nous étions déchirés à cause de nos convictions, mais surtout en raison de notre concupiscence. Moi la première. Est-ce que je regrettais ? Pas le moins du monde. Je referais une à une chaque erreur de ma vie. Je me pavanerai encore et encore tel le paon, emblème de mon imaginaire et fantasque épouse antique. Je choisirais de nouveau la cour de lumière quitte à en mourir cette fois sous la lame de ma jumelle.
En parlant de sœur... La journée fut des plus remplies. Je laissais des ordres et me retirais. Nous les feys, nous étions endurants. Étais-je fatiguée ? Certainement pas. Mais j’avais une vie. Le Sithin ne pouvait pas être plus protégé qu’aujourd’hui. Au lendemain d’une attaque, on double ses effectifs, on multiplie les rondes, on reste plus vigilant. L’erreur arrive quand on relâche l’attention : c’est cet instant où les yeux du garde se ferment d’ennui et de paresse, car cela fait une décennie qu’il regarde devant lui sans rien voir. Je quittais donc notre contrée pour me diriger vers l’ancienne ville humaine. Enveloppais de mon Glamour, je pénétrais à l’intérieur du bar. Les lumières tamisées étaient parfaites pour un rendez-vous discret. Les Seelies et les Unseelies n’étaient pas censées se fréquenter. Cela pouvait même passer pour un acte de trahison. Je ne ferais jamais ça à mon camp… Mais la famille s’est sacrée. On n’en a qu’une. Le lien de sang persistait à travers les temps. Il hurlait dans les veines de chacun, que ce soit pour énoncer un discours d’aversion ou d’amour. Il ne se taisait jamais.
Je m’assaillais au bar, dans un coin où la lumière était encore plus faible, à l’abri des regards indiscrets et commandais un whiskey irlandais. Mes yeux céruléens de mon enveloppe humaine se perdirent dans la contemplation du liquide dorée. Je préférais le vin et l’ambroisie. Je préférais la boisson des dieux antiques grecque, mais ici, impossible de trouver un vin digne de ce nom. Ce n’était pas la boisson du nord. Il fallait des alcools forts pour tenir durant les hivers interminables et les étés frais. Je ne crachais pas sur les terres ancestrales de mon peuple, mais j’aurais préféré continuer à mener une vie paisible sur ma montagne grecque … Cette connasse de Destinée avait décidé autrement … Je portais le verre à mes lèvres. Elles furent tout de suite échaudées par la teneur en alcool. Le liquide coula sur ma langue, paralysant mes papilles gustatives avant de mettre le feu à ma gorge, mon œsophage, mon estomac. Je reposais le verre. La première gorgée était toujours la plus pénible. Dès la seconde, je commencerais à percevoir les arômes de vanille et de miel du breuvage irlandais. Tout à coup, j’eus la chair de poule. Chaque partie de ma peau se mit à frissonner. Une douleur latente se manifesta. Ma seule et unique cicatrice enflamma tout le bas de mon dos. À croire que le whiskey avait réussi à se frayer jusqu’à mes reins. Cette sensation, je ne la ressentais que depuis la fin de la guerre contre les Unseelies ; je l’éprouvais que lorsque ma jumelle était dans la même pièce que moi. Un tendre baiser qui vint se poser sur ma tempe. Mes cellules s’électrisèrent et envoyèrent une microdécharge. La voix suave d’Essus résonna ensuite à mes oreilles.
« Bonsoir. » Répondis-je d’une voix paisible.
J’observais ses traits. Je la trouvais magnifique, même sous ses traits humains. Sa blondeur était comparable à la mienne. Nos yeux bleus se miraient et se reconnaissaient. Essus avait de belles pommettes, mais les miennes étaient plus gonflées, plus remontées. Elle ressemblait plus à notre père qu’à notre mère. Pour moi, c’était l’inverse. Elle n’avait pas hérité que des traits physiques de notre géniteur. Je le savais, Essus aimait autant comploter que lui.
« Allons nous asseoir dans un endroit plus discret. Nous ne devons pas être vus ensemble. Encore moins avec ce qui s’est passé au couronnement. »
Je me taisais et portais mon verre à mes lèvres et l’avalais cul sec. Je faisais signe au Barman pour qu’il me resserve.
« Un double cette fois. »
Pas de politesse. Je n’étais polie qu’avec les personnes que je considérais ou qui avaient de l’importance. Le barman n’en avait pas.
« Commande et allons nous chercher une place à l’arrière du bar. »
Je sautais du tabouret et allais en quête de notre cachette pour les prochaines heures à venir. Installés, nos verres posaient sur la table, je lançais la conversation.
« Tu n’as pas été blessé lors du couronnement ? J’ai entendu ce qui s’est passé. Tu as dû entendre ce qu’il est advenu de notre côté. »
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Narcisse K. Ó'Maiolrain
Sujet: Re: Sister, sister O' so fair - Why is their blood all over your hair? [PV Taranis] Mer 11 Mai - 8:30
Un léger picotement s'éprend de mes lèvres tandis qu'un frisson des plus délectables vient sans gêne me lécher la colonne vertébrale. Ton Glamour et le mien sont aussi indissociables que le sont nos esprits. Aussi fugaces et volages que le sont nos envies. Ils s'attirent mutuellement comme des aimants en surcharge. Dès que tu es à proximité, petite sœur, je dois me faire violence pour maintenir cette forme si abjecte à nos sens. L'entends-tu? Le sens-tu? Ce ronronnement inépuisable. Ce grognement sourd et rauque qui s'élève depuis le néant et n'aspire qu'à nous envelopper dans sa promesse de mieux. Je suis tentée de céder à la vulgarité apparente d'une telle facilité. Ce n'est pourtant pas dans mes habitudes. Ah Taranis, comme je suis faible en ta présence. Comme je néglige l'étiquette imposée par notre rang. Il suffirait d'un mot de ta part. D'un seul. Mais ça ... tu le sais déjà non?
Nos regards s'accrochent et nos pupilles réagissent au quart de tour. Je sens littéralement les effluves carmines se tordre et se distordre depuis le centre de mes iris. Le spectacle, à n'en point douter, doit être d'une intensité aussi magnifique que ce qui transparait actuellement dans ton propre regard. Je pourrais m'y perdre. Si seulement tu me l'autorisais. Ce que tu ne fais pas bien sûr. De nous deux, tu as toujours été la plus lucide. Etrange n'est-ce pas, comment je le suis moi-même en tout temps sauf en ton intoxicante présence.
Le ton sec utilisé à l'encontre du barman termine par me sortir de ma transe. Je secoue à peine la tête et reporte ma propre attention sur sa risible silhouette tandis que toi tu l'éloignes déjà en quête d'une table plus adaptée à nos retrouvailles interdites. Je te laisse un instant seule à tes préoccupations premières. Histoire de passer commande à mon tour. Histoire de reprendre le contrôle de ma soif insatiable de prendre ce qui n'est mien et clamer en mon nom ce qui jamais ne le sera. Je prendrai la même chose que toi. Un double qu'il me demande. Pourquoi pas. Je n'ai jamais été friande de ces boissons humaines. Au pire tu te chargeras assurément de la faire disparaître à la suite de ton propre breuvage. Pour ma part c'est purement une histoire d'esthétisme. Un seul verre pour s'immiscer entre nous, ce n'est tout simplement pas acceptable selon la bonne convenance. L'homme tarde une fraction de seconde à me servir. Je le vois dans son regard. Je le sens dans ses mouvements. Il aimerait me glisser un mot à ton encontre. Probablement une interrogation. Ou qui sait, peut-être rien de plus qu'une insignifiante constatation. Je l'observe sans un mot. Oserait-il vraiment aller jusqu'à outrepasser son rôle de simple bouc émissaire. J'avoue que son audace pourrait venir à me plaire. En tout cas il est clair qu'elle titille mon impatience pour laquelle il n'est en rien responsable. Combien de temps depuis notre dernier rencard petit sœur? Beaucoup trop ...
Preuve à l'appui. Cela fait bien une minute complète que tu t'es éloignée de moi. Je ressens déjà le manque. Je vies déjà l'appel. J'attrape ce verre qu'il me tend d'une main quelque peu tremblante et me détourne sans un dernier regard vers l'arrière. Toute mon attention t'est d'ores et déjà acquise. Mais je sais bien que tu n'en as jamais doutée.
Je prends un malin plaisir à faire perdure ce semblant de distance entre nous. Je m'approche bien trop lentement et si vite à la fois. L'espace d'un instant je sens un vertige s'éprendre de mes sens. Je me vois assaillie d'images d'une autre époque. Circonstances atténuantes pour une rencontre qui ne se voulait pas, encore, prohibée dans des temps anciens. Je sens un picotement non pas désagréable à même la paume de ma main droite. Humm comme tu m'inspires ce soir petite sœur. M'en voudrais-tu donc à ce point si tout venait à dégénérer avant l'heure? Bien sûr que oui. Vu le rôle que tu occupes désormais, tu ne peux pas te permettre te ternir l'image de ta royauté. Et dire qu'autrefois, c'est à moi qu'incombait le rôle du méchant.
C'est un sourire aux lèvres que je prends place en face de toi. Nous nous observons ainsi dans un silence loin d'être déplaisant. Entre nous, les mots ont toujours été superflus. Rien que notre présence mutuelle suffit à combler les lacunes d'une distance toujours trop importante. Serait-ce là uniquement l'aboutissement logique de notre lien amniotique? Je ne crois pas non ...
Je porte mon verre à mes lèvres tandis que tu lances les hostilités. Elles le sont. Tu connais fort bien mon ressenti par rapport à toute cette mascarade. Pour moi il n'y a jamais eu que Danu et Lizabeth. Nos nouveaux monarques ont beau se plier à la tradition, dans l'actualité des choses je me soumets à leur autorité uniquement par obligation. Il est bien trop tôt que pour leur accorder les acquis de la précédente royauté. Et cela sera encore fort longtemps pour mon humble part.
>> Non. Et non.
Je trempe à peine mes lèvres dans ce breuvage infect. Comment donc peux-tu avaler de telles inepties? Je n'en laisse rien transparaître. Tu sais bien que je tiens à merveille les apparences.
>> Je n'ai pas été blessée et j'ignore bien ce qu'il est advenu de la Cour Seelie.
Je devrais assurément peser mes mots. Refreiner mes envies de crier à voix haute nos appartenances respectives. Passer sous silence l'interdit que nous frôlons du bout de nos phalanges jointes. Mais tu sais bien que cela n'est ni dans mes habitudes et encore moins dans mes convictions. Je me moque bien des aléas de la Cour petite sœur, tu n'es sans l'ignorer. Mais comme je sais pertinemment que ce petit monde te tient tellement à cœur, pourquoi donc te priver d'en déblatérer?
Je dépose mon verre à proximité du tien et me penche légèrement vers l'avant. Sans jamais te quitter du regard, je viens attraper une de tes mains des miennes jointes. Le contact ainsi recréé n'est pourtant que factice vu que je porte toujours mes gants. Imagine un peu l'intensité si j'avais seulement pris le temps de les retirer.
>> Et toi, as-tu été blessée?
Ma consternation à ton égard est réelle sais-tu. C'est juste qu'elle ne l'est pas nécessairement pour les bonnes raisons. Vois-tu, Taranis, il m'est tout simplement impensable qu'une autre main que la mienne ait pu souiller ton si joli corps. Qu'une autre marque que celle apposée par ma colère aveugle ait pu venir entacher ta réputation millénaire. Si tel avait été le cas, pour autant que ce fait urluberlusque soit seulement possible, m'en toucherais-tu pour autant un mot? Tu es une des rares entités, si pas la seule, à me connaître aussi bien. Tu connais fort bien mon sens du partage et la définition assez particulière que je peux lui vouer. Dis-le moi petite sœur, crache le nom de celui ou celle qui a osé. Ou même celui imaginaire de quelqu'un qui aurait pu, mais jamais ne passera à l'attaque. Le simple fait d'envisager la potentielle possibilité de m'ôter ce droit d'appartenance unique sur ta chair ... Promis, plus jamais ces doigts brûlés ne te frôleront!
Je finis par te relâcher. Plus par obligation que par réelle envie. Je sens des failles, aussi minuscules soient-elles, s'immiscer outre les barrières de mon Glamour. Il faut que je me calme. Que je prenne sur moi. Il est bien trop encore que pour laisser libre court à mes pulsions les plus primaires dans un endroit aussi confiné. Laissons-en un peu pour plus tard, veux-tu.
>> M'aurais-tu donc uniquement convié pour me parler de ÇA?
A bas les préliminaires Taranis, je ne suis pas d'humeur à jouer sur la patience ce soir. Tu m'as bien trop manqué que pour permettre à cette étiquette de clamer son dû. Si tu insistes, je tairai le fait que tu as sauté les étapes à cette Cour qui t'est si précieuse. Maintenant cesse de ma faire languir ainsi. Tu connais fort bien les tenants et aboutissements du risque encouru si ce petit jeu perdure encore longtemps ... je te signale sa réciprocité indéniablement attirante. Toi aussi tu le sens ... non?
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Saíréann J. Mac Cárthaigh
Sujet: Re: Sister, sister O' so fair - Why is their blood all over your hair? [PV Taranis] Dim 12 Juin - 2:50
I love the way you lie
Il existait des êtres qui produisaient des choses étranges dans la moindre cellule de votre corps quand il vous touchait. On pense souvent au amant qui nous électrise d’un simple contact. Notre cœur se met à battre la chamade. Nous n’avons plus qu’une simple envie : être avec cette personne. La tenir dans nos bras. Respirer son parfum. Toucher et apprendre les moindres contours de sa silhouette. J’avais appris il y a maintenant bien longtemps que mes amants n’étaient pas les seuls à produire cet effet sur mon corps et ma psyché. Essus était un de ces être qui me donner envie de me presser contre elle jusqu’à fusionner… et puis nous nous rendions compte d’à quelle point nous étions différente et nous finissions par nous déchirer. Telle une vulgaire feuille de papier recyclée. Tel un fragile cœur d’humain. Oui. Être ensemble avait toujours rendu l’atmosphère électrique. Magnétique.
Longtemps, lors de l’âge de ténèbres des hommes, on doutait de la théorie du magnétisme et on ne pouvait concevoir les effets de ce phénomène invisible. On ne pouvait imaginer que la foudre pouvait émettre des rayonnements électromagnétiques, aujourd’hui reconnu et comprise par les mortelles qui s’en apercevait lors de la destruction de leurs appareilles électroniques. Je n’étais pas une élémentaire, mais ma main de pouvoir avait été ancrée dans mon ADN. Il arrivait qu’autrefois, lorsque j’étais encore Taranis le Grand, Zeus roi des dieux, Jupiter dieu des dieux, mon corps émettait des rayonnement électromagnétiques. Lorsqu’un corps reçoit ces rayonnements, il peut en absorbait une partie et en réfléchir le reste. L’énergie absorbée est alors convertie en énergie thermique. Cela pouvait perturber certaine personne, mais ça n’a jamais rien fait à la Sidhe qui se trouvait devant moi. Essus semblait avoir été immunisé contre ce phénomène lorsque nous partagions l’utérus exigüe de notre mère. En tout cas c’est ce que j’ai toujours pensé… Pire encore, j’avais parfois l’impression que c’était elle qui m’envoyait des slaves de rayonnement tant ma température corporelle avait tendance à augmenter en sa présence.
Elle me répondit négativement, trempa à peine ses lèvres dans le whiskey irlandais, puis précisa son propos. Disait-elle vrai ? Je ne savais jamais. Non. Je ne savais plus. Essus était multiface. Tantôt mon alliée. Tantôt mon ennemi. Tantôt mon alter ego. Tantôt un faux frère. Autrefois, nous avions été sur la même longueur. C’était les doux moments de l’enfance féerique. Malgré nos zygotes respectifs, nous étions de vraies jumelles ; toujours connecté par l’esprit, pas le sang, par le Glamour. Et puis un jour, je ne sais pourquoi, comme ça, sans crier gare, le lien se rompit. En fouillant profondément au fond de moi, je pouvais retrouver le fil. Fin comme de la soie de vers du murier. A se demander s’il n’allait pas se casser d’un instant à l’autre. Quand je touchais du bout de l’esprit, je le sentais aussi résistante que la soie sortie de l’abdomen d’une l’araignée. A peine visible, mais présente. Au contact, le glamour d’Essus m’explose au visage. Assez. Je n’ai plus l’habitude de toucher du doigt le lien gémellaire. Il est trop troublant. Toujours trop présent et angoissant. Peut-être que j’avais tenté de remplacer ce lien étrange par le lien ombilical plus commode, moins brut…
Le bruit que fit le verre quand il rencontra le bois de la table me sortit de mes pensées. Sa question me ramena définitivement sur terre.
« Légèrement. » répondis-je simplement. Je voulais simplement savoir si elle allait bien. Il valait maintenant mieux éviter les sujets qui fâchent. Je savais que j’allais perdre les pédales. Je n’avais jamais supporté le choix d’Essus. A croire qu’elle avait fait exprès de se mettre du côté de ténèbres afin de me mettre en colère. Juste le fait d’y pensée me mettait hors de moi. Je prenais mon verre à côté du sien et buvez une grande gorgée de mon breuvage. Au moins si ma température devait monter autant que se soit à cause de l’alcool et non du rayonnement glamouresque de ma jumelle. Je reposais le verre assez brutalement. Je n’avais jamais été d’une très grande délicatesse quand l’agacement commencer à pointer le bout de son nez. Je sens mon Glamour vacillé. L’air se remplie d’électricité. Je ferme un moment les yeux ; elle me déstabilise. Un nouveau fils de soie vient consolidé notre lien. Automatiquement, le lien semble se reconstruire quand nous nous trouvons dans la même pièce…
A son tour de poser les questions, d’ouvrir en quelque sorte les hostilités.
« N’ai-je plus le droit de demander comment tu vas ? Il me semble que des gens sont morts ce jour là. Contrairement à toi, ma sœur, je ne suis pas indifférente au sors des miens. Mais peut-être devrais-je apprendre à devenir insensible au tient. » Répliquais-je avec un certain ressentiment. Je n’ai jamais su pourquoi, mais j’ai toujours été ce genre de personne à exprimer tous ses sentiments fort par la colère et la rage. Lorsque j’ai peur j’explose. Lorsque je suis fatiguée, j’éclate. Lorsque je suis soumise à la chaleur et au Glamour d’Essus, je détone.
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Narcisse K. Ó'Maiolrain
Sujet: Re: Sister, sister O' so fair - Why is their blood all over your hair? [PV Taranis] Mer 15 Juin - 9:47
LÉGÈREMENT.
Le mot tombe. Il claque. Il frappe. Il gifle. Il griffe. Il hurle. Il m'entaille la paroi abdominale. Il m'arrache les tripes. Il fait saigner mon cœur. Je sens à peine les phalanges de ma main droite se resserrer autour de ce verre toujours captif de mes doigts. Pas plus que la fissure que j'y engendre de la part la plus simple des pressions effectuées. Je dois me faire violence pour contenir mon Glamour dans un espace aussi restreint. Dans une case aussi étroite. Est-ce que tu me cherches petite sœur? Oserais-tu seulement me mentir? Prêcher le faux pour arracher une vérité que toutes deux nous connaissons déjà? Si tu avais été blessée, je l'aurais su. Je l'aurais senti. Même au beau milieu de la nuit, même à mille lieux de cet épicentre que tu représentes à mon monde, même de l'autre bout de la terre ... non. Je ne peux tout simplement le concevoir. Est-ce là le parfum doux-amer de la provocation que je sens émaner de ton corps? Que je devine s'extirper du plus profond de ton être afin de venir titiller le mien?
Fourbe créature que tu fais Taranis, mais je ne cèderai point à une telle facilité. A une telle vulgarité. Tu tâtes le terrain. Tu as bien raison de le faire. Combien de temps depuis notre dernière union? Depuis notre dernière dispute? Depuis notre dernière guerre? Car il est bien là la seule réalité.
Depuis la chute de notre si glorieuse Cour, nous avons perdu le contact. Nous nous sommes éloignées. JE me suis éloignée. Je suis partie. Sans un regard vers l'arrière. Sans un regard pour toi. Je ne pouvais décemment pas badigeonner notre sacro-saint nom d'un tel déshonneur. Tu n'étais pas morte. Je le savais. Je l'ai toujours su. Sans quoi je n'aurais jamais réussi à me relever. Sans quoi jamais je ne me serais éloignée. Ton sang coule dans mes veines autant que dans ma bouche. Ta foudre me transperce tous les jours la main droite et vient lécher une plaire qui refuse de cicatriser. Dis-moi petite sœur, le sens-tu? Le vies-tu? Ce picotement délicieux au lever du soleil. Cette douleur intense et inévitable à son coucher. Le vois-tu aussi? Le rêves-tu aussi? Ce cauchemar récurrent lors duquel nos rôles sont échangés. Lors duquel c'est toi qui poignarde ma cage thoracique vide d'un cœur qui a cessé de battre. Lors duquel nous pleurons toutes deux des larmes de sang qui viennent colorer l'océan de notre rupture.
Je peine à relâcher ce verre toujours prisonnier de ma main gantée. Qu'adviendrait-il si seulement je me laissais aller? N'y aurait-il que cette infime - infâme - fissure pour témoigner de mon self-control? Ou la matière finirait-elle par se briser sous l'impact de son environnement hostile? Déversant ainsi de tout son long cet infect breuvage nécessaire à sceller un pacte auquel tu sais que nous n'arriverons aucunement à nous tenir? Dis-moi petite sœur, es-tu seulement prête à prendre le risque? A lancer les paris contre moi? A usurper mon identité pour mieux me repousser?
Je le vois dans la prunelle de tes yeux. Je le sens dans la fébrilité de tes mouvements. A ton tour de saisir ton verre. De le porter à la divine pulpe de tes lèvres ensorcelées. D'en avaler tout son contenu à travers une seule et unique gorgée. Provocation. Encore. Confirmation. Toujours. Tu ne changeras donc jamais. Parfait. C'est ainsi que je t'aime le plus.
Le retour est brutal. Bruyant. Des visages se tournent vers nous. Je n'en ai que faire. Mon attention est tienne et uniquement tienne. Avant. Après. Pendant. Ce soir. Demain. Et à jamais jusqu'à la nuit des temps. Elle est hypnotique. Immatérielle. Destructrice. Pourtant je m'en abreuve comme à la source de jouvence. Au plus tu m'offres, au plus je requière. Toi qui es si facile à provoquer. Toi qui accepte si souvent de me céder. L'air tout autour de nous se fait plus lourd. Se fait plus statique. Dans ma nuque, je sens l'effet de la physique quantique s'éprendre de mes sens. Je sens ton pouvoir s'immiscer à travers la carapace de mon Glamour. Ô il me serait bien aisé de le bloquer. De le refuser. Mais à quoi bon? Je suis tellement en manque que si tu n'avais pas accédé à mon caprice, j'aurais bien été obligée de me servir. Cette pensée m'arrache bien malgré toi un sourire amusé. Tu es tellement irritable. Tellement intraitable. Quelques mots à peine et te voilà déjà sur la défense. Ma chère sœur, comme il est bon de te retrouver. Comme il est douloureux ce manque que tu as réussi à créer.
Tes mots fusent en ma direction. Ils m'agressent de plein fouet. Tu me reproches une vérité pourtant nullement inconnue. Bien sûr que le sort d'autrui me plonge dans une indifférence totale. Bien sûr que le mort était veine et insignifiante. Danu n'a pas émergé de leur carcasse. Ne S'est pas extirpée de leurs entrailles. Dès lors, pourquoi pleurerais-je leur trépas vu que tu t'en es déjà occupée pour moi? Dis-moi Taranis, qu'est-ce qui te met le plus en rogne? Le fait que j'arrive à avancer? Ou, au contraire, celui que toi-même tu rechignes à me suivre? Reproche, certes. Mais est-ce par jalousie ou par convoitise? Es-tu outrée par ce comportement qui me caractérise depuis la nuit des temps? Ou uniquement par mon absence de soucis à ton égard? Ne t'inquiète donc pas. Il n'est pas encore né celui qui arrivera à te blesser.
>> Tu sais fort bien cela impossible.
Je relâche enfin mon verre. Vaille que vaille. Il reste entier. Du moins, pour l'instant. Je me rapproche de toi. J'accroche mes pupilles aux tiennes. Un fil invisible semble nous relier en tout temps. En tout instant. Si tu veux le rompre, tu sais pertinemment ce qu'il t'en coûtera.
>> Peu m'importe le sort du monde, tant que toi tu te portes bien.
J'ai envie de te toucher. De t'enlacer. De te sentir. De te convertir. D'un autre côté, j'ai besoin de cette dualité. De cette friction. De cette tension. Ensemble nous sommes capables de déplacer une montagne. Opposées nous avons tendance à l'éclater. Toi mieux que quiconque sait que le choix ne se pose même pas.
Une nouvelle fois, j'avance mes mains vers toi. Cette fois-ci je me saisis des deux. Ma droite sur ta gauche. Et vice versa. Je sers un peu, t'empêchant ainsi de me faucher compagnie. Non pas que la fuite soit de mise, mais ne sait-on jamais. Rien que pour me narguer, tu serais fort bien capable de me refuser ce que nous savons toutes deux pourtant rechercher. Je suis la première à céder. Je t'offre la victoire. Prends-là. Savoure-là. Je te dois bien ça.
>> Où?
J'aurais pu demander "qui", mais tu ne m'aurais jamais répondu. Il m'est impératif de savoir si ta blessure initiale a été entachée. Souillée. Blasphémée. Cette marque laissée par ma main sur ton si joli corps. Cette preuve ineffaçable de ce qui est, ce qui a été et à jamais sera. Tu n'as jamais daigné me la montrer. Pourtant je sais. Pourtant je sens. La paume de ma main vengeresse me brûle en cet instant bien précis. Elle m'arrache la peau et me broie les os. Elle s'agrippe à l'essence même de mon être, y plonge ses crocs et encourage sa gangrène. Je ne laisse rien transparaître sur mon visage. Ou si peu. Tu dois bien le deviner. Pourquoi chercherais-je seulement à te le cacher?
>> Montre-le moi.
Je sens bien malgré moi la tension remonter dans mes doigts. Je sers plus fort. A peine. Mais toi aussi tu as dû le sentir. Notre temps ensemble est compté petite sœur. Pourtant j'insiste. J'ai besoin de savoir. J'ai besoin de voir. Je ne peux te laisser partir ainsi. Car s'il faut, je te saignerai à nouveau. Tu as beau vouloir me fuir, jamais je ne te laisserai partir.
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Saíréann J. Mac Cárthaigh
Sujet: Re: Sister, sister O' so fair - Why is their blood all over your hair? [PV Taranis] Sam 6 Aoû - 20:37
I love the way you lie
À certains moments, il m’arrivait de penser qu’Essus était aussi colérique que moi. La différence entre nous deux tenait au fait qu’elles se contenaient. J’explosais avec plus ou moins d’intensité dès que quelque chose me contrariait. Parfois, la déflagration arrivait même sans crier gare. C’était le calme avant la tempête et puis là. D’un coup : l’ouragan. Telle une fanfare composée d’un millier de trompettes, de cors, de bassons, il rugissait. Un millier de tonnerres s’abattaient alors sur terre, la faisait trembler. Un mur se dressait tout autour de ma tête. Impénétrable. Inatteignable. Il empêchait la raison de s’infiltrer dans ce crâne de fey bilieuse. Une armée entière n’aurait pu me faire entendre raison. La seule personne capable de cet exploit était Essus. Étrange quand on connaît le personnage. Mais de nous deux, je devais bien l’avouer, elle était celle qui avait le plus les pieds sur terre. Alors, armer de son cynisme elle démontait le mur du courroux brique par brique. Elle ne hurlait pas. Non. Elle n’était pas du genre à pousser de grands cris. Ce genre d’explosion ne sortait jamais de son gosier de Sidhe. Et à l’intérieur ? Était-elle en train de me fustiger à l’instant même ? Que me dis-tu ma sœur ?
Cela fait un moment que je n’ai pas utilisé notre lien pour tenter de me connecter à sa conscience ni a son subconscient d’ailleurs. Je crois que je pourrais prendre peur. Que fait-elle dans les domaines ténébreux de la cour Unseelie ? Je chassais l’idée d’utiliser le lien gémellaire. Le fait qu’il soit réapparu me mettait déjà trop confortablement mal à l’aise. Je me concentrais sur autre chose. Je regardais sa main avec attention. Elle serrait. Encore. Il n’en fallait pas beaucoup plus pour qu’il finisse par craquer puis exploser sous sa poigne. Voilà la différence. La grande. Si c’était moi, le verre aurait déjà été réduit en bouillie. Il aurait fondu à cause de la chaleur foudroyante de ma main de pouvoir.
Un sourire vint se peindre sur ses lèvres. Ses commissures s’étirèrent pour former le masque de l’amusement. Ce que je venais de raconter la faisait donc tant rire ? Vraiment ? Et elle me répondit avec provocation. Je pouvais voir qu’elle était fière de sa réplique parce qu’elle avait raison. Ça… C’était un coup bas. Une de ces scélératesses dont elle avait le secret. Une rosserie qu’elle ne doit même plus voir comme telle. Le pire, elle utilisait ma faiblesse : mon inharmonieuse famille dont elle fait partie. Il n’y avait plus guère que Nuallan pour rattraper tous les débris de mon noble entourage. De tous les ingrats, je crois que ma jumelle est la reine.
J’avais besoin d’elle et elle le savait. Le jour de tempête, j’avais besoin de la jeter à l’eau pour qu’elle devienne l’ancre de mon bateau ivre. Mais je savais également naviguer lors des jours de tempête chère sœur, et lorsque l’on vogue vers d’autres horizons, l’ancre ne sert plus à rien… Et puis, un jour, l’ancre finit par rouiller. Elle devient obsolète. Polluante. Alors on la jette, mais pour de bon cette fois. Dans une décharge. Loin. Là où les exhalaisons fétides ne peuvent atteindre le délicat odorat de la lumineuse noblesse.
Elle tenta de se rattraper, mais j’étais déjà piquée dans mon orgueil. Vraiment ? Rien ne l’importe plus que de savoir que je vais bien ? C’est à mon tour de laisser paraître un sourire amusé. J’avais encore besoin d’un verre. Il en fallait bien trop pour saouler une fey et encore, si cela pouvait réellement arriver. Aengus n’aurait-il pas pu faire encore plus d’enfants à la main d’ivresse ? Cela nous aurait peut-être permis de ne pas nous entretuer… Le serveur finit alors par me voir et arriva avec son plateau.
« Un autre. Double. Irlandais. » Pas de politesse. De toute façon, je n’aimais pas ce bar. Il empestait. Je n’allais pas non plus faire comme si j’étais contente d’être ici. Quand mon bras retomba sur la table collante, Essus avança ses mains vers les miennes. Elle les saisit. Au contact, je lui envoyais une mini-décharge électrique. Un avertissement. Un signal pour dire que j’étais piquée à vif par son comportement. Je plongeais mon regard dans le sien. Son visage n’a jamais été le reflet du mien. Nous étions des jumelles, mais nous étions différentes sur bien des points.
Après sa fanfaronnade et finalement sa rémission, elle me questionna sur l’endroit du méfait qu’un autre qu’elle avait accompli. Ho ! C’était bien ce que j’avais cru comprendre. Je n’avais même pas besoin d’utiliser ce lien entre nos deux nombrils narcissiques pour toucher du doigt sa pensée. Je savais ce qui se cachait derrière ses grands yeux à dominante de bleu. Et comme pour me donner raison elle posa une nouvelle question. Un autre sourire amusé se dessina. Railleur.
« Te montrer quoi, Narcisse ? » J’articulais son prénom avec nonchalance, mais je savais que c’était un mot d’une lourdeur infini pour ses oreilles. Contrairement aux autres anciens Tutha, Essus n’aimait pas qu’on l’appelle par ce nom d’emprunt. Elle n’avait jamais eu honte de rien dans sa vie. Non. Je me trompais sur ce point. Elle avait eu honte de Clare. Tellement honte qu’elle l’avait forcé à fuir la Faërie… Trop de choses étaient en train d’exciter mes nerfs… Heureusement, le serveur revint et déposa mon verre et le déposa sur la table dans un grand bruit. Je m’en allais le saisir quand elle resserra encore un peu plus sa poigne sur mes mains. Je lui répondis alors à voix basse :
« Tu crois que je joue à un jeu ? Tu crois que j’ai envie de jouer comme quand nous étions enfants ? Que je suis là pour que tu puisses me voir m’agiter, me tortiller face à toi comme l’un de tes nombreux pantins ? Que veux-tu voir ? La blessure déjà guérie d’un Sluagh répugnant ou la répugnante cicatrice laisser par une sœur mystificatrice ? » dis-je pour une fois, avec un calme olympien.
Je récupérais mes mains qu’elles avaient emprisonnées dans les siennes d’un mouvement sec pour attraper le breuvage doré. J’en buvais une gorgée en regardant vers le plafond et en soupirant. Je laissais l'alcool bruler mes papilles, les réveiller, les exciter pendant quelques secondes avant de l'avaler. Avec une voix plus dure, je poursuivais.
« Il n’y a plus rien à montrer. C’est guéri. C’était une blessure légère, comme je te l’ai dit. »
Je reposais mon regard sur elle.
« Parlons d’autre chose. Je ne te vois plus assez, j’ai oublié qu’il ne fallait pas commencer par échanger des banalités et des politesses avec toi. »
Et là, maintenant, que faisons-nous Essus?
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Narcisse K. Ó'Maiolrain
Sujet: Re: Sister, sister O' so fair - Why is their blood all over your hair? [PV Taranis] Jeu 18 Aoû - 8:24
Ta petite décharge me chatouille encore les phalanges. L'électricité se répand à même mon épiderme. Il y répond de la manière la plus adéquate et à la fois la plus provocatrice. Tu veux me foudroyer petite sœur? Comme au beau vieux temps? Moi, les pieds nus plantés dans un sol jadis si fertile. Toi, les deux bras levés vers le ciel et un rire diabolique pour inviter les éléments à se joindre à nos petites folies nocturnes. Des nuages noirs et ténébreux. Un zigzag lumineux qui illumine la voûte céleste avant de la scinder en deux. Décharge. Impacte. BOOM.
Ah douce nostalgie quand tu nous tiens. Ce temps est désormais révolu. Bien malgré nos envies et nos lubies, il nous serait bien impossible de réitérer nos anciens exploits. Quoique ... peut-être bien que j'arriverai à t'arracher un plaisir coupable si seulement tu m'en laissais l'occasion. Tu réponds à la perfection à mon propre ersatz de rictus. Tes lèvres se tordent plus qu'elles ne se plissent. Je te cherche. Je te trouve. Trop. Facile. C'est aussi pour cela que je me permets de resserrer mon emprise sur tes mains emprisonnées. Tu ne sembles aucunement comprendre le sens véritable de ma question. Je devrais assurément m'en offusquer. Pourtant je n'ai nulle envie de céder à ton caprice. Si tu veux me faire sortir à mon tour de mes gonds, tu vas devoir faire un tantinet plus d'effort petite sœur. J'ai beau t'aimer de tout mon cœur, aussi petit et insignifiant soit-il; cela n'empêche en rien que la donne ne soit pas gratuite.
Ta réplique est digne de ta réputation. Frappante. Cinglante. Blessante. Malgré ma protestation muette, je sens bien l'expression de mon visage changé. Ton attaque n'était en aucun cas fourbe ma chère jumelle. Il n'est là que bassesse et facilité de la perche. Qu'à cela ne tienne. Je te l'ai tendue. Tu n'avais qu'à la saisir et la retourner à l'envoyeur. En plein dans mon œil droit. En plein dans mon cœur mort. Qu'est-ce que tu attends pour tourner la lame dans sa plaie? Vas-y, fais-toi plaisir. Chacune son tour de jouer. Bouge tes pions. Protège ton roi. Tu sais pourtant que la seule pièce qui m'intéresse vraiment est celle qui se trouve continuellement à sa gauche.
Le bruit des nouveaux verres sur la table. A aucun moment, pourtant, je ne déporte mon regard ailleurs que rivé sur le tien. Mes mains accrochent les tiennes. Mes prunelles en font de même. Oserais-tu me rabaisser à tel point que prôner ouvertement préférer l'attention d'autrui? Humain qui plus est? Je veux bien t'accorder le bénéfice d'une folie petite sœur, mais ne t'avise pas de pousser le bouchon trop loin. Une fois ça passe. Deux fois ça lasse. Trois fois ça casse. Et depuis le temps que ça n'a plus éclaté entre nos deux pôles opposés, toi mieux que quiconque devrait savoir ce qu'il peut en coûter. Tu sais fort bien que je me moque éperdument de l'étiquette non-sidhe. Qu'il est plus que concevable d'envisager un esclandre d'une violence sans pareille. Cet endroit n'a pas le moindre intérêt pour moi. La vie de cette bande de péquenauds d'autant moins. Dommages collatéraux. Pertes risibles. Toi par contre ... en tant que membre éminent du Sithin ... peux-tu seulement te permettre de porter un tel préjudice à ta Cour? Qu'on m'exile. Qu'on me bannisse. Qu'on me renie. Grand bien leur fasse. Un boulet en moins à trainer à la majestueuse cheville de notre nouvelle suzeraine. Moi toi donc, petite sœur, que feras-tu le jour où tu perdras ton grade? Lorsque tu te feras chasser de ton si joli palais? Lorsque le grand Dagda lui-même te foutra son royal pied à son si joli popotin?
Tu as beau me fusiller du regard. Me fustiger à voix basse. De nous deux, nous savons pertinemment qui est la plus tempétueuse. Tu ne peux t'empêcher de détourner mes propres. De mettre dans ma bouche des paroles que je n'ai jamais eues à ton égard. Tu as toujours entendu ce que tu avais bien voulu entendre. Tu aurais pourtant dû me laisser le bénéfice du doute et te contentant d'écouter.
Ta dernière phrase finit par m'achever. Je ne résiste même pas lorsque que tu mets un terme à notre si délicieux contact retrouvé. Certes, j'aurais peut-être dû retirer les gants. Mais après près de quatorze années de silence, aurais-tu seulement été capable de contenir le choc thermique?
Comme à mon habitude j'encaisse. J'avale. Je reste muette face à tes révélations. Tu as raison, cela ne me sert à rien de voir ce que je sais déjà. Cette cicatrice est tienne. Son souvenir est mien. Je rêve. Tu cauchemardes. Dis-moi petite sœur ... sans moi à tes côtés, serais-tu devenue la divinité que tu représentes aujourd'hui? Essus. Ezus. Zeus. Consciemment ou non, toi autant que moi savons pourquoi de tous c'est ce pseudonyme là que tu as fait graver dans les annales de l'histoire. Est-ce que tu m'en veux? De ne pas en avoir fait de même à ton égard? D'avoir préféré l'anonymat dans le Noir? D'être encore et toujours là où toi tu as décidé de ne plus me voir?
J'ignore si tes paroles se reportent à la première ou la dernière fois. C'est guéri? Vraiment? Tu ne ressens donc plus rien? Pas la moindre douleur? Même pas une vulgaire chatouille? Tu as laissé dans le passé ce qui lui appartient d'avaler? Il est vrai que de jumelles nous ne portons que le nom. Peut-être est-il temps que je me fasse à l'idée que nous n'avons jamais vraiment réussi à en adopter la même définition. A ton image, je me laisse retomber dans mon siège. Tu n'as qu'à prendre mon verre aussi. Tu sais bien que je ne bois pas. A moins que ça aussi tu l'aies oublié. Peu importe. Crache ton venin et mettons un terme à ces foutaises de préliminaires. Passons aux choses sérieuses. Cet endroit commence à m'oppresser. Une montagne aurait assurément été plus adaptée comme lieu de rencontre. Plus symbolique aussi. Tant pis, ce sera pour une prochaine fois.
Malgré toute cette hostilité électrifiante, je dois bien avouer que tu m'as terriblement manqué. Le sentiment ne serait-il pas réciproque? Grand bien te fasse. Cela facilitera d'autant plus la prochaine approche.
>> Ce n'est pas près de s'améliorer.
Nos rencontres deviendront de plus en plus éparpillées. Sporadiques. Fantomatiques. Nos camps sont trop opposés. Tout comme notre vision du monde. De l'avenir. Du passé. Va savoir. Il n'y a jamais que sur un champ de bataille que nous avons trouvé à nous accorder. Cet aveu coupable m'arrache un semblant de sourire. Juste ce qu'il faut pour détendre l'atmosphère. Du moins, un peu.
>> A quand la prochaine guerre petite sœur?
Ne nie pas l'évidence. Elle se trame. Elle se gorge. Elle pulse et elle expulse. Une armée invisible marche en cet instant bien précis en direction des portes de l'Enfer. Lorsque la main divine leur accordera enfin le droit de passage, de quel côté te situeras-tu? J'agrippe une nouvelle fois ton regard. Ma main droite, celle qui nous relie que tu le veilles ou non, vient machinalement se saisir du verre fissuré. Sans relâcher mon attention de la tienne, je le porte à mes lèvres qui ont en sainte horreur de ce liquide périmé. Je mime ton précédent mouvement et vide cul sec. Je le repose avec cette délicatesse que tu me connais trop bien. Il a beau être brisé, je ne lui ai pour autant pas donné l'autorisation de s'effondrer.
>> Non, ne réponds pas. Laissons un peu de suspense planer dans l'air.
Je ne voudrais assurément pas porter préjudice à ton titre en blasphémant les principes même de ses fondations. Déjà que tu outrepasses plusieurs lois en acceptant de partager ce moment interdit avec moi. Dois-je en être flattée? Mais je le suis ma chérie.
>> Sinon, les enfants ça survit va ?
Tu me cherches. Tu me trouves. Je n’ai pas besoin de te chercher. Je t’ai déjà trouvée.
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Saíréann J. Mac Cárthaigh
Sujet: Re: Sister, sister O' so fair - Why is their blood all over your hair? [PV Taranis] Dim 23 Oct - 21:06
I love the way you lie
Je laissais mon esprit vagabonder. Ailleurs. Loin d’ici. Beaucoup pense que je suis folle. Certains pensent que je suis tarée. Au fond, qu’est-ce que la folie ? Est-ce ce sentiment que je ressens envers ma propre jumelle ? Cette irrémédiable envie de lui sauter à la gorge pour l’étrangler… et tout à la fois baiser ses joues et son front jusqu’à se que mes lèvres soient meurtries ? Est-ce ressentir la plus pure des hostilités mélangées à l’amour le plus pur ? En réalité, c’était pour cette raison que je lâchais mon esprit dans le vide. C’était plus simple. Ces questions étaient trop compliquées. Je n’avais jamais réussi à y répondre. Je n’en avais pas plus envie ce soir alors que l’auteur de ces maux mentaux se trouvait justement en face de moi.
J’observais ses traits. Tellement pareille. Tellement différent. Tellement autre. Tellement semblable. Une petite voix dans ma tête – certainement la plus implacable des raisons - m’ordonnait de fuir ma jumelle.
Elle provoquait tant de ces sentiments négatifs… Tout mon esprit était mobilisé. Il analysait chaque trait de son visage afin de déceler sa prochaine fourberie. Ma raison me forcer à me méfier d’Essus… Cette jumelle trop présente dans ma vie alors que je n’avais qu’une seule envie : vivre par moi-même. Être Taranis seulement. Ne pas être défini par ma jumelle. Taranis et Essus. Essus et Taranis. Cet étrange pair bénit de Danu qui n’allait pas l’une sans l’autre. Quand nous étions enfants, dès qu’on apercevait ma chevelure dorée et argentée au détour d’un couloir on pouvait être sûr de voir apparaître peu après les cheveux blonds à la racine sanglante de ma sœur ainée. Et à chaque fois, que j’avais essayé de m’éloigner d’elle, il avait fallu qu’elle revienne … Où que j’y retourne. Soit parce que j’avais besoin d’une oreille, soit parce que j’avais besoin d’être consolée. Toujours une relation de besoin et de manque. Ceci n’était pas sain.
Elle provoquait également tant de sentiment positif. Mon cœur en entier bâtait la chamade. Il était en train d’essayer de défoncer ma poitrine pour aller retrouver celui d’Essus. Je m’étonnais encore de ressentir cet effet… Toutefois, je revenais toujours sur terre quand elle ouvrait la bouche qu’un jet d’acide passait ses lèvres. À croire que je n’avais jamais appris qu’il ne fallait pas jouer avec le feu. Mais vraiment… Quand est-ce que toute cette comédie nous était devenue nécessaire ? J’essayais de me rappeler le moment où communiquer nous était devenu difficile. Le moment précis où nous avions cessé de nous comprendre, de nous accepter avec toutes nos différences pour toujours finir par nous opposer. Quand je disais blanc, elle disait noir. Quand je disais noir, elle disait blanc. Quand je voulais aimer, elle voulait haïr. Quand je voulais haïr, elle aimait. Quand je voulais être seule, elle me poursuivait. Quand elle voulait être accompagnée, je la fuyais.
Un autre jet d’acide. Oui. Il semblait que ça ne s’améliorait pas. Cela semblait même empiré. Je préférais alors ne pas répondre.
Second jet d’acide. Il avait pour effet d’étirer mes lèvres dans un sourire ironique. Moi aussi je pouvais cracher des paroles corrosives. J’allais répondre, mais elle me fit taire. Je préparais déjà ma réplique. Elle sonnait en boucle dans ma tête : Je fais la guerre depuis que je suis en âge de porter une épée. Tu le sais mieux que personne. J’ai appris à tuer avant de perdre ma virginité. Où en tout cas, ce fut à la même époque. Je ne m’en souviens même plus… Il est possible que tu t’en souviennes plus que moi. Tu as toujours été plus au courant de mes affaires que moi-même…
Essus ne semblait pas comprendre. Plus elle attaquait, plus j’érigeais des remparts et plus il lui serait difficile de me voir. Plus il lui serait difficile de m’avoir. Et finalement le troisième jet d’acide. Elle cibla. Elle tira. Elle toucha. Encore une fois, elle atteignit mon point faible. Mon talon d’Achille. Ma famille. Mes enfants. Je savais qu’elle ne les aimait pas. Qu’elle les détestait même ! C’était assez.
Mon sourire s’étira de nouveau. Mais il n’y avait plus d’ironie. Il n’y avait plus de colère. Je posais mes mains à plat sur la table collante et me relevais.
« Mes enfants vont bien. Je te remercie. Je ne te demande pas de nouvelle de la tienne... »
Car de toute façon, tu n’en as rien à faire. Je me mis à fouiller mon sac à main et en sortis une bourse de velours argenté. J’y enfonçais ma main et saisissais un poignet de pièces d’or. Sans ménagement, je les lâchais sur la table. Elles firent un bruit du tonnerre. Certaines se mirent à rouler et se précipitèrent vers le sol.
« Si tu penses que je vais continuer à te servir de punching-ball pendant le reste de la soirée, tu te trompes. J’avais envie de te voir. J’étais inquiète. J’ai prié Danu pour qu’il ne te soit rien arrivé pendant le couronnement. Je savais que rien de bien grave ne t’avait touché. Après tout, notre Glamour nous est commun. Un seul et unique Glamour pour deux êtres que tout oppose… »
Je marquais une courte pause pour enfiler mon manteau. J’enserrai ma taille avec la large ceinture et soupirais.
« Les sentiments, et surtout l’amour, éclipsent la plus élémentaire des raisons. Quand je reste loin de toi trop longtemps, tu me manques. Tu me manques, car j’oublie à chaque fois à quel point tu me fais mal. J’oublie que tu ne peux pas aimer sans détruire. Avant tu avais de la chance. J’oubliais vite. Aujourd’hui, je ne peux plus oublier, car le mal que tu m’as fait et imprimé dans ma chair. »
Je fis un nœud avec la ceinture du manteau, ajustais mon sac sur mon épaule.
« Bonne soirée, ma sœur. J'aurai bien dit à mes enfants que leur tante les salue, mais nous savons tous les deux que se serait un mensonges. »
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Narcisse K. Ó'Maiolrain
Sujet: Re: Sister, sister O' so fair - Why is their blood all over your hair? [PV Taranis] Ven 28 Oct - 8:56
Je ne peux pas m'en empêcher petite sœur. C'est plus fort que moi. C'est viscéral. C'est pathologique. Il me faut impérativement te toucher là où ça fait le plus mal. Il me faut t'empoigner. Te poignarder. Tourner des lames chauffées à blanc dans des plaies qui peinent encore et toujours à cicatriser. J'aimerais te dire que j'en suis désolée, mais tu sais fort bien que notre nature profonde nous interdit le mensonge. Certes, cela ne m'a jamais empêché de détourner la vérité en toute habilité. Mais pas ce soir. Et certainement pas envers toi.
Je ne cherche pas ton pardon Taranis. Pas plus que tes foudres. Fait est d'admettre, que c'est beaucoup mieux ainsi. Nous nous sommes éloignées. Nous nous sommes perdues de vue. Nos chemins ont fini par diverger et nous n'avons rien fait pour les en empêcher. Enfin ... TU n'as rien fait pour l'éviter. Peu importe. Le cœur a ses raisons ... n'est-ce pas? Tu as probablement bien fait. Ta seule faiblesse aura été celle de revenir à chaque fois. De faire déshonneur à cette promesse muette de ne plus jamais céder à nos anciens démons. Divines et diaboliques créatures. Sournoises bestioles qui rôdent dans le Noir. Qui nous observent et nous reluquent depuis les Ténèbres. Tentation présente si pas omniprésente de rechuter. Doux appel à une damnation éternelle.
Rien qu'en cet instant bien précis nous évoluons dans le plus abouti des interdits. Nous vaguons dans le flou. Nous divaguons vers un avenir tellement incertain. Tu n'aurais pas dû m'inviter. Je n'aurais pas dû accepter. Tout ceci était voué à l'échec au moment même où la scène s'est érigée dans notre esprit. Nous ne sommes plus ce que nous avons été petite sœur. Quand bien même tu aspires à le retrouver, je ne peux décemment céder à cet abject caprice. Oh non pas que je ne trouve à apprécier l'offre, mais il est de mon devoir d'aînée de te repousser. De te chasser. Tu as prêté serment. Tu as choisi ta couleur. Le fait de se (re)trouver ensemble dans ce même endroit en toute connaissance de cause constitue un crime en soi. Une violation assumée de tes droits d'exercer. Tu as beau t'évertuer à me détester, nous savons toutes deux ce qu'il en est en vérité. Ce n'est pas que tu me veux à tes côtés mon amour, c'est que tu en as besoin. C'est que ton corps tout entier crie et hurle après mon sinistre abandon. C'est que ton esprit, en cet instant même, est en train de lutter pour ne pas céder. Pour ne pas m'agripper. M'étrangler. M'avaler. Symbiose parfaite d'une union qui n'aurait jamais dû se scinder. Je suis la première consciente du dilemme qui se trame en silence. Loin de l'absentéisme de tous nos autres sens.
Ce n'est pas que je ne crois pas en toi Taranis, c'est juste que la fatalité est telle que tu finiras irrévocablement par lui courber ton échine. Par te plier à son ultime volonté. Et c'est là que tu commenceras vraiment à me détester. Alors oui, ça fait mal tout ce que je t'envoie. Crois bien que moi aussi je souffre de t'imposer cela. De m'obliger encore et toujours à ouvrir et rouvrir des plaies du passé. A les recouvrir de sel marin. A les badigeonner d'un alcool tellement pur. Même si tu ne comprends pas, je t'assure qu'il en va de notre survie. Je n'aime pas t'imposer tout cela. Je ne prends aucun plaisir à te voir dans de tes états. Les sourires ne sont qu'apparences. Futilité factice tellement facile à mettre en œuvre. Un masque qui me sied tellement bien à la peau qu'on pourrait le croire naturel. Inné. Magnifique jeu d'acteur. Douloureuse réalité que celle de se faire à l'évidence qu'il s'agit là de bien plus qu'un vulgaire choix.
Ma dernière réplique touche dans le mille. Je vois ton visage se décomposer. Tes barrières se fissurer. Je te laisse te relever. Me fusiller du regard. Me cracher des mots que tu maîtrises à la perfection. Il conviendrait presque d'applaudir ta prestation. Pourtant il aurait été tellement plus facile si tu avais juste pu céder. Si tu t'étais contentée de t'adonner à la plus impitoyables des lubies. Un coup de foudre à travers la cheminée. Une boule de foudre pour m'éclater la trachée. Tu aurais vraiment dû me frapper Taranis ... cela aurait été tellement facilité ce que je m'apprête à faire. Mais tu as raison ... depuis quand sommes-nous capables de se contenter d'une médiocrité?
Le bruit de l'argent qui résonne sur le bois. TON argent. MON élément. Parfaite métaphore d'une réalité acquise. Tu grondes. J'encaisse. Tu me délaisses. Je ne tente pas de te rattraper. Colère face à indifférence. Outrance face à stoïcisme calculé. Il y a tant de choses que j'aurais aimé te dire. D'actes que j'aurais aimé poser. Pourtant je n'en fais rien. Je me contente de t'écouter. De te regarder. Si belle. Si intemporelle. Immortelle. J'aimerais tellement y croire.
Je t'exaspère toi. Tout ceci m'exaspère moi. Tu t'accordes le loisir d'un soupir. Je n'ai pas le droit de m'en attribuer un. Du moins, je me l'interdis. Je ne dois pas flancher. Je dois continuer. Persévérer. Tu dois me quitter Taranis. Et tu dois le faire ce soir. C'est la dernière fois que je serai capable de te tenir tête sans t'avouer l'étendue exacte de tous mes précédents péchés. Sans passer à la confession de ce que nul ne doit jamais apprendre. J'emporterai tous ces secrets malsains dans ma tombe. Grave dans tes souvenirs l'image que je te reflète ce soir petite sœur. Crois-moi, au final ce sera bien plus aisé pour toi de continuer à avancer.
Je me lève à mon tour. En silence. En douceur. La chaise déplace à peine l'air. Je me glisse dans mon manteau. Ne prends pas le soin de le fermer. Nous ne sommes pas sensibles à la température, ça aussi l'aurais-tu oublié? Toi tu as peut-être envie de passer inaperçu parmi la plèvre de l'humanité, mais moi je refuse de renier mes origines. De cacher mon ascendance première. Et si je dois me faire limoger pour cela ... qu'il en soit ainsi fait.
>> Tu as raison Sairéann, ne l'oublie pas.
Ce nom m'arrache la gorge. Fait saigner mes cordes vocales. Là encore je prends sur moi. J'avale. J'encaisse. Tu veux faire partie de leur monde? Très bien. Mais tu ne peux pas m'imposer d'en faire de même.
>> Grave cette rencontre à jamais dans ta mémoire. Pense-y à chaque fois qu'il te prendra la lubie de vouloir me retrouver.
Je contourne lentement la table et commence à m'approcher de toi. Nos regards accrochés l'un à l'autre comme s'il ne pouvait en être autrement. Ce lien indestructible que tu tentes si obstinément de couper ... je vais t'y aider.
>> Remémore-toi chacun des mots que j'ai prononcé. Chaque émotion que je t'ai fait ressentir. Chaque crevasse que je m’efforce à chaque fois de grignoter.
Malgré notre proximité retrouvée, je continue à avancer. Encore. Plus. Nos corps si proches l’un de l’autre. Presqu’autant que comme aux premiers jours de notre unique conception. Je te frôle. Je t’effleure. La seule matière qui arrive encore à se glisser entre nous se constitue d’air et de vide. Et pourtant, c’est encore trop à mon goût. Et peut-être bien autre nôtre commun. Ma silhouette finit par prendre halte. Par laisser à la tienne cette infime – infâme – barrière de sécurité. Il n’y a que mon visage qui continue sur la lancée. Ma tête se penche un peu. Comme pour mieux s’encastrer. Mes lèvres si proches des tiennes. Blasphème. Hérésie.
>> Clare va bien. Je te remercie de t'en soucier.
Et du bout de la pulpe des miennes, je viens caresser les tiennes. Baiser de Judas. Condamnation à mort. Un – vulgaire – instant seulement. Une petite éternité pourtant. Et déjà je me retire.
>> Adieu Taranis.
Mon âme-sœur. Mon unique Grand Amour.
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Sister, sister O' so fair - Why is their blood all over your hair? [PV Taranis]